Pourquoi les nains étaient-ils honorés dans l’Égypte antique ?

À une époque où les discriminations n’avaient pas encore imposé leur emprise, l’Égypte antique accordait aux personnes de petite taille un statut social enviable, loin des stigmatisations modernes.
Dans nos sociétés actuelles, les personnes atteintes de nanisme subissent souvent des discriminations, et leur condition est souvent réduite à des clichés ou des moqueries. Pourtant, il existe une époque où leur différence était perçue comme un signe de distinction : l’Égypte antique. Non seulement les personnes de petite taille bénéficiaient d’un respect égal à celui des autres, mais elles accédaient également à des positions prestigieuses.
Un statut divin et une reconnaissance sociale exceptionnelle
Les fresques et hiéroglyphes de l’Ancien Empire égyptien révèlent une surprenante inclusion des personnes atteintes de nanisme dans la société. Ces dernières, loin d’être marginalisées, occupaient des rôles clés à la cour du pharaon. Certains, considérés comme possédant des pouvoirs divins, étaient enterrés dans des tombes prestigieuses proches de celles de la famille royale.
La mythologie égyptienne contribuait à cette valorisation : des dieux comme Bès, protecteur du foyer et des naissances, ou Ptah, patron des artistes et artisans, étaient souvent décrits avec des traits associés au nanisme. Trois termes précis, « Daneg », « Nemou » et « Neoua », servaient à désigner les personnes de petite taille en fonction de leur condition ou de leur rôle dans la société. Loin de toute moquerie, ces représentations témoignaient d’un grand respect envers ces individus.
Une perception qui évolue avec le temps
Cependant, cet âge d’or n’a pas perduré. À partir du Moyen Empire, un glissement s’opère. Les fresques deviennent plus caricaturales, et des textes décrivent les personnes de petite taille comme des anomalies.
Ces discriminations croissantes sont documentées, notamment dans La sage doctrine d’Amenemopet, un texte de l’époque ramesside exhortant les Égyptiens à ne pas insulter ou violenter les personnes naines.
Ainsi, l’Égypte antique nous offre un miroir fascinant : elle rappelle qu’une société peut choisir d’honorer ses différences ou, au contraire, de les rejeter. Un contraste saisissant avec les défis que les personnes atteintes de nanisme continuent de relever aujourd’hui.
Rachelle Tapé