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« La lecture élève, elle instruit » : Rencontre avec l’écrivain Moussa Anzan Akora

Raymond Alex Loukou | | Litterature

Professeur d’anglais et écrivain ivoirien, Moussa Anzan Akora se distingue par ses œuvres littéraires marquées par une réflexion profonde sur les enjeux sociaux. Dans cette interview, il partage sa vision de la littérature, ses motivations et ses conseils pour les jeunes générations.

Présentez-vous à nos lecteurs.

« Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme ce sera moi. Moi seul. Je sens mon cœur et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j’ai vus ; j’ose croire n’être fait comme aucun de ceux qui existent. » Dixit Jean-Jacques Rousseau in Les Confessions. M’inscrivant dans la même dynamique, je dirai qu’il n’est pas aisé de parler de soi. Je vais néanmoins essayer d’être le plus circonspect possible.

À l’état civil, je réponds au nom de Moussa Anzan Akora. Je suis professeur d’anglais à l’École Militaire Préparatoire Technique de Bingerville. Je revendique le titre glorieux d’écrivain et je totalise trois œuvres littéraires à ce jour : Demain, entre leurs mains chez Edilivre, Le destin de Klokan (Les Éditions du Net, 2021) et le dernier, La nécropole de Gouabo.

Qu’est-ce qui a motivé la rédaction de cette œuvre ?

Je dirai que plusieurs choses ont motivé ce livre, mais je vais vous en révéler quelques-unes. La première, c’est que dans nos sociétés négro-africaines d’après les indépendances, on aime bien le culte de la personnalité. Voyez-vous, quand quelqu’un accède à un poste de responsabilité, on assiste à une foire. Lorsqu’on bâtit un édifice, on veut forcément que cela porte notre nom. Il s’agit, en outre, de montrer qu’on peut rester dans le cœur des gens en travaillant pour leur bien-être.

Pourquoi avoir choisi le récit comme genre littéraire ?

Pourquoi ai-je choisi le récit comme genre littéraire ? En fait, le choix du récit s’est imposé en raison d’un certain nombre de réalités. D’abord à cause de sa brièveté et ensuite eu égard à son caractère rétrospectif. Par ailleurs, comme vous le savez sans doute, nous sommes à une époque où les gens sont occupés par d’autres distractions. Si l’on veut être lu, on doit être le plus bref possible. Car plus le texte est long, moins il intéresse.

Dépeindre les travers de la société, est-ce ce qui sous-tend votre démarche littéraire ?

La peinture des travers de la société est-elle ce qui sous-tend notre démarche ? Vous m’amenez à réfléchir sur le rôle de l’écrivain. En tant que membre du corps social, l’écrivain a le devoir de s’intéresser à ce que vivent ses concitoyens. Quant à votre question, je puis dire que notre démarche consiste à contribuer à la formation du citoyen tant moralement, intellectuellement que socialement. Cela ne peut se faire sans mettre en exergue les travers de la société.

Dans « La Nécropole de Gouabo », vous dépeignez un personnage cynique. Est-il à l’image des politiciens ivoiriens ?

Dans La Nécropole de Gouabo, nous dépeignons un personnage cynique. Vous nous demandez s’il est à l’image des politiciens ivoiriens ? Je rappelle que l’œuvre est une fiction. Le personnage en question, Kouagni Gblè, est à l’image de tous les politiciens qui ne vivent et n’agissent que pour leur propre gloire et intérêts. Alors que le mandat qui leur confère tant de légitimité et d’arrogance, ils le doivent au peuple qu’ils malmènent à leur guise.

Dans « Le permis d’Adamo », vous sensibilisez à l’éducation routière. Pensez-vous que la plume de l’écrivain peut contribuer à éradiquer le phénomène ?

Est-ce que nous pensons que l’écrivain, par ses écrits, peut contribuer à éradiquer le phénomène de l’incivisme au volant ? Comme nous l’avons dit dans une réponse à une de vos préoccupations un peu plus haut, en tant qu’écrivain, notre rôle est de contribuer à la construction d’une société épanouie. En ce qui concerne l’éducation routière, l’écrivain a un rôle à jouer en sa qualité d’éveilleur de conscience. C’est d’ailleurs pour cette raison que le sujet a été abordé dans Le permis d’Adamo. Les chiffres que communique l’organe en charge de la sécurité routière, c’est-à-dire l’OSER, nous incitent à ne pas rester indifférents.

À travers « La lettre du Prytanée », vous mettez l’accent sur la qualité de la formation à l’école des enfants de troupe. Est-ce un modèle qui doit être dupliqué partout ?

Dans La lettre du Prytanée, nous mettons l’accent sur la qualité de la formation. Est-ce que nous pensons que le modèle devrait être dupliqué partout ? Nous répondons par l’affirmative. Il n’y a qu’à observer le nombre d’enfants qui se bousculent chaque année pour y accéder. Si le modèle est dupliqué, on offrira plus de chances à plus d’enfants de bénéficier de cette qualité de formation qui y est dispensée.

À travers « Rêve de mendiant », vous mettez en garde contre les jeunes étudiants abonnés à la paresse. Quels conseils justement vous pouvez leur prodiguer pour s’en sortir ?

Quels conseils pouvons-nous donner aux jeunes étudiants abonnés à la paresse à travers Rêve de mendiant ? Vous me soumettez à un exercice bien délicat, celui de prodiguer des conseils aux jeunes étudiants abonnés à la paresse. Je voudrais leur dire que l’on devient ce que l’on veut être. Je voudrais également les exhorter à se former parce que le marché de l’emploi est très concurrentiel de nos jours. Plus leur formation sera solide, moins ils auront des difficultés à s’insérer. En d’autres termes, je les encourage à compléter leur formation en lisant. Car la lecture élève, elle instruit.

En parcourant votre œuvre, on se rend compte que les personnages sont des antihéros. Pourquoi ce choix ?

Pourquoi le choix de personnages qui apparaissent comme des antihéros ? Le message que nous voulions passer nécessitait que l’on prenne des personnages moins manichéens. En fait, nous voulions des personnages ancrés dans la réalité à laquelle il est plus facile de s’identifier.

Face à internet, pensez-vous que le livre a encore de beaux jours devant lui ?

Avec l’avènement du numérique, le livre a-t-il encore de beaux jours devant lui ? Très bonne question. De mon point de vue, cela est plutôt un atout vu que tout le monde est connecté aujourd’hui. On connaît aussi la force des réseaux sociaux. Pour que l’avènement de l’internet ne soit pas un frein, il faut inculquer le goût de la lecture aux enfants dès le bas âge, de sorte qu’ils grandissent avec cette habitude.

Votre mot de fin.

Mon mot de fin, c’est d’abord des remerciements pour cette opportunité que vous m’avez accordée de m’exprimer. J’espère avoir été à la hauteur de vos attentes. N’hésitez pas à me contacter si vous avez besoin de plus d’informations.

Raymond Alex Loukou

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