L’Autobiographie
Du point de vue étymologique, L’AUTOBIOGRAPHIE signifie le fait d’écrire sur sa propre vie. La définition la plus répandue est celle de PHILIPPE LE JEUNE tiré de son essai LE PACTE AUTOBIOGRAPHIQUE (seuil, 1975). Cet auteur définit l’autobiographie comme un« récit rétrospectif en prose qu’une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu’elle fait de sa propre vie individuelle, en particulier sur l’histoire de sa personnalité ».
Certes, dans l’ensemble les autobiographies sont en prose mais il existe quelques autobiographies en vers dont CHENE ET CHIEN de QUENEAU et QUELQUE CHOSE NOIR de ROUBAUD. L’auteur de l’autobiographie par un pacte implicite avec le lecteur s’engage à être sincère et attend que ce dernier lui fasse confiance. De ce fait, l’auteur doit se livrer tel qu’il est avec ses qualités et ses défauts au risque de se ridiculiser.
Dans un livre autobiographique le récit est à la première personne. La même personne campe les rôles du personnage, du narrateur et de l’auteur. Le texte autobiographique se veut une réflexion sur le « moi », il narre la genèse d’une individualité.
Les autres déclinaisons de l’autobiographie sont le JOURNAL INTIME et LES MEMOIRES. Le Journal intime est un texte rédigé de façon journalière présentant des réflexions et les états d’âme de l’auteur par rapport aux faits qui rythment son quotidien. Il est daté et concerne une période donnée. En tant que pratique littéraire, il est destiné à être publié.
Quant aux Mémoires (nom au masculin pluriel avec une majuscule) ce sont des ouvrages littéraires se présentant sous la forme du récit de la vie de l’auteur en rapport étroit d’une séquence historique importante. C’est souvent un recueil de souvenirs portant sur des événements historiques.
L’autobiographe en publiant veut laisser à la postérité un témoignage. Son livre est par conséquent un acte de résistance contre l’oubli. Il est généralement dans la situation d’une personne qui éprouve le besoin de se décharger, de se délester d’un poids, ou de se confesser en vue de se soulager. L’autobiographie peut répondre à un désir de s’expliquer, de se justifier. C’est bien ce que fait ROUSSEAU dans LES CONFESSIONS. L’autobiographie peut être également un moyen puissant pour défendre une idée et donc transmettre un message. L’exemple le plus connu dans cette veine est LES MOTS de JEAN PAUL SARTRE.
En Afrique, les œuvres autobiographiques les plus célèbres sont L’ENFANT NOIR de LAYE CAMARA, CLIMBIE de DADIE, L’AVENTURE AMBIGUE de CHEICK HAMIDOU KANE. Toutes ces œuvres sont en réalité des romans à relents autobiographiques dont le but est de témoigner des événements d’une époque. A travers le parcours du personnage-narrateur, l’auteur porte un regard sur les grandes questions de son époque, de son milieu. CHEIK HAMIDOU KANE particulièrement avait besoin d’écrire L’AVENTURE AMBIGUE pour sortir d’une impasse ou du moins des interrogations qui l’assaillaient dans sa trajectoire de croyant et d’intellectuel africain. WEREWERE LIKING en écrivant MEMOIRE AMPUTEE répondait à un besoin de se remémorer son passé en vue de mieux se connaitre et se faire reconnaitre par le public.
L’autobiographie est un genre littéraire très peu pratiqué dans le paysage littéraire ivoirien. Certes il y a le roman autobiographique CLIMBIE de BERNARD DADIE. Mais en plus, nous pouvons citer TEL QUE JE SUIS DE CHARLES NOKAN, NGUESSANS BARTHELEMY RACONTE BARTHELEMY KOTCH de BARTHELEMY KOTCHI,, LA MEMOIRE AMPUTEE de WEREWERE LIKING.
Il est clair que dans un pays riche en cerveaux comme la CI, il serait fructueux que les grands intellectuels, nos grands maîtres, produisent des autobiographiques en vue d’offrir leur vie comme des sources où la jeune génération viendra s’abreuver. C’est ce qu’a fait et bien fait le Professeur SERY BAILLY avec son livre SUR LES TRACES DE MON PERE.
Vivement que nous soyons entendus ! Je vous remercie !
MACAIRE ETTY