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« Force de la Nature », Quand la peinture appelle à une prise de conscience

Arsene DOUBLE | | Art contemporain

Des œuvres d’art de l’artiste peintre ivoirien Justin Oussou. © Crédit Photo: Innocent Konan

Le vernissage de l’exposition « Force de la Nature » du célèbre artiste peintre ivoirien Justin Oussou s’est tenu le vendredi 16 août dernier au Casino Barrière l’Éléphant d’Or Abidjan. Préoccupé par la question environnementale, l’artiste traite de la pollution et du recyclage, à travers de belles peintures aux supports variés (mélange de toile et d’une diversité de métaux). A travers de magnifiques peintures, Jutin Oussou invite à une prise de conscience. Des tableaux à voir et revoir jusqu’au 16 septembre prochain.

Le Casino Barrière l’Éléphant d’Or Abidjan grouillait de monde le vendredi soir. Amis, collègues, étudiants, proches, simples visiteurs ont effectué le déplacement pour l’exposition « Force de la Nature ». L’ambiance était bon enfant. La sobriété de l’acoustique et de l’éclairage assure à la salle un confort de qualité. Mais, ce n’est pas tout ! Les impressionnantes peintures de Justin Oussou semblent avoir conquis le cœur du public. Chaque regard posé sur un joyau pictural peine à s’en défaire. Bien exposées, les œuvres artistiques du moment suscitent néanmoins quelques interrogations. Elles ne sont pas toutes en toiles. Nous remarquons qu’elles comprennent une diversité de métaux : aluminium, cuivre et fer.

Soucieuse de comprendre le recours à cette diversité de métaux dans la peinture, l’équipe de rédaction de 100%culture part à la rencontre du célèbre peintre ivoirien Justin Oussou. Tout sourire, l’enseignant des arts graphique à l’université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan nous accorde un entretien.

« Je fais d’abord un travail de recherche. On a longtemps utilisé la toile (…) Aujourd’hui nous sommes dans la donne de l’art contemporain. Et, je ne pouvais pas être en reste de ce mouvement contemporain. C’est pourquoi, j’essaie à mon niveau d’intégrer l’art contemporain. », confie-t-il. « Moi, je vais utiliser les canettes de bière, de fanta, de sucrerie, poursuit-il, pour faire comme fond de toile ma peinture pour essayer de passer un message. »

 

L’art contemporain, le troisième paradigme des arts plastiques

Se voulant très rassurant, Justin Oussou revient sur les trois paradigmes des arts plastiques. « Après l’art classique et l’art moderne, vient l’art contemporain, avec pour précurseur Marcel Duchamp » affirme-t-il.

« L’art contemporain est un nouveau paradigme, une nouvelle manière de peindre, une nouvelle écriture, une nouvelle manière de s’exprimer à travers de nouveaux supports. », explique-t-il. Et de renchérir : « Dans l’art contemporain, les sculptures ne sont pas soclées. Les peintures ne sont pas encadrées forcément. (…) Vous pouvez vous exprimer sans peindre forcément. Vous n’avez pas forcément besoin de pinceau, ni de peinture pour faire de l’art contemporain. C’est pourquoi, on parle de l’art conceptuel. »

« Mais, je ne suis plus obligé de peindre avec la toile, ni avec la peinture. Canettes de soda, etc., ajoutés à de la peinture pour m’exprimer. », avance-t-il, justifiant ainsi son recours à la diversité de métaux dans l’œuvre artistique.

 

« Force de la Nature », un hommage à l’environnement

Mettant en vedette des peintures d’une diversité de métaux, « Force de la Nature » soulève la question de la pollution et du recyclage. « Dans sa consommation, l’homme laisse beaucoup de déchets. Alors que les déchets pour certains, sont des mines d’or, des matières premières pour d’autres. Donc, on parle de recyclage, d’économie circulaire. », révèle le quinquagénaire Justin Oussou.

« De plus en plus, on parle de réchauffement climatique, déséquilibre au niveau de la Nature. Moi, je pense que à chaque niveau nous devons essayer mettre un peu d’ordre dans ce que nous faisons. », pense-t-il.

 

L’artiste, témoin de ses contemporains

Face à la menace grandissante du changement climatique, Justin Oussou juge nécessaire de rappeler la part de responsabilité de l’artiste. « L’artiste est le témoin de ses contemporains. Donc, il ne peut pas être un témoin passif, mais un témoin actif. Il dénonce. Il avertit. Et il éveille les consciences. Moi, je pense que ce sont les trois missions qui sont données en gros à l’artiste. », déclare l’artiste peintre.

« On pense souvent que l’artiste peintre est un donneur de leçon. Non, l’artiste peintre n’est pas un donneur de leçon. Mais, c’est un éveilleur des consciences. Il avertit. Il dénonce. Moi, je pense que c’est le message que les artistes en général donnent. L’artiste peintre ne peut pas être en marge du mouvement de l’artiste en général. » précise-t-il.

« Rencontre », « Cité radieuse », « Brassage » sont, entre autres de magnifiques peintures, témoignant de la question de pollution et du recyclage. En appui aux tableaux d’une diversité de métaux, Justin Oussou lance un message clair.

« L’environnement n’est pas cloisonné comme un pays où il y a des frontières. Parce que l’air que nous respirons, que tu sois au Mali, au Burkina, en Côte d’Ivoire, c’est le même air. Ça ne va pas prendre en compte votre frontière. Quelqu’un peut polluer le Sénégal, et ça peut vous atteindre en Côte d’Ivoire. Quelqu’un peut détruire, déforester l’Amazonie et vous atteindre en Côte d’Ivoire ou au Benin. Le globe est unique. Donc, tout ce que vous faites quelque part, aura des percussions ailleurs forcément. C’est ce que nous essayons de dénoncer. Et que c’est une entité globale qu’il faut prendre dans son entièreté. » affirme-t-il

L’exposition « Force de la Nature » se poursuit jusqu’au 16 septembre 2019 au Casino Barrière l’Éléphant d’Or Abidjan.

 

Arsène DOUBLE

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