Côte d’Ivoire / Port-Bouët : entre Nice et Santa Monica, la promenade de la Mer attend sa renaissance
En 2017, Abidjan annonçait un projet ambitieux : la Promenade de la Mer à Port-Bouët. Inspirée de la célèbre Promenade des Anglais à Nice, ville jumelée avec le district depuis 2013, et de la Third Street Promenade de Santa Monica, en Californie, cette initiative visait à créer un espace moderne, sécurisé et attractif sur près de huit kilomètres, du carrefour Phare à Anani.
Financée par l’État pour un investissement estimé à 6,7 milliards de F CFA (10,2 millions d’euros), conçue par le cabinet Atelier d’Architecture d’Abidjan (3A) et exécutée par l’entreprise ivoirienne Ekacico, la première phase du projet devait être livrée d’ici fin 2020. Elle prévoit un chemin piéton et une piste cyclable de 8 kilomètres chacun, longeant la plage entre la cité universitaire de Port-Bouët et le carrefour d’Anani, sur l’autoroute vers Grand-Bassam. L’objectif affiché : renforcer l’attractivité touristique d’Abidjan tout en offrant aux habitants un espace de détente et de sport.
Des ambitions freinées par la réalité
Huit ans après le lancement, la Promenade de la Mer illustre les limites d’un projet ambitieux sans suivi suffisant. Lampadaires rouillés par la brise marine, bâtiments en ruine, espaces verts envahis par la végétation et occupations anarchiques trahissent un manque de maintenance et de sécurité. Ce qui devait devenir un lieu de loisirs et un symbole urbain inspiré de Nice et Santa Monica ressemble aujourd’hui davantage à une friche.
Les experts soulignent que l’absence de gouvernance claire, combinée à l’absence d’un modèle économique et d’un plan d’entretien pérenne, est à l’origine de ce constat. Sur un littoral exposé à la mer et aux vents, le suivi régulier des infrastructures est crucial pour éviter leur dégradation rapide.
Relancer la promenade grâce à une gestion efficace
Malgré son état actuel, le projet peut encore être sauvé. Plusieurs mesures sont nécessaires pour redonner vie à la promenade : Créer une autorité de gestion unique pour superviser la maintenance, la sécurité et l’exploitation du site. Développer des activités économiques légères : kiosques commerciaux, restauration, location de vélos, activités sportives et événements culturels. Ces revenus permettraient de financer durablement l’entretien et de dynamiser l’espace. Assurer la sécurité et l’entretien quotidien pour protéger les infrastructures contre le vandalisme et renforcer la confiance des usagers.
Impliquer les populations pour garantir la durabilité
La réussite de la promenade repose également sur l’implication des habitants de Port-Bouët. Leur participation à la gestion, à l’animation et à l’entretien, à travers des emplois locaux et des événements communautaires, favorise l’appropriation du site et sa fréquentation. Une promenade vécue et animée devient naturellement un espace protégé et durable, fidèle aux ambitionsinitiales
La Promenade de la Mer, avec son financement public, son architecture soignée et son ambition internationale, reste un projet stratégique pour Abidjan. Si elle a souffert du manque de suivi et de gouvernance, elle peut encore devenir un espace de loisirs, de sport et de tourisme attractif, en s’appuyant sur une gestion efficace, un modèle économique viable et la participation citoyenne. L’objectif reste inchangé : rapprocher Abidjan des grandes promenades touristiques mondiales, entre Nice et Santa Monica.
Firmin KOTO
Mots-clefs : Promenade de Port-Bouët