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Interview : Chucken Pat (Artiste humoriste) : « Ce sont vraiment les vieilles marmites qui font de bonnes sauces »

Serge Alex Blehiri | | Evènements

Le 10 novembre dernier, GBICH ! a tenu ses promesses en organisant les « GBICH D’OR 2012 ». Ce fut un beau spectacle d’humour et de distinction des humoristes dont le talent s’est fait remarquer au cours de cette année. Le meilleur des meilleurs, plébiscité par le public et par le jury, a été ce marin humoriste Chuken Pat. Dans cet entretien, il donne ses sentiments…
Donc comme ça, tu es le meilleur humoriste de cette année !
Oui, je suis bien GBICH D’OR 2012 ! J’ai pris ça dans la main des enfants-là… (rire). J’ai tiré ça de leur main pour rétablir “l’ordre constitutionnel” (Rire). Je remercie le Seigneur pour cette grâce, car sans Lui rien n’est possible.

Qu’est-ce que tu appelles “ordre constitutionnel” ?
Nooon, c’est juste pour rigoler… C’est l’expression pour dire qu’il y a le talent des jeunes certes, mais il y a aussi l’expérience des anciens qui compte. Quand on associe les deux, cela veut dire que celui qui a été lauréat a de la classe, de la verve et beaucoup à revendre. Mais, toute modestie mise à part, les jeunes humoristes sont talentueux et aujourd’hui, moi gagner face à eux démontre que l’humour ivoirien est à un top niveau. Le jeunes sont tous bons sauf qu’il y a certaines choses qui ont fait la différence. Et le public a jugé. C’est d’ailleurs au public et à tous les habitants de Côte d’Ivoire que je dédie ce GBICH D’OR. Le Magnifik, Agalawal, Kôrô Abou, EnK2K …sont des jeunes pour qui j’ai beaucoup de respect.

Tu les appelles « jeunes », donc tu te vois trop en vieux père quoi ?
Je suis un ancien en effet. Je faisais de l’humour pendant que beaucoup parmi eux n’étaient pas encore nés sans doute. Ce n’est pas parce que je ne suis pas grand de taille… Sur mes 1,69 m, j’ai 48 ans d’âge et 25 ans d’expérience artistique et scénique, dans la musique et l’humour. Donc tu comprends un peu ? Ce sont mes “petits » frères comme on dit.

Et pourtant, il n’y a pas trop longtemps qu’on t’a connu !
C’est toi qui le dis hein, sinon il y a longtemps que je suis connu. J’ai remporté « Podium » à deux reprises en 1978 et 1981. Sur le volet humoristique, c’est depuis 1994 avec Barthélémy Inabo à « Dimanche Passion » que j’ai fait mes débuts. Et depuis ces années-là, nous avons travaillé davantage et avons eu cette expérience. Et puis, il faut dire que l’humour est d’abord un don. Et quand on veut en faire une profession, il faut y mettre du sien et du travail. Nous ne sommes pas restés couchés sur nos lauriers, donc tu vois que le talent, l’expérience et le don mettent la différence.

A t’entendre parler, il n’y a aucune humilité dans tes propos. Tu veux dire que tu es trop fort quoi ?
Tu n’as pas compris… Je suis modeste, c’est la raison pour laquelle j’ai dit que j’ai beaucoup de respect pour ces jeunes humoristes et que je leur dédie mon trophée. D’ailleurs, ils sont tous bons, ils ont travaillé et ont su aussi valoriser l’humour. Mais nous, avec notre expérience, on a pu marquer un point. Quand je parle d’expérience, je fais allusion à Digbeu Cravate, Adama Dahico qui sont “anciens” comme moi. Tu ne vas pas nous mettre dans la gamme des Magnifik, Joël, Agalawal … qui sont des jeunes venus après, bien qu’ils aient du talent qu’il faut reconnaître. Je n’ai pas dit non plus que je suis le plus fort. Dans l’humour, chacun a son style. Nous, on a été à l’école des Georges Taï Benson, Adjé Daniel, Léonard Groguhet, Bamba Bakary. On a pu, en fonction de leur expérience, tirer quelque chose que nous avons associé à celle de la nouvelle génération. Ce qui fait qu’on est toujours d’actualité.

Tu crois donc que tu mérites ce trophée ?
C’est vous le public qui jugez. Ce n’est pas moi qui ai noté. Si je n’étais pas aussi bon, on ne m’aurait pas plébiscité aux GBICH D’OR. C’est un travail de longue haleine sur plusieurs mois par le biais des Gbich ! Time. Ce sont les différents publics qui ont permis au jury de nous attribuer des notes. Nous, on est là pour faire nos prestations et on ne sait pas si les gens aiment ce qu’on fait. Mais je crois que la différence entre moi et les autres s’est faite à quelques points près.

Avec tes vieilles blagues que tu racontes-là, tu es fier d’avoir été le meilleur ?
Raconter de vieilles blagues sous différents angles à différentes rencontres, c’est ce qui fait la différence. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, on ne sait pas où situer l’humoriste que je suis. Je peux prendre une blague qu’on a connue en 1998, la ramener en 2014 et ça va faire marrer les gens. Je peux raconter la même blague plus de dix fois et tu ne la reconnaitras pas. Même si tu la reconnais, il y a un petit plus qui va s’ajouter. Et je pense que c’est un secret que Dieu m’a donné. Comme j’aime à le dire, c’est par atavisme génétique, je l’ai dans le sang depuis mon enfance. C’est d’ailleurs les vieilles blagues-là qui tuent. Ne dit-on pas que ce sont les vieilles marmites qui font de bonnes sauces ?

Est-ce que tu mesures le défi qui t’attend en tant que GBICH D’OR ?
Tu sais que j’ai trainé de vieilles casseroles artistiquement parlant ? Je suis dans le domaine et je sais comment un artiste à ce challenge-là et à ce niveau-là doit se comporter. aire des prévisions pour demeurer au sommet de son art. Et je crois que je suis en train de mettre en place un projet. Je remercie GBICH ! qui a eu le nez creux en comprenant qu’il fallait valoriser cet art-là. Je crois que c’est Dieu qui va les honorer et leur rendre au centuple cette initiative. C’est vrai qu’en son temps, Barthélémy Inabo et Claude Tamo nous ont plébiscités, il y a eu aussi « Bonjour » avec la RTI, mais là GBICH ! a su vraiment mettre en exergue notre talent d’humoriste. Je leur tire mon chapeau !

Si tu sais comment te comporter, comment un GBICH D’OR peut venir s’asseoir dans un choukouyadrôme … (nous l’avons trouvé dans un choukouyadrôme à Marcory)
Quand on dit Chucken Pat, c’est un poulet en Anglais, donc chicken. D’autres l’ont transformé en choukouya parce que j’aime bien la viande boucanée, ou même en choukouyaman. Donc si tu me trouves à un carrefour en train de commander du choukouya, mon frère, on est en choukiste choulouyaman et choukaliste ! (rire)… Je suis un Ivoirien et nous en Côte d’Ivoire, on aime bien venir manger “choukouya”. Les ministres, les patrons mangent “choukouya“. Peut-être qu’ils ne viennent pas s’asseoir dans le “choukouyadrôme”, mais ils envoie quelqu’un leur acheter ça !

C’est clair qu’à partir de maintenant, ton étoile va briller…
Mon étoile brille déjà mon frère car Dieu est toujours avec moi. Il me soutient et me guide comme il le fait pour tous les habitants de ce pays. Maintenant si tu veux parler de mon étoile artistique…. oui, elle va encore plus briller. Là, il faut que les gens s’attendent à l’album qui va sortir pour les fêtes de fin d’année. Il sera produit par GBICH ! Il y aura des blagues et des morceaux dansants pour qu’on s’amuse. Je crois que GBICH ! va aussi faire la fête à Chucken Pat. Ce sera un one-man-show avec ceux qui ont été nominés afin que nous puissions faire la fête. En aucun cas, personne ne doit rater ça parce que je vais encore faire montre de mon talent et les gens vont découvrir une autre facette de moi. Je tiens à le rappeler, je suis un homme d’orchestre, un homme orchestre, un artiste complet. Ce jour-là, les gens diront : « c’est un artiste né ! » Et je ne l’ai pas usurpé !

Je voulais parler de gombos …
Je suis déjà bloqué même. J’espère que quand l’argent va rentrer, je vais t’appeler pour qu’on mange… Comme j’aime partager, je vais aider beaucoup. Mon objectif aussi à travers cette distinction est d’aider les jeunes qui veulent apprendre l’humour à venir dedans. Il y a le social et la modestie qu’il faut mettre au-devant. Il faut avoir la tête sur les épaules.

Où tu vas mettre ton boulot de marin dans ce succès programmé ?
j’ai la chance d’avoir des patrons qui m’aiment et apprécient ce que je fais. Avec leurs bénédictions, on pourra faire un programme afin d’honorer les sollicitations.

Un appel
Oui, j’invite tous les Ivoiriens à s’aimer, à se pardonner et à chercher à aller de l’avant. Je prie pour que tous ceux qui ont été meurtris et blessé dans leur chaire et dans leur âme puisse laisser tout au nom du Seigneur. Que Dieu protège la Côte d’Ivoire afin que le mal, la méchanceté et la violence s’éloignent de notre pays.

Une blague
Il y a un président de club qui était reconnu pour ne pas payer les primes de ses joueurs. Et quand les joueurs se plaignaient, il leur disait que celui qui n’est pas satisfait de ce qu’il gagne peut changer de club. Puis un jour, il y a eu un match décisif à la fin duquel il devait avoir un bon pactole. A cinq minutes de la fin du match, le meilleur buteur de l’équipe a obtenu un pénalty. Au moment où le président du club savourait déjà sa joie de gagner le pactole, le joueur a shooté le ballon dans l’air. Il est alors descendu des tribunes et a commencé à pleurer à chaudes larmes. Le joueur de lui dire :
–    Quand on marque et puis tu prends l’argent pour aller danser avec les gos-là, tu es content non ? Donc quand je rate-là, ça te fait mal parce que tu rates l’argent ? Aujourd’hui-là, nous tous on sera moisis ici !

Coll. JM Tonga