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Abidjan, à l’école de l’alcool, de la drogue et du sexe

Cyril Verb | | Société

En Côte d’Ivoire, l’école est le lieu de tous les apprentissages et de toutes les initiations même les plus incompatibles. L’alcool, la drogue, le sexe côtoient les modules scolaires dans les lycées et collèges.

Des jeunes gens. Tenue Kaki, en pleine communion autour de stupéfiants ou d’alcool. Un cadre loin du décor d’une salle de classe. Ils y sont. C’est un « sans loi ». Ces zones où pullulent maquis et buvettes en milieu rural.

Rien qu’à cela, les cadres d’aujourd’hui et une grande partie de la jeunesse s’y reconnaissent. « On est tous passé par là », avouent plusieurs interlocuteurs.

C’est un fait général. La majeure partie des anciens élèves expliquent avoir fumé leur premier joint, pris la première gorgée d’alcool ou se sont initiés à l’acte sexuel pendant leurs années lycées.

En milieu rural,  les cabarets sont le plus prisés. Le Bangui (vin de palme) et le Tchapalo coulent entre deux cours ou en fin de semaine s’ils ne constituent pas un prétexte pour sécher les heures de classe.

Une photo de lycéens assis dans l’un de ces cadres, est publiée sur les réseaux sociaux et remet au centre des débats de ce type d’attitudes. Quatre jeunes garçons sont assis en face d’une bassine vide dans laquelle gît des dizaines de bouteilles vides. En face, un bidon d’une vingtaine de litre. Visiblement du Bangui. Certains y voient une des raisons des échecs scolaires et de la violence remarquée dans les établissements. D’autres y voient un loisir, un moment de détente.

En ville, à Abidjan notamment, le fait existe mais avec des techniques différentes. « Ici, ceux sont les zê parties » expliquent des lycéens dans la commune de Cocody. Regroupés au domicile d’un des leurs dont les parents sont  en déplacement, un groupe de jeunes improvisent une discothèque. La chicha, la cigarette, des cocktails faits maison dont la « codéine » (mélange de sirop contre la toux et de boisson gazeuse). La drogue et les partouzes  les enfument ces soirées week-end. En semaine, ils se retrouvent souvent entre deux cours ou pendant les  récréations dans un maquis non loin de l’école. Ils partagent  une bière avec des professeurs, quelquefois.

«Scandaleux, inconscient… », jugent certaines personnes. À ce propos, une réponse surgit et rétorque : « que celui qui n’a pas fait ça leur lance la première pierre».

 

 

Cyril Verb