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Herbert Léonard, l’éternel troubadour du plaisir, s’est éteint à 80 ans

Alexandre Martin | | Musique
Herbert Leonard

La voix chaude des années 1980 s’est tue. Herbert Léonard, interprète mythique de Pour le plaisir et Puissance et gloire, s’est éteint dimanche 2 mars à l’hôpital de Fontainebleau, emporté par un cancer du poumon. Son épouse, Cléo Léonard, a confirmé la nouvelle, clôturant le parcours d’un artiste qui a marqué l’âge d’or de la chanson populaire. Retour sur une carrière en dents de scie, portée par des tubes intemporels et une résilience à toute épreuve.

Une voix, deux hymnes : le souffle d’une époque
Printemps 1981 : Pour le plaisir envahit les ondes. Ce titre optimiste, teinté de mélancolie amoureuse, devient l’hymne d’une génération. Derrière ce succès fulgurant, une équipe de choc : Vline Buggy, auteure des tubes de Claude François, Claude Carmone aux textes, et Julien Lepers à la composition. « Prendre la vie du bon côté », chantait Herbert Léonard avec une chaleur qui lui valut une place au panthéon des variétés.

Quatre ans plus tard, Puissance et gloire résonne dans les salons français, générique du feuilleton Châteauvallon. Les vers de Buggy (« Puissance et gloire / Dans l’eau trouble d’un regard ») épousent la musique cinématographique de Vladimir Cosma, offrant à Léonard un second souffle. Pourtant, l’artiste n’était pas un novice : sa carrière, débutée dans les bals strasbourgeois à 16 ans, avait déjà connu des hauts et des bas. Des adaptations de rock américain dans les années 1960 à l’accident de voiture qui faillit l’emporter en 1970, le chanteur a toujours su renaître.

Renaissances et passions secrètes : l’homme derrière le micro
Herbert Léonard, né Hubert Loenhard en 1945 dans une famille modeste de Strasbourg, racontait avec fierté ses origines : « Mon père était éboueur et ma mère était “femme au foyer” ». Malgré un accident de cyclomoteur qui brisa ses rêves d’études techniques, il trouve refuge dans la musique. Après des années à animer les bals avec Les Lionceaux, il signe Quelque chose tient mon cœur (1968), adaptation du tube de Gene Pitney, qui le propulse sur le devant de la scène.

Mais Herbert Léonard n’est pas que musique. Passionné d’aéronautique, il se mue en rédacteur spécialisé, publiant des ouvrages sur les avions de guerre allemands et soviétiques. Un univers parallèle où il cultive sa rigueur, loin des projecteurs.

Malgré les épreuves – un coma en 2017 après une embolie pulmonaire, le Covid-19, une infection en 2023 –, il garde l’espoir. Sur son site, il confiait en juillet 2023 : « Mi-octobre, tout devrait aller mieux et je pourrai reprendre “la vraie vie… normale”. »

La « normale » ? Pour cet éternel rêveur, c’était sans doute de retrouver la scène, lui dont la voix continue de résonner dans les playlists nostalgiques.

Alexandre Martin

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