Suivez Nous

Le manioc, une culture stratégique pour la Côte d’Ivoire

Innocent KONAN | | Société

Le manioc est une plante tropicale cultivée pour ses racines riches en amidon, qui sont consommées sous diverses formes dans de nombreux pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. En Côte d’Ivoire, le manioc est la deuxième culture vivrière après le riz, et occupe une place importante dans l’alimentation et l’économie des populations.

Selon les données de la FAO, la Côte d’Ivoire a produit environ 5,6 millions de tonnes de manioc en 2020, ce qui la place au troisième rang des pays africains producteurs de manioc, derrière le Nigeria et la République démocratique du Congo. Le manioc y est principalement cultivé par les petits paysans, qui le consomment frais ou transformé en produits dérivés tels que l’attiéké (semoule de manioc fermentée), le placali (pâte de manioc cuite), le gari (farine de manioc grillée) ou le tapioca (amidon extrait du manioc).

Le manioc présente plusieurs avantages pour les agriculteurs ivoiriens : il s’adapte à des sols pauvres et à des conditions climatiques variées, il résiste à la sécheresse et aux maladies, il offre un rendement élevé par hectare et il peut être récolté tout au long de l’année. Le manioc constitue ainsi une culture « sécurisante » qui assure une source de revenus et de nourriture aux ménages ruraux.

Le manioc représente également une opportunité pour le développement de l’agro-industrie en Côte d’Ivoire. Le pays dispose en effet d’un potentiel important pour transformer le manioc en produits à plus forte valeur ajoutée, destinés aux marchés locaux ou à l’exportation. Le manioc peut servir à fabriquer des aliments pour le bétail, des alcools, des agrocarburants ou encore des farines composées.

La transformation du manioc implique généralement des acteurs informels, notamment des femmes qui assurent la production artisanale d’attiéké ou de gari. Ces activités génèrent des emplois et des revenus pour les femmes rurales, mais elles sont confrontées à plusieurs contraintes : un approvisionnement irrégulier en matière première, un faible niveau d’équipement et de standardisation, une concurrence accrue sur les marchés urbains ou encore un accès limité au financement.

Pour renforcer la compétitivité et la durabilité de la filière manioc en Côte d’Ivoire, il est nécessaire de mettre en place des mesures visant à améliorer la qualité et la productivité du secteur agricole, à favoriser l’accès aux technologies et aux services financiers pour les transformateurs informels, à développer les infrastructures et les réseaux logistiques pour faciliter l’écoulement des produits vers les marchés cibles ou encore à promouvoir la consommation locale des produits dérivés du manioc.

Le développement du secteur du manioc pourrait ainsi contribuer à réduire la pauvreté rurale, à créer des emplois décents pour les jeunes et les femmes, à diversifier l’économie nationale et à renforcer la sécurité alimentaire en Côte d’Ivoire.

Innocent KONAN

Mots-clefs : , , , , , , , ,

Laisser un commentaire