SALIF KEITA « Prions pour l’Afrique »
En 1968 à Bamako, capitale du Mali, un jeune albinos de dix-neuf ans rompt avec les traditions de sa noble famille et devient chanteur professionnel. Pauvre, malgré son statut social, rebelle et affligé d’une mauvaise vue, il choisit la musique pour éviter la délinquance. L’ex-chanteur du groupe légendaire du début des années 70, le « Rail Band de Bamako » S’ouvre à 100pour100culture.com.
Parlez-nous de l’album « Sosie » sorti dans les années 96 où vous avez interprété de façon
personnelle quelques chansons écrites par des
artistes français célèbres et talentueux comme Bernard Lavilliers et Serges Gainsbourg, pour ne citer que ces deux. Comment êtes-vous arrivé à là et pourquoi l’album s’intitule-t-il « Sosie »?
« Sosie » parce que ce n’était pas de moi.
J’ai chanté leurs chansons. Je suis rentré dans leurs peaux pour faire ce que j’ai fait. C’est cela « Sosie », c’est une copie de soi,
c’est aussi une autre facette de Salif Keita.
L’album s’est-il bien vendu ?
Bien sûr qu’il s’est bien vendu. Retenons que l’album n’a pas été promotionné par la maison de disque, puisqu’elle a refusé de le sortir. Mais moi, j’ai décidé de le faire et il s’est bien vendu.
Vous faites partie des chanteurs africains les plus « vénérés », donc l’une des voix d’Afrique les mieux écoutées à travers le monde. Comment se porte notre continent, selon vous ?
Je dirais que ça va sur le plan musical. Et puis les artistes africains, heureusement, travaillent beaucoup. Ce qui a permis à l’Afrique de se faire connaître de façon positive dans le monde.
Sur le plan musical, d’accord! Mais que pensez-vous de ce qui se passe en Afrique du sud, au Rwanda, au Congo, et plus récemment en Côte d’Ivoire ?
Cela me peine et m’étonne que cela arrive à des peuples intelligents. Écoutez, cette instabilité m’étonne autant que vous puisqu’elle concerne des peuples qui se sont toujours aimés jusqu’à ce que cela se dégénère.
Mais n’est-ce pas là juste un passage à vide ?
Vous me posez là question ?
Oui !
Non, franchement ! (un peu énervé) cela est arrivé aux africains parce qu’ils sont manipulés.
Manipulés par qui ?
Ah ! (il garde le silence)
Ok ! Où vivez-vous en ce moment ?
Je vis entre la France et l’Afrique. En été, je suis en France et en hiver, je retourne en Afrique.
Vous-êtes père de combien d’enfants ?
Ah ! (étonné) pourquoi me demandez-vous cela ? Je suis père d’une grande famille. J’ai beaucoup d’enfants.
Votre mot de la fin ?
Merci à vous et surtout prions pour l’Afrique.