Le secteur minier malien vient de connaître un tournant majeur. L’État du Mali et le groupe canadien Barrick Gold ont conclu un accord global mettant fin au séquestre de 3 tonnes d’or, une cargaison évaluée à près de 240 milliards de FCFA (environ 400 millions de dollars).
Cet accord stratégique permet à Barrick Gold de récupérer l’or extrait du complexe minier de Loulo-Gounkoto, après le paiement intégral de ses obligations fiscales envers l’État malien. En contrepartie, la justice malienne a procédé à la levée des poursuites engagées contre les dirigeants de la compagnie, ouvrant ainsi la voie à une normalisation des relations entre les deux parties.
Au-delà de son importance financière, ce règlement marque surtout la mise en œuvre concrète du nouveau Code minier malien. Ce cadre juridique révisé autorise désormais l’État à détenir jusqu’à 35 % de participation dans les projets miniers, renforçant ainsi le contrôle national sur l’exploitation des ressources naturelles.
Cette évolution vise un double objectif : sécuriser les intérêts économiques du Mali tout en rassurant les investisseurs internationaux sur la stabilité et la prévisibilité du cadre réglementaire. En stabilisant ses relations avec l’un des plus grands producteurs d’or au monde, le Mali confirme son rôle central dans l’industrie aurifère en Afrique de l’Ouest.
La question clé demeure toutefois l’utilisation de ces revenus miniers accrus. Pour transformer cette richesse en développement durable, les autorités devront définir des priorités claires : éducation, santé ou infrastructures, autant de secteurs stratégiques capables d’amplifier l’impact de la rente minière sur la population.
Ce compromis avec Barrick Gold peut-il être considéré comme une victoire pour la souveraineté économique du Mali ? L’avenir dépendra surtout de la capacité de l’État à traduire ces avancées juridiques et financières en progrès concrets pour le pays.
Firmin Koto