Yacouba Sawadogo, le visionnaire qui a fait renaître la nature s’est éteint
Dans le silence de la nature, Yacouba Sawadogo, décédé à l’âge de 77 ans, laisse derrière lui un héritage remarquable. Surnommé « l’homme qui a arrêté le désert », il a consacré sa vie à restaurer la terre aride de sa région natale, défiant la désertification avec une perspicacité exceptionnelle.
Au cœur du Burkina Faso, Yacouba Sawadogo a émergé comme un défenseur acharné de l’environnement. Reconnu à l’échelle mondiale, il a marqué l’histoire en recréant une forêt dans les années 1980 pour contrer l’avancée implacable du désert. Lauréat du prestigieux « Right Livelihood Award » en 2018 et du prix « Champions de la Terre » du Programme de l’ONU pour l’Environnement en 2020, Sawadogo était bien plus qu’un homme de la terre.
Silencieux mais connecté à la nature, ce paysan devenu commerçant a révolutionné les méthodes de culture en réintroduisant une technique ancestrale oubliée, le Zaï. Creusant des fosses profondes, ajoutant des pierres pour retenir l’eau, et s’entourant de termites, il a métamorphosé des terres jadis stériles en un écosystème florissant.
Malgré le scepticisme initial de sa communauté, Yacouba Sawadogo a persévéré, méritant ainsi son titre d' »homme qui a arrêté le désert ». Sa forêt, devenue un micro-climat, a ramené la vie dans une région touchée par la famine et la désertification. Fruits, légumes, céréales, arbres, animaux et même abeilles ont retrouvé leur place, incitant le gouvernement à protéger ce trésor naturel.
Son savoir, Yacouba Sawadogo l’a partagé inlassablement, diffusant sa sagesse à travers le Burkina Faso et au-delà, jusqu’au Kenya. En langue mooré, son nom résonne comme « faiseur de nuages », une métaphore appropriée pour celui qui a préservé l’eau dans une époque où elle devient une denrée rare.
Ainsi, Yacouba Sawadogo restera dans nos mémoires comme un gardien de la nature, un artisan de la vie, et un véritable faiseur de miracles.
Issa Kone
Mots-clefs : Burkina Faso, nature, ONU, Yacouba Sawadogo