Côte d’Ivoire: Laurent Gbagbo annonce la saisine de la CPI pour relancer le dossier de la crise ivoirienne

L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a annoncé avoir demandé à son avocat, Maître Emmanuel Altit, de saisir à nouveau la Cour pénale internationale (CPI) afin de relancer les procédures liées à la crise politico-militaire qu’a connue la Côte d’Ivoire entre 2002 et 2011. Cette démarche vise, selon lui, à établir toute la vérité sur les responsabilités restées non élucidées.
Dans une longue déclaration adressée aux Ivoiriens, Laurent Gbagbo est revenu sur les événements marquants de son mandat : la découverte du charnier de Yopougon en 2000, les attaques armées de janvier 2001 puis de septembre 2002 ayant conduit à la partition du pays, les multiples tentatives de médiation internationale, l’accord politique de Ouagadougou en 2007, et enfin l’élection présidentielle de 2010 organisée, selon lui, sans désarmement préalable des forces rebelles.
L’ex-chef de l’État rappelle qu’au terme du second tour du scrutin de 2010, une contestation des résultats a conduit à une crise sanglante opposant ses partisans à ceux de son rival Alassane Ouattara. Il affirme avoir été proclamé vainqueur par le Conseil constitutionnel avant que des puissances étrangères et l’ONU ne reconnaissent son adversaire comme président élu.
Arrêté le 11 avril 2011 à Abidjan lors d’une intervention militaire française et onusienne, Laurent Gbagbo a été transféré à la CPI à La Haye où il a été jugé aux côtés de Charles Blé Goudé pour crimes contre l’humanité. Les deux hommes ont été acquittés en janvier 2019, une décision devenue définitive en mars 2021 après la levée de toutes les mesures de contrôle judiciaire.
Dans son message, Laurent Gbagbo estime cependant que « l’injustice demeure tant que tous les faits n’ont pas été jugés » et dénonce une justice qu’il considère incomplète et sélective. Il s’interroge notamment sur l’absence de poursuites contre les instigateurs présumés de la rébellion armée et sur les responsabilités liées aux événements graves, dont les massacres dans l’ouest du pays qu’il qualifie de « génocide Wê ».
La nouvelle saisine de la CPI, indique-t-il, a pour objectif de remettre « le dossier de la guerre en Côte d’Ivoire sur la table », afin d’identifier l’ensemble des responsables et de rendre justice aux victimes et aux survivants du conflit.
« La vérité est une condition de la paix », conclut l’ancien président, appelant l’ensemble des acteurs politiques et judiciaires à assumer leurs responsabilités face à l’histoire.
Cette initiative pourrait rouvrir le débat national sur la mémoire de la crise ivoirienne, la lutte contre l’impunité et les conditions d’une réconciliation durable dans le pays. Pour l’heure, aucune réaction officielle de la CPI n’a encore été communiquée concernant cette nouvelle démarche.
Firmin Koto
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