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Côte d’Ivoire : Komé Bakary et Traoré Gnoumivié désormais sous surveillance

Lucie Assi | | Société
Desormais Sous Surveillance

Interdits de quitter le territoire et placés sous étroite surveillance, Komé Bakary et Traoré Gnoumivié cristallisent une affaire foncière aux ramifications explosives. Au cœur des accusations : des titres de propriété frauduleux, une fausse procuration et des centaines de lots disputés. La Direction de la Surveillance du Territoire (DST) monte au créneau pour éviter toute fuite ou manipulation, alors que le secteur immobilier ivoirien retient son souffle.

« Une interdiction de sortie pour éviter l’évasion » : la DST durcit le ton

« Tous les postes frontières sont en alerte », annonce un document officiel de la DST daté de ce mois et signé par le Commissaire divisionnaire Lassine Sanogo. Objectif : bloquer toute tentative de fuite de Komé Bakary et Traoré Gnoumivié, soupçonnés d’avoir orchestré un vaste réseau d’appropriation illégale de terrains. L’affaire a éclaté en mai dernier autour d’un litige à Bessikoi, un lotissement de Cocody, où Bakary est accusé d’avoir utilisé une procuration falsifiée pour s’emparer de parcelles.

Les enquêtes révèlent un schéma troublant : près de 272 lots situés dans cette commune stratégique auraient été frauduleusement détenus par Bakary pendant huit ans, selon les registres fonciers. « La procuration en question n’existe pas officiellement », a tranché la Présidente du Tribunal de Première Instance du Plateau, après vérification. Un magistrat, dont la signature figurait sur le document, a également nié toute implication : « Ce n’est pas moi qui ai authentifié ce papier ».

2. Fraude foncière en Côte d’Ivoire : un frein au développement économique ?

Derrière cette affaire se cachent des familles en colère, dépossédées de ce qu’elles considèrent comme leur patrimoine ancestral. « Ces terrains appartiennent à nos aïeux depuis des générations », martèle un habitant de Djorogobité, village voisin de Bessikoi. Les tensions locales illustrent un problème plus large : en Côte d’Ivoire, 20 % des litiges juridiques concernent des conflits fonciers, selon un rapport de la Banque mondiale de 2022.

Si la DST agit pour « rétablir l’ordre et la justice », selon ses termes, le chemin reste semé d’embûches. Le député-maire et journaliste Assalé Tiémoko, qui a mené une partie des investigations, souligne : « Cette affaire n’est que la partie émergée de l’iceberg. D’autres dossiers similaires dorment dans les tribunaux ».

Les autorités espèrent cependant que ce coup de projecteur servira de catalyseur pour assainir un secteur clé de l’économie, alors que le pays ambitionne d’attirer davantage d’investissements étrangers.

Les prochaines semaines s’annoncent décisives, avec des auditions judiciaires prévues en octobre. Reste à savoir si d’autres noms émergeront de cette enquête, qui pourrait redéfinir les règles de gestion foncière en Côte d’Ivoire.

Lucie Assi

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