IZABELLA MAYA (HUMORISTE) : « Notre continent est riche en culture, en connaissances, en nature…. Il est important d’apprendre à l’aimer et le valoriser sans honte… »
Actrice, humoriste, professeur de théâtre et de cinéma en Europe et en Afrique, lzabella Maya possède plusieurs cordes à son arc. Passionnée de comédie, elle remporte son premier prix en 2016, celui de la meilleure actrice de la diaspora. Maya joue à Paris et Avignon son premier seule-en-scène, Origine non contrôlée. Votre magazine préféré 100pour100culture est allé à la rencontre de cette actrice pétrie de talent alors qu’elle se prépare à célébrer les 30 ans de carrière de Michel Gohou le 20 novembre prochain aux Folies Bergère.
Notre Magazine vous découvre lors d’une rencontre relative aux préparatifs des 30 ans de carrière du célèbre humoriste et acteur Michel Gohou. Un évènement auquel vous participez en Guest-star le 20 novembre prochain aux Folies Bergère à Paris. Quel sentiment vous anime d’être
présente pour la fête à Gohou, ce géant de l’humour africain ?
C’est une fierté pour moi de partager cette scène mythique avec une personne mythique.
Je suis sincèrement honorée et j’espère que vous avez préparé vos mâchoires et vos mouchoirs hein. Car on vous prépare un show inédit !
Selon vous, qu’est-ce qui a motivé le choix de BOSSE PLUS, l’organisateur du show sur votre personne parmi les artistes qui participent à cette célébration ?
Je ne sais pas du tout. Je ne manquerai pas de leur poser la question, tiens. Plus sérieusement, ils me suivent sur les réseaux sociaux et savent ce que je fais. Ils m’ont également vu jouer à « Bonjour Paris 2022 » qu’ils avaient organisé à Paris. Gohou tenait aussi à ce que je sois là pour me faire connaitre encore davantage du public africain et surtout ivoirien.
Considérez-vous cette occasion comme une aubaine pour vous rapprocher du public africain qui ne vous connaît pas assez même si vous tournez assez bien en Europe ?
J’ai déjà eu deux fois l’occasion de jouer dans de belles salles à Abidjan, une fois lors du
MASA et une fois à l’Institut français, où le public m’a accueillie très chaleureusement à
chaque fois. Mais effectivement, ce spectacle est une belle opportunité de toucher encore
plus de gens et j’en suis sincèrement flattée.
Quelle sera la trame de votre sketch « Origine non contrôlée » pour les 30 ans de carrière de Gohou ?
« Origine non contrôlée » est mon premier « one woman show », qui traite du sujet sensible, universel et intemporel qu’est l’immigration, vue aussi bien du continent africain, à travers la Côte d’Ivoire, que de l’Occident, à travers la France. Ce spectacle vise à dédiaboliser, démythifier et démystifier l’étranger, dans un sens comme dans l’autre. Mais ce spectacle dure plus d’une heure donc si je le joue en entier, je vais voler la vedette à Gohou (rire) ! Pour ses 30 ans de carrière, je concocte autre chose… mais vous verrez, c’est une surprise !
Pour revenir à ce spectacle « Origine non contrôlée », en quoi est-ce que cette sorte de plaidoyer pour l’intégration est-il aussi important pour vous ?
Mon spectacle parle plus de l’immigration que de l’intégration. L’immigration, parce qu’on est tous immigrés. Chacun est l’étranger de quelqu’un. Donc ça nous concerne toutes et tous. Et il est important d’arrêter de penser que l’étranger est là pour voler le petit pain au chocolat des « locaux ». Ce n’est un plaisir pour personne de quitter sa terre, sa famille et ses amis pour s’exiler. On part en espérant un avenir meilleur, on part, car on fuit la misère et qu’on nous vend du rêve en Occident. Jusqu’à la désillusion très souvent une fois sur place. Notre continent est riche en culture, en connaissances, en nature…. Il est important d’apprendre à l’aimer et le valoriser sans honte, comme le font les autres.
Incarnez-vous finalement votre propre vie à travers ce personnage ? Cette héroïne au destin
universel ?
Le personnage d’« Origine non contrôlée » est inspiré en partie de mon vécu et de mes rencontres, bien sûr, mais ce n’est pas un récit autobiographique à proprement parler. Cela renvoie à l’histoire de toutes les personnes qui ont à un moment de leur vie migré d’un point A à un point B et qui portent le poids de la responsabilité de la famille restée au pays. En ce sens, c’est en effet une héroïne universelle.
Même si vous avez été parachutée en France, sans l’avoir voulu. Contrariée, vous avez quand même eu la chance d’être épaulée par des personnes hautes en couleur à la croisée du monde.
L’environnement joue-t-il un rôle important dans l’intégration ?
C’est du personnage dont vous parlez, là ! Effectivement, l’héroïne est contrainte de quitter son pays, qu’elle aime, contre son gré. Elle arrive en France et découvre une culture différente de la sienne. Puis elle est confrontée à toutes sortes de difficultés, et en premier lieu d’avoir un passeport de la mauvaise couleur, ce qui fait d’elle une « sans-papiers » – curieuse expression, quelque peu dégradante ! Et après, en effet, l’environnement joue son rôle : ce sont les aventures, les rencontres, bonnes ou mauvaises, mais aussi la culture, dont l’héroïne se sert pour avancer, sans oublier la volonté, dont elle ne se départit jamais…
Quel lien gardez-vous aujourd’hui avec la Côte d’Ivoire, votre pays d’origine ?
J’aime la Côte-d’Ivoire. J’y vais quand je peux, surtout pour travailler, mais j’en profite pour m’imprégner de l’ambiance et en ramener ensuite un petit peu à Paris ! Récemment j’y ai tourné une partie de la dernière série évènement de Canal Plus qui a fait un carton, « EKI », un thriller judiciaire où j’incarne le rôle de Jessica Obamba, une greffière infiltrée. Comme je le disais, j’y ai aussi joué mon spectacle plusieurs fois et il a eu un franc succès !
Avez-vous des projets en Afrique pour l’art et l’humour ?
J’ai des projets partout ! En France, où j’ai eu la chance de jouer avec de grands acteurs, comme Gérard Depardieu, Catherine Deneuve, Benoit Magimel, Cécile de France, Michael Youn… En Belgique et en Suisse, où je vais régulièrement jouer mon spectacle. Mais aussi bien sûr en Afrique ! J’ai de nouveaux projets de séries et de films qui se peaufinent, dans quelques pays francophones et anglophones, après plusieurs séries au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Gabon… Je vais aussi bientôt jouer mon spectacle à l’Institut Français de Libreville au Gabon. Et comme je donne également des cours de théâtre et de cinéma, j’ai aussi des « master class » et des ateliers de formation qui se préparent pour former ou perfectionner nos jeunes qui veulent embrasser ce métier. La transmission, c’est capital.
Que doit-on retenir de vous aujourd’hui, IZABELLA MAYA ?
Ah, mais c’est à vous de me le dire ! Et vous pouvez d’ailleurs me le dire sur les réseaux sociaux et y suivre mon actualité clicquez sur ces différents liens : Facebook, Instagram et TikTok
J’espère à très bientôt, ici ou là-bas !
Firmin KOTO