CAN 2025 au Maroc : Qui est Clément Kpan, l’unique arbitre ivoirien sélectionné ?

Dans un stade plein à craquer, quand les hymnes se taisent et que la tension monte, il n’y a plus que trois couleurs qui comptent : le vert de la pelouse, les maillots des équipes… et le noir de la tenue de l’arbitre. Au centre du terrain, sifflet en main et regard calme, Clément Kpan avance toujours sans bruit. Pourtant, lors de la dernière Coupe d’Afrique des Nations, c’est lui qui représentait seul l’arbitrage ivoirien au plus haut niveau continental.
Être le seul arbitre ivoirien sélectionné pour la CAN 2023, organisée à domicile, est à la fois un honneur et une pression. Dans un pays où le football est presque une seconde religion, chaque décision devient un acte de patriotisme. Chaque coup de sifflet est scruté, commenté, parfois contesté. Mais Kpan tient le cap.
Le chemin discret vers l’excellence
Clément Kpan ne vient pas d’une lignée de stars du ballon rond. À l’origine, simple passionné de football, il choisit l’arbitrage par conviction : « Je voulais comprendre le jeu autrement », confie-t-il un jour à des proches. Le sifflet lui ouvre une voie exigeante — faite d’heures de formation, de séances d’entraînement à l’aube, de règlements appris par cœur et de matchs de quartier arbitrés sous les moqueries.
Année après année, son sérieux paie. Il gravit les échelons du championnat ivoirien, se distingue par sa discipline et sa maîtrise des rencontres à haute tension. En 2018, l’effort est récompensé : Clément Kpan reçoit le badge FIFA, véritable passeport pour l’arbitrage international.
L’Afrique comme terrain d’examen
CAF Champions League, Coupe de la Confédération, rencontres éliminatoires : Kpan sillonne l’Afrique. Du Maghreb humide aux pelouses poussiéreuses du Sahel, il fait face à des environnements parfois hostiles et à des publics volcaniques. Là où certains arbitres se décomposent, lui impose le calme.
Son style est reconnu :
dialogue avant sanction, fermeté sans provocation, autorité sans brutalité.
Il préfère désamorcer plutôt que punir, convaincu que l’arbitre est d’abord un gestionnaire d’hommes avant d’être un distributeur de cartons.
Seul Ivoirien à la CAN
Sa sélection pour la CAN 2023 est le sommet de sa carrière. Elle est aussi un symbole : dans le pays hôte, aucun autre arbitre ivoirien n’a été retenu par la CAF. Un choix qui met en lumière l’exigence du niveau continental… et le mérite de Kpan.
Pour lui, cette solitude devient une mission : porter la crédibilité de l’arbitrage ivoirien, démontrer que le pays ne produit pas que des attaquants flamboyants mais aussi des officiels capables de tenir la pression.
Chaque match dirigé devient un test national.
Résister au tumulte
Arbitrer une CAN, c’est accepter la critique systématique. Les ralentis dissèquent chaque geste. Les réseaux sociaux jugent sans appel. Mais Clément Kpan reste égal à lui-même : pas de plaintes, pas de sorties médiatiques, pas d’ego.
Il parle peu de sa vie privée, préfère le silence des vestiaires aux débats télévisés. Ses proches décrivent un homme réservé, discipliné, presque ascétique, passionné de sport et profondément attaché à l’idée que le football n’est juste que lorsqu’il est bien arbitré.
L’après-CAN : transmettre
À plus de quarante ans, Clément Kpan sait que l’arbitrage est une carrière courte. L’homme regarde déjà au-delà du terrain : devenir formateur, encadrer les jeunes arbitres ivoiriens, moderniser la formation locale, transmettre l’exigence qui l’a mené au sommet.
Son rêve : que, lors des futures CAN, la Côte d’Ivoire n’envoie plus un seul arbitre, mais une génération entière capable de représenter le pays avec la même dignité.
L’homme derrière le sifflet
Clément Kpan n’est pas une star de l’affiche. Il ne marque pas de buts. Il ne soulève pas de trophées. Pourtant, il incarne une valeur essentielle du sport : la justice.
Sur le rectangle vert, quand la passion déborde, il reste celui qui veille à l’équilibre fragile du jeu.
Sans bruit, sans gloire tapageuse.
Mais avec la certitude que parfois, la véritable grandeur se mesure dans l’ombre du sifflet.
Firmin Koto
Mots-clefs : Clément Kpan