Emilie Dequenne, l’étoile filante du cinéma européen, s’éteint à 43 ans

Elle aura illuminé l’écran avec la fulgurance d’une météore. Emilie Dequenne, révélée à 17 ans par Rosetta des frères Dardenne, s’est éteinte ce dimanche 16 mars, terrassée par un cancer rare de la glande surrénale. Une disparition prématurée qui laisse orphelin un cinéma qu’elle a marqué de son audace et de sa sensibilité brute.
De Rosetta à l’éclectisme : une carrière sans frontières
Le destin d’Emilie Dequenne, fille d’un menuisier devenu icône cinématographique, tient du conte moderne. Repérée à 17 ans grâce à une annonce découpée dans un journal par sa tante, elle décroche le rôle-titre de Rosetta (1999), où elle incarne une adolescente survoltée, prête à « tout pour obtenir puis conserver un emploi ». Sa performance, récompensée par un Prix d’interprétation à Cannes, lance une trajectoire aussi imprévisible que brillante.
De la fresque historique Le Pacte des loups (2001) à la comédie légère Mariées mais pas trop (2003), en passant par le thriller Ecoute le temps (2007), l’actrice belge refuse l’enfermement dans un seul registre. « Elle avait cette capacité à traverser les genres comme on change de peau », souligne un critique. En 2012, son rôle déchirant dans À perdre la raison, inspiré de l’affaire Geneviève Lhermitte, lui vaut un nouveau triomphe à Cannes et un Magritte.
Un dernier combat mené en héroïne de cinéma
Derrière la caméra, Emilie Dequenne aura livré une ultime bataille, aussi discrète que déterminée. Diagnostiquée en octobre 2023 d’un cancer « rare et agressif », elle affronte la maladie avec la même intensité que ses rôles. Après une rémission éphémère en avril 2024, elle annonce en décembre une rechute, évoquant une fatigue qui l’oblige à renoncer à ses projets : « Ça ne me permettra pas de vivre aussi longtemps que prévu… ».
Jusqu’au bout, l’actrice aura tenu la lumière. En 2024, elle tourne trois films, dont Survivre, un thriller catastrophe, et TKT, drame intimiste où elle incarne une mère confrontée à l’hospitalisation de sa fille. Son César 2021 pour Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait restera comme l’ultime couronnement d’une carrière sans fausse note.
« Elle portait en elle une force qui transcendait l’écran », confie un proche. Une force qui, aujourd’hui, se mue en héritage. Le cinéma perd une artiste insaisissable. La vie, une guerrière silencieuse.
Alexandre Martin
Mots-clefs : emilie dequenne