Chronique d’un mariage pas comme les autres : Firmin et Katarina.
Quel est, à votre avis, chers lecteurs, le plus bel événement qui se puisse célébrer dans une église ? D’aucuns diraient un mariage. D’autres allégueront un baptême. Les deux camps ont raison. L’église Högalid, la seule de Stockholm surmontées de deux tours, a célébré ces deux événements le même jour et ce, dans une même famille.
Nous étions venus un peu en avance, comme si nous nous étions tous entendus pour arriver ce faire. Peut-être voulions-nous, sinon d’anticiper, du moins, ne pas rater une seconde de cet événement à nul autre pareil. Ce n’est pas tous les jours qu’une église célèbre l’union de deux cultures aussi éloignées une de l’autre que le sont l’Afrique et l’Europe.
Combien au fait étions-nous, nous autres les invités ? Peut-être 49, comme le total des pays européens, ou probablement 54, autant que l’ensemble des pays africains. En tout cas, ce qui était sûr est que nous venions d’horizons et de cultures différentes, aux couleurs de peaux toutes aussi différentes. Pendant que nous attendions l’arrivée des futurs mariés, sous un soleil timide, nous faisions connaissance, prenions quelques photos, et conversions de tout et de rien.
Et qui en étaient les heureux protagonistes de ce 14 juin ? Vous l’avez deviné : Firmin, oui Firmin Koto et Katarina Sahlin…Et pour parfaire la triade, Noah, leur jeune fils, se proposant pour le baptême.
15. 45.
Il y a cinq minutes que nous avons pris place dans la chapelle St Ansgar. A 15.45 précises, les futurs mariés font leur entrée. En premier lieu Katarina, la promise, habillée à l’africaine portant une coiffure métisse, c’est-à-dire, mi- tresses, mi européenne. Elle est belle telle une princesse, avec son sourire radieux et heureux au bras du plus fier des pères, en l’occurrence, Papa Sahlin. Suit Firmin tenant le bras de la tendre maman Koto: il est beau, grave et digne comme un chef de village dans son costume de marié.
La cérémonie commence avec la Marche triomphale de Aida. La pasteure, une jeune femme blonde, nous souhaite la bienvenue. Le moment tant attendu approche. La pasteure pose la question que nous savons tous par cœur, à quelques variantes près, à savoir si i Firmin accepte de prendre pour épouse Katarina.
Avant qu’il n’ait eu le temps de répondre, il se passe un incident que seule les africains et quelques initiés ont compris. Un groupe de quatre amis le tirent vers eux, essaient de le dissuader de prendre Katarina. Les conseils des faux amis dure seulement une minute, mais une minute interminable. Peut-être seuls les africains ont compris que cet intervention est une tradition africaine pendant les mariage. Le plus important est de savoir de quel côté va se pencher le futur époux. Firmin préfère écouter sa voix intérieure. Il regarde en direction de la femme qu’il a choisie, s’écarte de ses faux amis, et répond à la question posée: «oui». Oui, il accepte de prendre pour épouse Katarina. Finalement ! Les rires joyeux éclatent; les non connaisseurs de cette drôle de tradition a deviné qu’un tel incident n’était qu’une simulation.
C’est au tour de Katarina, que le sourire n’a pas quittée depuis lors de répondre à la question critique. Son « Oui » tonitruant et joyeux ravit l’assistance. Et les photos fusent. La larme d’émotion qui a saisi maman Koto se transforme en larme de joie.
Firmin, Katarina et…Noah !
C’est le tour du bébé de se faire baptiser. Il est beau comme l’Innocence même. Il se laisse porter de main familiale en main étrangère. De main étrangère en main de la pasteure sans problème. Et quand celle-ci le baptise, il s’y prête volontiers comme s’il connaissait déjà les bien faits de l’eau bénite.
Ce n’est pas par hasard si le deuxième nom de Noah est « Soleil » en dialecte paternel. Il porte bien son nom. Nous, de l’assistance, confirmons le bonheur sans pareil de cette triade familiale. La cérémonie est terminée et avec elle la fin de la première étape car la deuxième étape est le repas au restaurant du Musée ethnographique. Nous sortons de la chapelle.
17Heures.
Nous sommes dehors. Le soleil est juste ce qu’il faut pour faire des photos réussies des nouveaux mariés, de l’enfant baptisé, avec la famille et des amis que nous sommes. Ce mariage veut conserver sa note particulière jusqu’au bout. La preuve en est le véhicule qui va emmener les nouveaux mariés au restaurant. C’est un véhicule «environnemental», en ce sens qu’il est conçu pour contribuer à la lutte contre la pollution. C’est peut-être un prototype. A nos yeux, il est unique.
Nous laissons Firmin et Katarina au sourire indétrônable monter dans ce véhicule futuriste et prenons ensuite place dans le bus privé qui est mis à notre disposition. La voiture des mariés devant, et notre bus suivant, nous quittons les hauteurs de Högalidskyrkan à Södermalm, traversons Gamla stan, Östermalm, tous des quartiers chics de Stockholm, pour arriver à Djurgården, parc non moins chic de la ville, où se trouve le musée Ethnographique, notre destination finale : c’est dans ce musée que se trouve le restaurant « Babajan ».
Ai-je dit que pendant tout notre trajet, des marées humaines déferlaient dans les rues, notamment sur les quais du Skeppsbron et de Strandvägen ? Et que d’aucuns applaudissaient, d’autres criaient des « Félicitations », d’autres encore venaient saluer les nouveaux mariés dans leur étrange véhicule roulant à la vitesse intentionnelle d’un escargot ?
17h 45.
Nous descendons du bus. Nous sommes accueillis par le maître d’hôtel qui nous fait servir une boisson exotique de bienvenue dans des flûtes de Champagne. Le temps de boire, de relier encore conversation, de ranger nos manteaux, de disposer nos cadeaux sur une table, cela a pris une bonne demi-heure.
18h.45.
Nous sommes conduits dans la salle de restaurant le Babajan à la droite de laquelle se trouve une scène avec des instruments de musique. A gauche, un immense buffet aux mets multiculturels. En deuxième plan sont disposées les longues tables nappées. Nous n’avons aucun mal à trouver nos places, car nos noms y sont marqués. Le repas ? Un festin ! Un buffet – festin où l’on pouvait se servir à foison ; mais aussi, un festin de différents témoignages sur les jeunes mariés que nous avons dégustés de tous nos sens. D’abord, celui de papa Sahlin, cet homme à la taille impressionnante qui nous a dévoilé avec un humour irrésistible le trait de caractère de l’enfant et la jeune fille qu’était Katarina : anticonformiste avant la lettre, et n’ayant pas peur de l’inconnu. Un autre témoignage compliment vient de sa sœur aînée se demandant si Kattis avec ses expériences tirées de ses voyages, n’est pas la véritable aînée. Et le «petit grand frère» (tellement il est grand), devenu adulte, qui avoue, ému et fier que Kattis, cette pianiste ayant joué à Skansen, a toujours été son modèle.
Et la sœur aînée de Firmin, une belle et douce femme venue de Paris avec son époux, a composé et chanté une chanson pour son jeune frère. C’était beau à pleurer de joie.
Et ce n’était pas tout. La musique. Peut-on faire la fête sans la musique ? Impensable. Aussi, déjà pendant l’apéritif, sur la scène est apparue une danseuse du ventre qui nous a littéralement charmée, à sa façon bien artistique de se mouvoir. Après le repas le groupe de musiciens congolais a joué en dansant ses plus beaux airs. Cette musique bien de là-bas, je veux dire d’Afrique a déraciné toutes nos inhibitions. Nos avons dansé jusqu’à point d’heure. Telle s’est terminée l’inoubliable fête de ce jour. Mais pas pour les mariés.
La Lune de miel a suivi, qui a eu lieu dans un charmant village quelque part dans la région du Jämtland, dans la propriété des grands-parents de Katarina. Firmin avoue y avoir cultivé une passion : celle de la pêche.
Le voici revenus à Stockholm à temps pour le nouveau 100pour100culture avant que’ il ne se languisse de son rédacteur en chef préféré.
Bienvenus et encore nos sincères félicitations à Firmin et Katarina !