Alex Loukou, journaliste et promoteur culturel : “Mon histoire personnelle avec Houphouët Boigny…”
Alex Loukou, promoteur de l’exposition « Félix Houphouët Boigny, traits pour traits », révèle son lien unique avec le premier Président de la Côte d’Ivoire. Plongez dans l’univers artistique et culturel où l’héritage de Félix Houphouët Boigny s’exprime à travers une collection de portraits exceptionnelle, incarnée par le talent du plasticien N’guessan Thomas. L’interview dévoile également les temps forts de cette exposition dont le commissaire général est Mimi Errol.
Le 15 décembre, l’exposition “Félix Houphouët Boigny, traits pour traits » aura lieu à l’Hôtel Ivoire. Qu’est-ce que vous réservez au public?
Une exposition met bien évidemment en lumière des œuvres d’un artiste. Dans ce cas précis, c’est une vingtaine de portraits de Félix Houphouët-Boigny qui seront exposés. Toutes ces œuvres ont été réalisées par le plasticien N’guessan Thomas, l’un des plus grands portraitistes de sa génération.
Qu’est-ce qui fera la particularité de cette exposition ?
Au cours de cette exposition, il y aura une vente aux enchères d’un portrait d’Houphouët-Boigny. La moitié de la recette de cette vente est reversée à la pouponnière de Dabou. Cela se fait selon la philosophie du premier Président de la Côte d’Ivoire moderne. FHB a toujours été aux côtés des personnes en situation de précarité. C’est donc dans l’ordre normal des choses que se situe cette vente aux enchères.
Le thème de cette exposition « Houphouët-Boigny, grand mécène des arts et de la culture » est d’actualité…
Bien sûr ! Le mécénat est une opportunité pour l’industrie artistique et culturelle. À côté des sponsors et autres structures étatiques qui boostent le domaine, il y a des mécènes qui font un travail colossal. Houphouët-Boigny a été un mécène hors-pair. Il n’y a pas que les artistes ivoiriens qui ont bénéficié de ses largesses ; il y a eu aussi les artistes africains et internationaux. C’est dire combien de fois les actes de générosité de FHB ont dépassé nos frontières. Cette exposition doit être une occasion pour les artistes ivoiriens de lui rendre hommage en achetant au moins une toile.
Quel sens donnez-vous à cette donation d’œuvre d’art au Bureau Unesco d’Abidjan ?
Il faut dire que cette idée vient du plasticien qui sera en attraction. Pour lui, l’UNESCO a beaucoup fait pour la culture, l’éducation, et la paix. Or, ces valeurs défendues par l’institution internationale sont également défendues par FHB. Donc, dans le cadre de cette exposition, il était normal de rendre hommage à l’UNESCO qui a déjà rendu hommage à Félix Houphouët-Boigny à travers des colloques et rencontres internationales. Le 19 décembre après l’exposition, le Représentant résident de l’UNESCO reçoit un portrait du Président Houphouët-Boigny au siège de l’institution.
Cette exposition s’adresse-t-elle en priorité aux artistes qui ont été soutenus par le Président Houphouët Boigny?
Pas nécessairement ! Pour nous, cette exposition-hommage est une célébration des actions de mécénat menées par le père fondateur. Cette philosophie hautement humaniste sera mise en lumière. Parmi ceux qui ont bénéficié des largesses, il y a certains qui ont rendu l’âme, d’autres sont encore en vie. Si ces artistes à leur tour rendent hommage à Houphouët Boigny en achetant des toiles tant mieux. Sinon, c’est tous les passionnés d’art et de culture qui sont invités à cette occasion. Du premier citoyen au dernier citoyen, tout le monde est invité.
Cette exposition coïncide avec la célébration du soixantenaire de l’hôtel Ivoire. Quelle lecture vous en faites ?
Je peux dire que cette coïncidence est plus qu’heureuse. Houphouët Boigny exposé à l’Hôtel Ivoire, c’est la chose la plus évidente qui puisse exister. Il se raconte que c’est à Monrovia, au Liberia, qu’Houphouët Boigny a découvert cette architecture futuriste. Il voulait le dupliquer ici. Il a demandé à l’architecte franco-israélien de venir le construire en Côte d’Ivoire. C’est ce qui a été fait ! On peut donc dire sans sourciller que l’hôtel Ivoire est la maison d’Houphouët, et par conséquent, elle peut abriter les œuvres du plus grand mécène des arts et de la culture de Côte d’Ivoire.
Il n’y aura pas que l’aspect exposition au cours de cette célébration...
Évidemment ! Cette célébration se fera en trois temps. Il y aura une conférence sur le mécénat d’art. Ensuite, il y a un support audio-visuel qui sera réalisé avec des artistes qui ont bénéficié des actions d’Houphouët Boigny. On peut citer entre autres Alpha Blondy, Aicha Koné, Chantal Taiba, Aklane, Bailly Spinto, Nayanka Bell… Un extrait de cet élément sera diffusé lors du vernissage. Enfin, la vente aux enchères d’un portrait d’Houphouët-Boigny dont la moitié de la recette ira à la pouponnière de Dabou. À côté du mécénat, les actions caritatives d’Houphouët-Boigny ont été au cœur des préoccupations du Président Houphouët-Boigny. En le faisant, nous restons conformes à sa philosophie.
Avez-vous une histoire particulière avec le Président Houphouët-Boigny ?
Je dois vous dire que pour moi, Houphouët-Boigny est un mythe au-delà de tout ce qu’on peut croire. Jeune élève, j’ai la chance de lui serrer la main lors d’une visite chez son gendre M. Brou Casimir, frère aîné de son épouse Marie-Thérèse à Toumodi. C’était dans les années 80. Imaginez-vous l’effet que ça peut faire de saluer à cette époque Houphouët-Boigny. J’ai passé plusieurs jours sans laver cette main « bénie. » Plus d’une trentaine d’années plus tard, je me retrouve en train de rendre hommage à ce génie politique, à ce grand mécène des arts et de la culture qui a propulsé les artistes ivoiriens au devant de la scène. Je suis plus qu’ému.
Pour terminer…
Je voudrais dire à tous les amateurs d’art que cette exposition est unique en son genre. Trente ans après la disparition de ce grand mécène, les artistes ivoiriens doivent s’en souvenir. Tous les Houphouetistes, tous les patriotes, tous les panafricanistes qui se reconnaissent en cet homme doivent se déplacer pour venir à cette célébration picturale. Houphouët-Boigny est un label, une marque de fabrique, en somme une œuvre d’art.
100pour100culture
Mots-clefs : commissaire général, exposition, Hôtel Ivoire, Houphouët Boigny, Mimi Errol