LUCKY DUBE FIN TRAGIQUE D’UNE LEGENDE DU REGGAE
Un crime crapuleux, un acte ignoble, il n’est aucun vocable adapté pour qualifier cet acte qui a ôté la vie à cette légende mondiale du Reggae… à ce chanteur d’espoir qui fut dansé tout un peuple. Lucky Dube star incontestable et un des dignes héritiers de Bob Marley a été froidement assassiné par des malfaiteurs qui tentaient de lui voler sa voiture dans la nuit du Jeudi 18 Octobre dans la ville de Johannesburg . Un crime commis devant ses enfants âgés de 15 et 16 ans qu’il conduisait chez un oncle dans la banlieue sud.
Un évènement qui, bien au-delà de l’Afrique du Sud son pays d’origine, plonge toute l’Afrique et le monde du reggae dans une profonde douleur qui éternellement laissera des traces.
Lucky Dube, chanteur de rythme à la barbe et à la moustache broussailleuses, arborant des dreadlocks, l’archétype même du rasta mais qui probablement se différenciait de certains selon ses dires par sa non consommation de drogue ni d’alcool.
Lauréat de plusieurs prix, Dube a enregistré 21 albums dont des titres tels que « prisoner », « Together as one » « slave », ou encore « i’ve got you babe » ont connu des succès incommensurables.. Sur scène, il a joué avec plusieurs stars dont Céline Dion, Sting ou encore Peter Gabriel.
Saluant un artiste « exceptionnel et réputé dans le monde entier » Le président Sud Africain THABO MBEKI a tenu à rendre un hommage fort à sa famille avant de s’envoler pour la France où il a assisté à la finale de la coupe du monde de Rugby…qui, comme pour redonner le sourire aux Sud Africains après cette triste disparition, s’est soldée par une victoire face aux Anglais. Bien qu’heureux, le sacre des Springboks ne suffira point à atténuer le deuil et l’angoisse des Sud-Africains car cette mort brutale, et ‘ tellement inutile» selon un commentateur local, de Lucky Dube souligne une fois de plus que face à la violence quotidienne, la vie des Sud-Africains se joue chaque jour à la roulette russe.
«As-tu jamais songé que tu pouvais quitter ta maison et rentrer chez toi dans un cercueil ?», chantait-il en 2001, dénonçant la hausse de la criminalité. Sans savoir qu’il allait lui-même être l’une des victimes de ce fléau quelques années plus tard.
« Nous devons pleurer la mort d’un Sud-Africain exceptionnel et nous engager à tous agir ensemble pour combattre le fléau de la criminalité, qui a emporté tellement de vies, et continue de le faire chaque jour », a-affirmé avec émotion le président Thabo Mbeki .
L’INTINERAIRE D’UNE LEGENDE
Né d’une famille pauvre et abandonné par un père alcoolique, Lucky découvre son talent pour la musique à la chorale de l’école et commence intimement sa carrière en 1979 en sortant un disque de « Mbaqanga » une musique zouloue traditionnelle.
C’est dans les années 80, inspiré par des chanteurs tel que Peter Tosh pour qui il vouait une admiration particulière, que Lucky Dube se lance dans le reggae. Un genre musical qui n’avait encore aucune audience confidentielle dans un pays alors déchiré par l’Apartheid. Convaincu que des messages politiques et sociaux véhiculés dans une telle musique portera, Lucky décide de sortir son premier disque reggae « rasta never die » qui connaîtra un succès mitigé. Toujours plein d’espoir, lucky Dube continuera dans cette lancée en sortant quelques années plus tard « Think about the children ». Un album qui le mettra sur l’orbite de la reconnaissance nationale puis internationale.
Commence alors pour ce jeune prodige une carrière soulignée de gloire dont les succès se succèderont sans jamais s’arrêter et dont les tournées en Afrique, en Europe et en Amérique ne se compteront plus. Le « reggaeman zoulou » a conquis le monde et a su mettre des millions de fans à ses pieds.
En 2006, lors de la sortie de son dernier album « Respect », Lucky Dube avait déclaré être « fier des progrès effectués par l’Afrique du Sud » depuis la chute de l’apartheid en 1994. Une fierté qui s’étourdira un an après dans un meurtre ignoble, un acte qui l’arrachera au monde des vivants à seulement 43 ans. « Reggae is strong » avait-il chanté, comme pour montrer l’immortalité d’une musique qu’il s’est forcé à défendre durant toute sa carrière. De sa voix mélodieuse unique, il a redonné souffle et espoir à une culture noire tout en faisant danser un peuple encore souffrant du régime apartheid. « Remember me » tel un testament, laissera la Star à jamais marquée dans les mémoires.