Rubiales, le président qui embrasse mal : retour sur le scandale qui ébranle le football espagnol
Le 20 août 2023, l’équipe féminine d’Espagne remporte la Coupe du monde de football en battant les États-Unis en finale à Sydney. Mais la joie des joueuses est ternie par un geste qui va provoquer un tollé : le président de la Fédération espagnole de football (RFEF), Luis Rubiales, embrasse de force sur la bouche la star de la Roja, Jenni Hermoso, lors de la remise des médailles.
L’image fait le tour du monde et suscite l’indignation, tant dans les médias que sur les réseaux sociaux. De nombreuses personnalités politiques, sportives et culturelles dénoncent une agression sexuelle et demandent la démission de Rubiales, qui dirige la RFEF depuis 2018.
Mais le patron du foot espagnol refuse de quitter son poste et se défend en affirmant qu’il s’agissait d’un “petit bisou” sans conséquence. Il accuse ses détracteurs de faire preuve d’un “faux féminisme” et se présente comme un défenseur des droits des femmes. Il affirme avoir le soutien de Jenni Hermoso, qui n’a pas porté plainte contre lui.
Le 25 août, le secrétaire d’État espagnol aux Sports, Victor Francos, qualifie l’affaire du baiser forcé de “#MeToo du football espagnol” et annonce que le gouvernement va entamer des poursuites contre Rubiales devant le Tribunal administratif des Sports (TAD). Il estime que Rubiales a violé la dignité de la joueuse et qu’il doit être sanctionné.
Le lendemain, la justice espagnole ouvre une enquête pour “agression sexuelle présumée” à l’encontre de Rubiales, suite à une plainte déposée par une association féministe. Le parquet demande au juge d’interroger Rubiales et Jenni Hermoso, ainsi que les témoins présents lors des faits.
Le 28 août, Luis Enrique, le sélectionneur de l’équipe masculine d’Espagne, prend la parole pour la première fois sur le scandale. Il loue le “travail exceptionnel” de Rubiales à la tête de la RFEF, mais évite de se prononcer sur le baiser forcé. Il affirme respecter la présomption d’innocence et attendre les conclusions de la justice.
Le 30 août, Jenni Hermoso sort du silence et publie un communiqué sur son compte Twitter. Elle reconnaît avoir été surprise et mal à l’aise par le geste de Rubiales, mais assure qu’elle ne se sent pas victime d’une agression sexuelle. Elle dit avoir accepté les excuses du président de la RFEF et vouloir tourner la page. Elle demande aux médias et à l’opinion publique de respecter sa décision et sa vie privée.
Le communiqué de Jenni Hermoso met-il fin à la polémique ? Pas sûr. Certains observateurs estiment que la joueuse a subi des pressions pour minimiser les faits et protéger Rubiales. D’autres soulignent que son consentement n’est pas pertinent pour qualifier juridiquement le geste du président de la RFEF. L’enquête judiciaire se poursuit et pourrait aboutir à un procès. Le scandale du baiser forcé n’a peut-être pas fini de faire parler de lui.
Alexandre Martin
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