Festival du film africain de Stokholm Le long réveil du cinéma Africain

Oyez, oyez, stockholmois et ses environs ! Du 4 au 16 février, se tiendra le 9ième festival du film africain. Pour cette édition, l’éventail des thèmes et des cinéastes s’élargit aux quatre coins du continent et des pays de la diaspora. Constatez par vous-mêmes : Afrique du Sud, Algérie, Burundi, Cameroun, Egypte, Ethiopie, Ghana, Nigéria, Sénégal, Somalie, Tchad, Tunisie, Zimbabwé et les pays de la diaspora : l’Angleterre, le Canada, le Portugal… Au total, seize pays et pas moins de 26 films pour connaître, reconnaître, apprécier, rire avec cette « Afrique oubliée ».
Après la projection de leurs films nous aurons l’occasion de rencontrer les réalisateurs : à commencer par le Tchadien Mahamat-Saleh Haroun, dont le film « Sex, Okra and Salted Butter », inaugurera ce Festival le 4 Février à 18heures 30 au cinéma Sture, en présence de Dani Kouyaté, grand cinéaste et président du Jury du Prix CinemAfrica. Une comédie aigre-douce qui relate la vie quotidienne d’une famille d’immigrés de Bordeaux, dont la mère quitte le père, trop dominant, pour vivre avec un blanc non circoncis et éleveur d’huîtres. Dès le lendemain au Zita, Alan Gomès nous fera voir son film « Andalucia », qui a eu le prix du meilleur acteur au Festival International des films francophones de Namur en 2007. « Délice Paloma », réalisé par Nadir Moknèche, et couronné meilleur film francophone avec un Lumière Award 2008 sera aussi projeté au Zita. Jean-Pierre Lledo nous dévoilera son film « Algeria Unspoken Stories». Le Ghanéen King Anpaw, ancien acteur aux côtés de Klaus Kinski dans le films de Werner Herzog « Cobra Verde », viendra en tant que cinéaste présenter sa comédie « No Time to Die ». Amor Hakkar,lui, vient aussi en temps qu’acteur, puisqu’on le retrouve jouant le rôle du père dans son film « The Yellow House ». Ce film a été couronné par plusieurs prix internationaux : le prix du meilleur film au Mostra de Valencia en 2007 et au festival de Film arabe à Rotterdam (2007) ; ainsi que le prix spécial du Jury au Festival des Films de Carthage en Tunisie en 2008. Quant à Darrell Roodt, celui-ci est venu avec deux films : « Zimbabwe´ », titre évocateur, puisque ce film dramatique traite des problèmes de la vie actuelle dans ce pays, sida, par exemple, pour ne citer que ce fléau. « Messie » est un charmant film dont l’héroine est une petite fille gardienne de troupeaux de son père, qu’une enseignante, prise d’amitié pour elle,pousse à aller à lécole. Haile Gerina nous fait voir « Teza », film qui a eu le prix du meilleur manuscript et le prix Spécial du Jury au Festival du Film de Venise en 2008. Michael Raebrun avec « Triomf », a eu le prix du meilleur film Sudafricain au Festival du Film International 2008 de Durban. Khaled El Hagar, que l’on appelle «l’ Almodovar Egyptien » pour sa passion pour les mélodrames entre autres, vient nous faire découvrir « Stolen Kisses », un film qui a eu le prix International du Film à Alexandrie en 2008. Nathan Collett et Fatima Jibrell nous donneront à voir probablement le plus court « Court métrage » de ce festival avec « Charcoal Traffic », qui dure 7 minutes. Ce drame est le premier film qui se passe en Somalie après 15 ans. Le cinéaste Tebotto Mahlatsi, nous propose dans son court métrage « Meokgo and the Stick fighter », une fable sur le bien et le mal. Akim Omotoso tour à tour acteur, cinéaste et producteur, viendra avec « Jesus and the Giant », un documentaire de 11 minutes. Rehad Desai, directeur de la société Uhuru productions, organisateur du Festival des Droits de l’Homme dans 3 continents, pour ne citer que ces deux titres de ce cinéaste actif, viendra avec « Born into struggle » et le documentaire « Bushman secret ».
Une première en Suède, sera aussi la projection des « Films makers against racism » avec quatre documentaires de 24 minutes chacun : Dany Turken, avec : « Affectionately Known As Alex ». Andy Spitz : “Angels on our Shoulders”.
Omelga Mthiayane et Riaan Hendriks : « Baraka/Blessing. Adze Ugah : ”The Burning Man”. Ces documentaires sont projetés à l’institut Göethe, suivis d’un séminaire le 14 février de 13 heures à 17 heures. Karim Dridi, déjà connu pour son film « Pigalle », est venu avec un autre : « Khamsa », qui relate la vie d’un jeune gitan dans la banlieue de Marseille. Pour la petite histoire, notre cinéaste n’a pas hésité à s’acheter une caravane pour vivre dans le quartier des gitans afin de mieux connaître ce milieu et y choisir ses acteurs. Andréa Segre et Dagmawi Yimer nous feront voir un documentaire intitulé « Like a man on Earth », film, qui, dans ce genre, a obtenu le Prix du Jury au Festival des films italiens à Salina en 2008. N’oublions pas Binyam Berhane, sous prétexte qu’il vit en Suède, avec son film « Scissors i November ».
Cette édition se distingue également par l’importance grandissante du nombre des femmes, d’aucunes connues jusqu’à nos latitudes, d’aucunes, célèbres ailleurs et à découvrir à tout prix ici : Oswalde Lewat-Hallade,par exemple, ne nous est pas inconnue. Avec « Love during the War », elle avait fait preuve d’une qualité admirable, le courage, en tournant ce film sur les femmes violées pendant la guerre au Congo. Notre intrépide cinéaste, journaliste de formation, professeur dans diverses écoles de cinéma revient avec un documentaire, tout aussi dramatique, intitulé « Black Business » et qui a lieu dans son pays d’origine, le Cameroun. Allons aussi voir Katy Lena N’Diaye, du Sénégal et son documentaire « Awaiting for Men », qui a obtenu le prix du Meilleur film documentaire au Festival d’Accra au Ghana, en 2008 et au Festival International du film à Zanzibar de la même année. Kudzai Chimbaira, du Zimbabwé, actrice, plusieurs fois primée dans différents films, vivant en Suède, et fondatrice du Théâtre de l’Intégration – une initiative visant à encourager l’intégration à travers l’émigration – est à revoir dans « Zimbabwé » .
Térèse Prata, du Mozambique nous propose « Sleepwalking Land » un film qui lui a valu le prix FIPRESCI, au Festival International du Film de Kerala en 2008. Sept ans ! C’est le nombre d’années que cela lui a pris pour adapter ce livre de Mia Cuotos sorti en 1992 à l’écran. La réalisatrice et productrice Frances-Anne-Solomon, originaire de Trinidad et vivant au Canada, nous donne à voir son long métrage : « A Winter Tale «, prix du meilleur film canadien et prix du meilleur manuscrit au Festival de Toronto en 2007. Zina Sara –Wiwa, fille de l’écrivain nigérian Ken Saro-Wiwa, est aussi une femme d’affaires avec sa nouvelle société multimédia « Africa Lab » dont le but est de changer la vision du monde sur l’Afrique à travers films, photos, etc… Cette réalisatrice vient avec son documentaire « This is my Africa ». Fatima Jibrell, de Somalie, qui, en collaboration avec Natham Collett, a réalisé, ainsi que je l’ai dit plus haut, le plus court métrage du Festival et le plus dramatique en intensité, « Charcoal Traffic ».
Les films sont répartis dans cinq salles de projections différentes dont voici la liste : le Sture, Zita, Klara, Medelhavsmuset (Musée de la Méditerrannée), l’Institut Goethe.* Avec ce riche éventail, lequel des cinq longs métrages déjà nomminés obtiendra le prix du Festival CinemAfrika ? Lequel ? le « Sex, Okra and Salted Butter » de Mahatmat ? Ou alors, « Teza » de Haile ? Peut-être alors « Andalucia « de Alan Gomi ? Ou « Khamsa » de Karim ? Et « Triomf « de Michael alors? Et pourquoi pas tous les cinq ? Oui, chères dames, chers messieurs les membres du Jury, pourquoi ne pas créer un sans précédent, un scoop dans l’histoire du Festival en les choisissant tous ? Exaequo ! Voilà !
De la diversité des thèmes traités – retour au pays natal, violence sur les femmes,l’alphabétisation, la guerre, la liberté d’expression, le racisme – se dénote la recherche de l’identité et la diaspora. Pour cette édition, ce qui nous paraît intéressant et singulier dans les sujets tratés, c’ est le regard de l’africain sur l’Afrique. Ce qui nous paraît aussi nouveau, c’est qu’une africaine femme aborde avec courage, compétence, recul, à ses risques et périls, un sujet dangereux et grave, tel le viol des femmes au Congo en guerre. D’aucuns devant une injustice, la dénoncent avec les mots ; d’autres avec les armes ; d’autres encore avec leurs plumes ; ou en chanson ; ou au théâtre ; ou en manifestation dans les rues, que sais-je ? Ici, celui-ci ou celle- là la dénonce à travers l’écran du cinéma. Nous pensons à Osvalde Lewat- Hallade qui véhicule son engagement contre l’injustice dans son pays avec « Black Business ». Les cinéastes au péril de leurs vies, traitent des sujets inédits dans l’Afrique des paradoxes, cette Afrique qui se voudrait moderne, mais qui est jalouse de ses tabous. « Stolen Kisses » fait partie de ces tabous levés par le traitement d’un tel sujet.
Les africains de la diaspora jouissent par exemple de la liberté d’expression, alors que ceux vivant dans le pays ne l’ont pas. La question qui se pose est comment l’on vit son identité en faisant partie de la diaspora. Quel est leur rapport au continent africain ? A tout ce qui s’y passe ? etc … Est-il besoin de préciser que les débats seront d’autant plus riches, d’autant plus fructueux que vous serez nombreux à participer ? Venez pour que vive le 7ième art en Afrique. Venez activer le long réveil du vieux et jeune continent ! Nous espérons que le séminaire, organisé par l’association afro-suédoise qui a lieu au cinéma Zita le dimanche 8 février à 15 avec pour titre « Qu’est-ce l’identité européenne ? », apportera quelques éléments de réponse à nos interrogations..
Adresse des salles de cinéma :
Sture, Birger Jarlsgatan, 41 ; tel : 08 678 85 48, www.biosture.se
Zita, Birger Jarlsgatan, 37 ; tel: 08 23 2020, www.zita.se
Klara, Kulturhuset, Sergels Torg : tel : 08 506 515 09 ; www.kulturhuset.se
Medelhavsmuseet, Fredsgatan, 2; tel : 08 519 55 0 50 ; www.medelhavsmuseet.se
Goethe Institutet ; Bryggargatan. 12 A tel. 08 459 12 00
PS. La fète en l’honneur du Festival aura lieu le 6 février à 19h30 à Ethio Star, Saltmätargatan 19. Métro Rådmansgatan.
Pour toute information sur la programmation, consultez le site www. cinemafrica.