THÉÂTRE : « LA MORT DE CHAKA » RÉINVENTÉE SUR LES PLANCHES À LA FAC
L’Amphi B de l’Université de Paris 3 a accueilli le lundi 3 décembre dernier un petit public acquis à sa cause venu regarder La mort de Chaka réinventée sur les planches à Paris, malgré la grève déclenchée par les étudiants.
La figure historique de Chaka Zulu a inspiré des écrivains négro-africains notamment Léopold Sedar Senghor, qui publie dans Éthiopiques (Éditions du Seuil, 1956), un poème intitulé « Chaka » en 126 pages. En dédiant ce poème aux martyrs bantous de l’Afrique du Sud, Senghor aborde très clairement la question politique des relations entre colonisateur et colonisé.
Préférant une référence plus « politiquement correcte » aux guerres de conquête de l’Afrique du Sud de la première moitié du XIXème siècle, Senghor expose à mot couvert les tensions « intérieures » des meneurs des luttes indépendantistes alors en pleine activité. Parmi ceux-ci, l’on reconnaît Chaka, ce personnage légendaire. Enfant bâtard d’un roi de l’Afrique du sud, il fut rejeté par son père et envoyé dans un autre royaume avec sa mère, répudiée par les épouses légitimes. Dans son exil, Chaka Zulu apprît le maniement des armes. Parvenu à l’âge adulte, il revint dans son royaume pour reprendre le pouvoir. Une fois sa reconquête entreprise comme par vengeance, Chaka voulut faire en sorte que l’Afrique du Sud toute entière soit sous sa tutelle. Il annexa plusieurs villes et créa une grande armée redoutée dans toute l’Afrique, dont les guerriers, castrés à dessein, ne devaient songer qu’au combat. Mais dans sa soif de pouvoir, Chaka Zulu a finalement tué sa bien aimée, Nolivé avant que lui-même ne passe de vie à trépas. C’est ce pan de l’histoire dont a beaucoup fait allusion dans la pièce mise en scène par Dominique Douma à l’amphi B de l’université de Paris 3, le 03 décembre dernier.
« Sur le plan théâtral, j’ai trouvé le long poème de Senghor d’une part extrêmement beau, et d’autre part, porteur d’une certaine actualité au regard de la situation chaotique de mon continent, l’Afrique. Je crois que nous avons besoin de personnages comme Chaka Zulu pour peut-être réhabiliter une histoire que nous avons perdue », nous raconte Dominique à la fin de la présentation.
L’auteur de la pièce est comédien, metteur en scène, également auteur, compositeur et chanteur. Il a derrière lui presque vingt-neuf ans d’une carrière artistique dans laquelle se mêlent la musique, le théâtre, la poésie et le cinéma. Originaire du Gabon, Dominique Douma prépare en ce moment un Doctorat en théâtre à l’université de Paris 3 – Sorbonne nouvelle.