COTE D’IVOIRE /SECTEUR DU CACAO : 14 ANS APRÈS, SAF CACAO, LE 4ÈME EXPORTATEUR DU PAYS SOMBRE DANS LE CHAOS.
Saf Cacao, le 4ème exportateur du cacao ivoirien est liquidé après des déboires financiers. Le repreneur Prime Group espère le substituer. Cependant les conséquences économiques et le scepticisme des banques quant au financement de la prochaine campagne suscitent des interrogations.
Fondée en 2004, la société Amer et frères (Saf Cacao) est le fruit du label de trois entrepreneurs Ivoiro-libanais : Ali Lakiss, Adnan Amer et Ahmed Amer. Après quelques années, l’entreprise accède au prestigieux cercle des multinationales du cacao et devient le quatrième exportateur derrière Barry callebaut, Olam et Cargill. La côte d’Ivoire, premier pays producteur mondial de cacao, subsiste grâce aux entreprises dont Saf Cacao pour asseoir son hégémonie économique.
Malheureusement, la faillite de Transmar aux usa et des défauts de contrats sur deux campagnes successives auront raison du souffle de vie de Saf Cacao. En clair, l’entreprise est acculée par une dette estimée à 150 milliards de francs, ce qui a conduit le liquidateur, Alain Guillemain à lancer des appels d’offres pour les actifs de la société. Un focus sur le testament de la défunte entreprise permet d’égrener une somme de 80 milliards de francs, un entrepôt d’une capacité de 100.000 mètres carrés, une usine de café et de cacao et un autre broyage de fèves de cacao.
Face à cette péripétie, un certain nombre de questions titillent la conscience collective, à savoir : qui est le repreneur de Saf Cacao ? Et quelles seront les conséquences économiques de ce virement inattendu ?
Le cabinet FIDECA, chargé de la liquidation de Saf Cacao, a reçu deux offres, l’une d’Idex, société proche des anciens dirigeants. Et l’autre de prime group, un mystérieux fonds d’investissement à capitaux Marocains basé à Hong Kong. Après un duel entre les deux prétendants, Prime Group devient le repreneur, la transaction finale d’environ 40 milliards de francs devrait être soldée avant le vendredi 19 Octobre 2018.
Par ailleurs, très peu d’informations circulent sur la nouvelle société, officiellement elle a des filiales dans de nombreux pays tels que la Malaisie, le Sénégal, la côte d’Ivoire…
En ce qui concerne les conséquences économiques, dores et déjà, l’incubation d’une période de « vache maigre » prévaut dans le cosmos du cacao. En effet, les nombreuses banques qui ont octroyé des dettes à Saf Cacao souffrent d’un marasme économique, cela dit le financement des prochaines campagnes suscite des interrogations. Ainsi le scepticisme des banques pourrait porter un coup fatal à l’économie ivoirienne, pourtant classée meilleure élève de l’UEMOA et troisième de la CEDEAO derrière le Nigeria et le Ghana. Sans oublier, l’avenir incertain des 3000 licenciés de Saf Cacao qui se dessine à l’horizon, un pesant d’or qui viendrait alourdir la balance du chômage.
Eu égard des représailles économiques, la côte d’Ivoire doit, dans l’avenir ennoblir son leadership, en transformant la quasi-totalité de ses productions avant de les exporter. Une telle initiative pourrait protéger notre économie des aléas du marché. Sans tomber le projet des consciences, une véritable volonté politique ne serait-elle pas un rempart contre les déboires du secteur cacaoyer ?
DJIBO B. AMADOU