Bob Wilson, génie visionnaire de la scène, s’éteint à 83 ans

Le monde du spectacle est en deuil. Le célèbre metteur en scène américain Bob Wilson est décédé jeudi à l’âge de 83 ans à Water Mill, dans l’État de New York.
Selon un communiqué officiel de la Fondation Robert Wilson pour les arts, il est mort « paisiblement » des suites d’« une maladie brève mais foudroyante ». Créateur hors norme, reconnu pour ses mises en scène théâtrales et lyriques novatrices, Bob Wilson laisse derrière lui un héritage artistique d’une richesse rare.
Connu pour son rapport unique à la lumière, à l’espace et au silence, Bob Wilson a repoussé les limites du langage scénique pendant plus de cinq décennies. Il a continué de créer jusqu’à ses derniers jours, fidèle à sa vision exigeante et avant-gardiste. La fondation qu’il a fondée a salué la force de son engagement artistique, rappelant que ses œuvres visuelles, ses pièces et le Watermill Center incarneront son héritage.
Une carrière marquée par l’innovation et les collaborations d’exception
Depuis ses débuts fracassants avec Le regard du sourd, présenté au Festival de Nancy en 1971, Bob Wilson metteur en scène n’a cessé d’éblouir les scènes du monde entier. Ce spectacle de sept heures, presque entièrement silencieux, avait bouleversé le poète Louis Aragon, qui l’avait qualifié de « plus belle chose » qu’il ait vue.
Sa collaboration mythique avec le compositeur Philip Glass sur Einstein on the Beach a marqué un tournant dans l’histoire de l’opéra contemporain. Ce projet expérimental de près de cinq heures, présenté pour la première fois en 1976, est depuis considéré comme un chef-d’œuvre intemporel.
Le metteur en scène a également travaillé avec des artistes de renom comme Andy Warhol, Tom Waits, Isabelle Huppert, Lady Gaga, ou encore Mikhaïl Barychnikov. Ses portraits vidéo et ses scénographies ont contribué à faire de lui un artiste inclassable, entre théâtre, danse, arts visuels et musique.
Une empreinte indélébile sur la scène mondiale
Les hommages n’ont pas tardé. La ministre française de la Culture, Rachida Dati, a salué un « artiste visionnaire » et un « sculpteur de lumière » qui a profondément influencé le paysage théâtral français. Jack Lang, ancien ministre, a évoqué un « choc esthétique » lors de leur rencontre à Nancy, qualifiant Wilson de « plus grand inventeur de la scène contemporaine ».
Le Watermill Center, qu’il a fondé, n’était pas seulement un lieu de création : c’était aussi un espace engagé. Il y a quelques années, il avait organisé une grande exposition en hommage à George Floyd, contribuant ainsi à la portée culturelle du mouvement Black Lives Matter.
La Fondation Robert Wilson a annoncé que plusieurs hommages publics seront organisés prochainement, dans des lieux chers à l’artiste.
Alexandre Martin
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