La face cachée du « marché noir » de médicaments, la médecine locale reléguée
Les pharmacies sont au cœur d’un business mondial aussi dangereux que le commerce des armes. L’Afrique, cible principale, est l’un des continents les plus indexés dans la prolifération du commerce « non conventionnel » de médicaments.
Les mentalités s’y prêtent. Et pourtant, le marché noir du médicament est international. Il prend sa source en Europe. Avec des médicaments souvent risqués. Le magazine « 60 millions de consommateurs » dont l’étude a porté sur une soixantaine de médicaments, a dressé une « liste noire » de produits aux effets secondaires inquiétants voire « dangereux ». Ces remèdes figurent parmi les plus vendus.
Ceux sont les anti-toussifs, les médocs contre le rhume, le mal de gorge, la grippe et autres médicaments disponibles sans ordonnance. Et selon ce magazine, un sur deux parmi ces médicaments est « à proscrire ».
En tête de liste, les « stars anti-rhume » comme Actifed Rhume, DoliRhume et Nurofen Rhume. Ces tout-en-un composés généralement de deux ou trois principes actifs cumulent des risques de surdosage et des effets indésirables gravissimes allant de vertiges aux accidents cardiovasculaires en passant par des problèmes neurologiques.
« Ils devraient être retirés du marché », réclament donc des médecins et des associations de consommateurs occidentaux. Un combat difficile d’autant que le business du médicament est fort rentable avec de solides défenseurs dans les instances de prise de décision. Mais, quand ce combat aboutira, ces médicaments « dangereux » retirés du marché européen, pourraient envahir celui de l’Afrique, à l’instar de ces remèdes déjà interdits dans le monde et rencontrés dans les « pharmacies de la rue ».
Les réseaux clandestins sont intenses. Les pharmaciens locaux légaux approvisionnent les vendeuses du « marché noir » du médicament, la ministre de la santé de la Côte d’Ivoire Dr. Raymonde Coffie, l’atteste. Dans ce pays en l’occurrence, le célèbre marché abidjanais de Roxy à Adjamé, réputé pour le commerce illicite de médicaments, survit par l’action des professionnels de la santé. Nombre de destruction mais dans les rues les médicaments traînent.
A 80%, les populations ont par ailleurs confiance en la médecine traditionnelle. Une médecine qui manque pourtant de soutien et d’accompagnement durable, aussi bien au niveau national qu’international. Critiquée par la médecine conventionnelle comme « inefficace et dangereuse », cette médecine aux origines ancestrales produit pourtant de bons remèdes qui n’attendent qu’à être encadrés et promus. Pour l’heure cet aspect de la culture est réduit à des renforcements de capacité sexuelle. L’Attoté et le cure-dent gouro restent quelques chouchous des citadins.
Saxum