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L’ingénieure ivoirienne Charlette N’Guessan, pionnière de la reconnaissance faciale en Afrique

Arsene DOUBLE | | Innovation
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Charlette N’Guessan, pionnière de la reconnaissance faciale en Afrique

Âgée de 27 ans, Charlette N’Guessan, jeune Ivoirienne basée au Ghana, fait figure de pionnière de la reconnaissance faciale en Afrique. Elle a remporté, en septembre dernier, le prix de l’Académie royale d’ingénierie d’Afrique, une prestigieuse institution britannique qui distingue chaque année une innovation sur le continent.

 

L’Ivoirienne Charlette N’Guessan est une entrepreneuse et ingénieure informatique de taille. Le domaine dont cette jeune Ivoirienne basée au Ghana s’est fait une spécialité est un champ à la fois inexploré et redouté en Afrique : la reconnaissance faciale.

La frilosité que cette technologie suscite ne vient pas de nulle part : les algorithmes déjà existants, y compris les meilleurs, sont moins performants pour identifier les individus de couleur, comme l’ont révélé des tests effectués aux Etats-Unis, qui ont mis en évidence un taux d’erreur cinq à dix fois supérieur pour ces populations.

C’est en partie pour corriger ces biais, selon Le Monde, que Charlette N’Guessan s’est associée, en 2018, à trois autres ingénieurs informatiques rencontrés à l’incubateur Meltwater Entrepreneurial School of Technology (MEST) d’Accra, au Ghana, où elle suivait une formation en codage et entrepreneuriat. La start-up qu’ils ont fondée a mis au point son propre logiciel, Bace API. Pour s’assurer qu’il soit performant avec les peaux sombres et puisse d’adapter au marché local, l’équipe s’est appuyée sur un ensemble de données très diversifiées, comprenant un échantillon important de visages d’Afrique subsaharienne. « Au début, on s’est même entraînés sur les autres membres de l’incubateur », se souvient Charlette en riant.

Le développement de cette solution entend répondre à des enjeux très concrets. En 2017, les cybercrimes ont coûté 3,5 milliards de dollars (environ 2,9 milliards d’euros à l’époque) aux économies africaines, selon la société de conseil Serianu, basée au Kenya. « La cybersécurité est une problématique partout en Afrique et encore plus dans le secteur financier, car dans nos pays on est passé directement du cash au numérique », résume l’entrepreneuse.

D’après les recherches des quatre associés, les institutions financières ghanéennes sont ainsi confrontées à un problème massif de vols d’identité leur faisant perdre plusieurs centaines de millions de dollars par an. Bace API propose aux banques et fintechs un système permettant de vérifier l’identité des clients à distance grâce à des photos « live » (en mouvement) pour s’assurer que la personne est réelle et non un robot.

Cette réalisation a valu à Charlette N’Guessan, 27 ans, de remporter en septembre le prix de l’Académie royale d’ingénierie d’Afrique, une prestigieuse institution britannique qui distingue chaque année une innovation sur le continent. Ce trophée, utile pour la notoriété et les finances de la start-up (elle inclut une dotation de 25 000 livres sterling, soit environ 27 700 euros), vient récompenser le parcours sans faute de cette tête bien faite.

Née à Abidjan, Charlette – « avec un e, pas un o », prend-elle soin de préciser au média français Le Monde– a grandi dans le quartier populaire de Yopougon, auprès d’un père professeur de mathématiques et de cinq sœurs toutes prénommées… Charlette ! « Mais nous avons chacune reçu un deuxième prénom », indique-t-elle sans chercher à en dire plus sur cette curieuse homonymie.

Le plus important se trouve sans doute ailleurs. « J’ai toujours été encouragée à suivre ma voie et à rêver de grandes choses. Sans doute parce que nous n’étions que des filles à la maison, mon père ne voyait pas pourquoi nous aurions des projets de carrière moins intéressants que les garçons », raconte-t-elle. Après des études en électronique et réseaux informatiques et des stages dans des entreprises du Plateau, le quartier des affaires d’Abidjan, Charlette N’Guessan est finalement sélectionnée pour suivre une formation au sein de l’incubateur MEST. Une pépinière réputée sur le continent et qu’elle est l’une des rares francophones à intégrer.

Arsène DOUBLE

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