Amadou Bagayoko, l’âme musicale d’un duo malien légendaire, s’est éteint

Amadou Bagayoko, figure emblématique du duo Amadou & Mariam, s’est éteint ce 4 avril à Bamako à l’âge de 70 ans. Atteint d’une maladie depuis plusieurs mois, l’artiste malien, mari et partenaire musical de Mariam Doumbia depuis plus de quatre décennies, a marqué l’histoire de la musique africaine et mondiale. De « Dimanche à Bamako » produit par Manu Chao à leurs collaborations planétaires, leur héritage vibre bien au-delà des frontières.
Une ascension musicale née dans l’obscurité
Né en 1954 à Bamako, Amadou Bagayoko perd la vue durant son adolescence à cause d’une cataracte congénitale. Loin de freiner sa passion, ce handicap nourrit sa détermination. À l’Institut des jeunes aveugles de Bamako, il rencontre Mariam Doumbia en 1975. Leur amour et leur complicité artistique donnent naissance à un duo unique, mêlant blues, rock et traditions maliennes. « Il écoutait Jimi Hendrix, John Lee Hooker, mais aussi les rythmes cubains… C’était un mélange explosif », rappelle un proche.
Leur carrière décolle en 1982 lorsqu’ils remportent le concours Découvertes de RFI. Mais c’est en 2004, avec Dimanche à Bamako, produit par Manu Chao, qu’ils conquièrent le monde. « Un coup de foudre artistique », confiera le musicien espagnol, bouleversé par la nouvelle de sa mort : « On sera toujours ensemble… Avec toi partout où tu iras », a-t-il écrit sur X. L’album, auréolé d’une Victoire de la Musique, propulse le couple sur les plus grandes scènes, des Transmusicales de Rennes aux festivals internationaux.
Ambassadeurs d’une Afrique lumineuse et résiliente
Avec des albums comme Welcome to Mali (2008) ou Folila (2012), Amadou & Mariam transcendent les genres. Leur musique, métissage audacieux de sonorités africaines, pop et électro, séduit Damon Albarn, Santigold ou encore Tiken Jah Fakoly. Leur scène devient un plaidoyer pour l’unité : « La musique est un langage universel. Elle brise les murs », clamait Amadou lors d’un concert à New York.
Leur engagement dépasse la musique. En 2010, ils illuminent la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde en Afrique du Sud. En 2024, leur interprétation de Je suis venu te dire que je m’en vais de Gainsbourg, lors des Jeux paralympiques de Paris, résonne aujourd’hui comme un adieu poignant. « Il ressentait une fatigue importante… Son départ a été subit », confie leur manager Yannick Tardy à l’AFP.
Le ministre malien de la Culture salue « un trésor national », tandis que des milliers de fans rendent hommage à cet artiste qui, malgré l’obscurité, a illuminé le monde. Son dernier album, La Vie est belle, clôt en symbole une carrière où la cécité n’a jamais éclipsé la lumière de leur talent.
Alexandre Martin
Mots-clefs : Amadou & Mariam, Décès, Dimanche à Bamako, héritage musical, Jeux paralympiques, Mali, Manu Chao, musique africaine