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Peinture/Sœur Henriette : La Bible et le pinceau !

Remi Coulibaly | | Arts Visuels

Sœur Henriette, artiste accomplie, religieuse dévouée, met l’art pictural au service d’un humanisme de bon aloi, avec  foi. (Photo Sœur Henriette)

Nonne catholique, elle est depuis près d’un quart de siècle, une artiste à l’inspiration de plain-pied avec son temps, mais à l’orthodoxie immuable.

Au détour d’un zapping sur la chaîne de télévision catholique Sikka TV, à la faveur de la fête des mères, fin mai dernier, Sœur Henriette Goussikindey, à travers une interview, se révélait à nous comme une artiste-peintre. Et pas que du dimanche ! Car, justement, le dimanche, elle le consacre au Seigneur qu’elle sert ad vitam aeternam, en tant que nonne, religieuse catholique de la congrégation des Sœurs de Saint-Augustin du Bénin.

D’un commerce plaisant mais peu diserte, la religieuse confie, entre deux éclats de rire qu’elle est bel et bien artiste plasticienne et responsable de la galerie d’art Saint-Augustin de Cotonou. Elle s’est révélée au public en tant que peintre depuis 1994 et a suivi une formation professionnelle en art pictural pour s’en servir, in fine, comme support d’expression. Le but étant de toucher les âmes par la sensibilité de son pinceau, avec en filigrane, pêcher celles des pécheurs. Le tout dans une subtilité esthétique qui incline à l’ostentation. Et Sœur Henriette de faire sienne cette pensée de son Saint-patron, saint-Augustin : « Là où Dieu a semé la bénédiction, Il veut trouver la jubilation ». Aussi, au regard de ses tableaux, il ne serait point superfétatoire d’arguer que Sœur Henriette a la clé de l’évangélisation au bout du pinceau, ou encore, que se retrouve dans la chaleur chromatique de sa touche picturale, la force persuasive d’un verset biblique. Il en est ainsi, entre autres œuvres, de : « Inspiration », « Mère et enfant », « Ensemble », « Energie spirituelle », « Sainte scène », « Annonciation » …

 

« L’amante (religieuse) de l’art » !

Face à l’apparent paradoxe entre sa relative circonspection verbale et sa flamboyance artistique, « L’amante (religieuse) de l’art » se confie en ces termes : « Ma force d’expression se trouve dans l’art plastique ». Avant de poursuivre dans une soudaine inspiration qui rompt les amarres avec son relatif mutisme, tel un psaume psalmodié en un chorus insoupçonné : « L’art est d’abord pour moi une voie pour m’exprimer. Je suis naturellement peu vouée à la parole mais ma force d’expression se trouve dans l’expression artistique, dans l’art plastique. En me découvrant je me suis rendu compte que c’est un milieu où j’ai plus de liberté de dire, de faire, d’agir. Pour moi, l’art est aussi un creuset qui me permet de me découvrir tout en découvrant ma vocation. Cette vocation qui est pour moi une mission, une expression. Je suis une femme de foi, je crois en Dieu. C’est aussi un monde que j’apprécie beaucoup parce que c’est un milieu où on est plus libre que jamais. L’artiste est le maître de lui-même. Un monde où je retrouve ma propre personnalité, un monde qui me permet de me connaitre davantage ; dans le but de connaitre, d’accueillir et d’accepter les autres. C’est aussi un monde dans lequel j’arrive à cultiver ma maturité psychologique, affective même humaine. L’art me permet de communiquer avec moi et avec l’invisible qu’est Dieu parce que sur le plan de la méditation, de la rencontre de Dieu, de découverte personnelle, l’art pour moi est beaucoup, pour ne pas dire tout ».

Au-delà de la peinture, Sœur Henriette étale sa dextérité dans les autres domaines plastiques dont la sculpture, la céramique ; sans compter qu’elle performe aussi à travers des installations. Pour en revenir à la peinture, aussi bien avec l’acrylique, la peinture à huile ou eau, comme l’aquarelle ou en mixant les mixant, et indéfiniment du support (toile, bois, carton, récupération…), l’artiste ne fait aucune discrimination. Un peu comme pour dire que tous et toutes sont égaux pour la créatrice. Comme le sont les Hommes devant Dieu, Le Créateur. Enfin, pour ceux qui suivent « Le Chemin, la Vérité et la Vie », ainsi que nous l’enseignent les Saintes Ecritures.

Par ailleurs, évoquant la compatibilité entre sa vocation sacerdotale et la pratique artistique, la religieuse fait éclore l’histoire de l’art dont les horizons originels remontent aux œuvres commandées par l’église. Avant de révéler que la nature du beau étant d’essence divine, l’exaltation de Dieu ne passer que par œuvres de l’esprit, donc artistiques, qui tendent à s’élever vers Le Beau par essence.

 

ADAM SHALOM