Côte d’Ivoire: le pont Alassane Ouattara, objet de fierté et de polémique sur les réseaux sociaux

Le cinquième pont d’Abidjan, inauguré le 12 août 2023 par le président ivoirien, suscite des réactions contrastées sur la toile. Si certains internautes ivoiriens vantent les mérites de cette infrastructure moderne et unique en Afrique de l’Ouest, d’autres la critiquent ou la comparent à d’autres ouvrages du continent.

Le pont Alassane Ouattara, du nom du chef de l’Etat qui en est l’initiateur, est un pont à haubans qui relie les communes de Cocody et du Plateau, en enjambant la baie de Cocody. Long de 1,6 kilomètre, dont 630 mètres de pont, il comporte un pylône de 108 mètres de hauteur et 19 câbles. Il a coûté 113 milliards de francs CFA (172,2 millions d’euros) et a été financé par la Banque islamique de développement (BID) et l’Etat de Côte d’Ivoire.

Selon les autorités ivoiriennes, ce pont va améliorer la mobilité entre les deux communes et décongestionner le trafic sur le boulevard lagunaire. Il s’inscrit dans le cadre du vaste projet de sauvegarde et de valorisation de la baie de Cocody et de la lagune ébrié.

Sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter et Facebook, le pont Alassane Ouattara fait l’objet de nombreux commentaires, photos et vidéos. Certains internautes ivoiriens expriment leur fierté et leur admiration pour cette réalisation, qu’ils considèrent comme un symbole du développement et de la modernité du pays. Ils n’hésitent pas à lancer des défis aux autres pays africains, en leur demandant de montrer leurs propres ponts. Ils se mettent en scène sur le pont, en se lavant, se brossant les dents ou faisant du sport, pour montrer qu’ils se sentent chez eux sur cet ouvrage .

D’autres internautes, en revanche, ne partagent pas cet enthousiasme. Certains dénoncent le choix du nom du pont, qu’ils jugent trop narcissique ou trop partisan. Ils rappellent que le président Alassane Ouattara n’est pas le seul acteur du projet, et qu’il aurait pu choisir un nom plus consensuel ou plus représentatif de la culture ivoirienne . D’autres critiquent le coût du pont, qu’ils estiment trop élevé ou mal justifié. Ils soulignent que le pays a d’autres priorités, comme la lutte contre la pauvreté, l’éducation ou la santé .

Certains internautes d’autres pays africains réagissent aux provocations des ivoiriens en leur rappelant que le pont Alassane Ouattara n’est pas le seul ni le plus beau pont du continent. Ils citent en exemple le pont Maputo-Katembe au Mozambique, le plus long pont suspendu d’Afrique avec 3 kilomètres de longueur, ou le pont Wouri au Cameroun, qui traverse le fleuve Wouri sur 1,8 kilomètre. Ils critiquent aussi les comportements des ivoiriens qui se lavent ou se brossent les dents sur le pont, en les qualifiant de ridicules ou d’immatures .

Le pont Alassane Ouattara est donc loin de faire l’unanimité sur les réseaux sociaux. Il illustre les clivages politiques, économiques et culturels qui traversent la Côte d’Ivoire et l’Afrique. Il pose aussi la question du rôle des infrastructures dans le développement des pays africains.

Sont-elles des facteurs de progrès ou des sources de gaspillage ? Sont-elles des motifs de fierté ou des objets de comparaison ? Sont-elles des espaces publics ou des terrains de jeu ? Autant de débats qui animent la toile et qui témoignent de la vitalité de la démocratie et de la diversité des opinions sur le continent.

Jonas Kouassi

Mots-clefs : côte d'ivoire, pont à haubans, pont Alassane Ouattara