La disparition de l’artiste Nadiya Sabeh, survenue le 3 décembre 2025, a profondément ému le monde culturel ivoirien et de nombreux admirateurs à travers le pays. Mais au-delà de l’émotion et des hommages, une polémique inattendue est venue troubler le recueillement : une erreur linguistique relevée sur sa pierre tombale, largement relayée sur les réseaux sociaux.
Sur la stèle funéraire, on peut lire la célèbre citation biblique inspirée de la deuxième lettre de Paul à Timothée :
« J’ai combattu le bon combat, j’ai achevée ma course, j’ai gardée la foi. »
Or, pour de nombreux internautes, enseignants et acteurs culturels, l’inscription comporte une faute grammaticale manifeste : les participes passés « achevée » et « gardée » ne devraient pas s’accorder au féminin dans cette construction.
Une faute jugée “inadmissible” dans un contexte national
Ce qui aurait pu passer pour une simple négligence privée prend une tout autre dimension lorsqu’il s’agit d’une figure publique et d’un hommage visible au niveau national. Plusieurs voix dénoncent une atteinte à l’image culturelle de la Côte d’Ivoire, estimant que de telles erreurs, exposées publiquement, fragilisent les efforts de valorisation de l’excellence linguistique et éducative.
« On ne devrait plus commettre des erreurs de ce niveau en public, surtout dans une affaire d’importance nationale », déplore un internaute, rappelant avec ironie que même « les élèves de CM2 » pourraient relever la faute.
Respect de l’artiste et devoir de rigueur
Au cœur de la controverse, une préoccupation domine : le respect dû à l’artiste. Pour ses admirateurs, laisser une inscription erronée sur la tombe de Nadiya Sabeh revient à ternir involontairement son héritage, alors même que la démarche se voulait honorifique et spirituelle.
Certains appellent ainsi à une rectification rapide, non par esprit de polémique, mais par souci de dignité, de mémoire et de pédagogie. D’autres rappellent que la langue française, héritage historique et outil institutionnel du pays, reste un marqueur fort de crédibilité culturelle sur la scène internationale.
Entre émotion, symboles et responsabilité collective
Cette affaire révèle surtout une tension récurrente entre l’émotion du deuil et la responsabilité collective dans l’espace public. Si la douleur de la perte appelle indulgence et compassion, l’exposition d’un symbole aussi fort qu’une pierre tombale invite également à la rigueur et à l’exemplarité.
Au-delà de la polémique, beaucoup espèrent que le débat aboutira à une correction apaisée, respectueuse de la mémoire de Nadiya Sabeh et porteuse d’un message positif : celui d’une Côte d’Ivoire attachée à la culture, à l’éducation et à l’excellence, même — et surtout — dans les moments de grande émotion.
Firmin Koto