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Abdellah Oustad : « La culture a le pouvoir de transformer les mentalités et de construire des ponts entre les peuples… »

Firmin Koto | | Société
Abdel

Dans ce nouveau numéro de votre magazine, explorons le parcours académique et professionnel d’Abdellah Oustad, un acteur clé de la scène culturelle marocaine. De ses études en communication et management culturel à ses projets ambitieux, il partage sa vision des défis et des opportunités de la coopération culturelle entre la France et le Maroc. Entrons dans son univers pour découvrir comment il construit des ponts entre les cultures et soutient les jeunes talents.

Comment vos expériences académiques ont-elles influencé votre vision des projets culturels au Maroc ?

Mon parcours académique, combinant un Master en Communication et Management culturel à Casablanca et un Master 2 en stratégie de développement culturel à Avignon, a joué un rôle fondamental dans la structuration de ma vision des projets culturels. Ces études m’ont permis de comprendre à la fois les défis locaux et les standards internationaux. Elles ont également nourri mon envie de construire des ponts entre la France et le Maroc, en mettant en avant la richesse des échanges interculturels.

Quels souvenirs marquants gardez-vous de vos études ?

Je garde un souvenir vif de la dynamique collaborative lors de mes études à Casablanca, notamment autour du Festival international de Théâtre Universitaire (FITUC), une expérience très riche qui a forgé ma personnalité. À Paris et à Avignon, j’ai été impressionné par l’approche méthodique et stratégique de la culture, ce qui m’a ouvert les yeux sur les possibilités de professionnalisation dans ce domaine. Ces deux expériences, bien que différentes, m’ont appris que la culture est avant tout une aventure humaine et collective.

Quels sont les défis de la coopération culturelle entre la France et le Maroc ?

Le principal défi est d’instaurer une véritable réciprocité. Trop souvent, les projets sont déséquilibrés, avec une domination des institutions européennes dans la définition des priorités. Une autre difficulté réside dans la bureaucratie et le manque de financements à long terme, qui freinent l’émergence de partenariats solides. Malgré cela, la richesse des échanges montre qu’une coopération équilibrée et respectueuse est possible.

Quels projets ou partenariats vous ont le plus marqué ?

Les Rencontres de la Photographie à Marrakech sont particulièrement significatives pour moi. Cet événement n’est pas seulement une plateforme pour exposer des œuvres, mais un véritable espace de dialogue et de transmission entre générations et cultures. Le programme Méditalents est également marquant, car il incarne une vision concrète de l’accompagnement des talents du Sud de la Méditerranée.

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Comment crée-t-on un événement culturel qui engage artistes et publics ?

Un événement réussi repose sur une vision claire et une véritable écoute des besoins des artistes et des publics. Par exemple, lors des Rencontres Musicales de Casablanca, nous avons mis l’accent sur la valorisation de l’authenticité locale tout en offrant une scène à des artistes contemporains. Une programmation variée, combinée à des activités participatives, permet de créer une connexion entre toutes les parties.

Quels sont les critères que vous privilégiez dans la sélection des artistes ?

Je privilégie l’originalité, l’authenticité et la capacité des artistes à dialoguer avec différents publics. Je cherche également des œuvres qui portent un message fort, capable de transcender les frontières culturelles.

Quels sont les principaux obstacles auxquels ces jeunes artistes sont confrontés ?

Les jeunes talents marocains et africains manquent souvent d’accès à des infrastructures adéquates, d’opportunités de visibilité et de financement. Il y a aussi une difficulté à naviguer dans les circuits internationaux, où ils se retrouvent parfois marginalisés faute de réseaux solides.

Quels conseils leur donneriez-vous ?

Je leur conseille de rester fidèles à leur vision artistique tout en cherchant activement à s’ouvrir au monde. Participer à des résidences, se former continuellement et établir des collaborations sont des étapes cruciales. Ils doivent aussi apprendre à présenter et défendre leur travail avec professionnalisme.

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En quoi l’art peut-il contribuer au dialogue interculturel ?

L’art est une langue universelle. Il permet d’aborder des problématiques complexes comme les migrations ou les identités culturelles sous un angle accessible et émotionnel. À travers les Rencontres de Marrakech, nous avons pu voir comment la photographie peut raconter des histoires locales tout en résonnant avec des publics diversifiés.

Pensez-vous que les échanges culturels en Méditerranée sont suffisamment valorisés ?

Il y a des initiatives intéressantes, mais elles restent fragmentées. Un effort plus soutenu, à travers des politiques culturelles communes et des financements dédiés, est nécessaire pour pleinement exploiter le potentiel des échanges culturels en Méditerranée.

Quelle est votre vision pour l’évolution des structures artistiques ?

Les structures artistiques doivent devenir plus agiles et adaptatives. L’expérience d’In Situ à Arles montre qu’une approche expérimentale et flexible permet de mieux répondre aux évolutions rapides du monde artistique. Cela inclut l’intégration du numérique et une collaboration étroite avec les communautés locales.

Avez-vous de nouveaux projets ?

Oui, je travaille actuellement sur les 50 ans de la marche verte, un projet visant à numériser et exposer la mémoire collective marocaine, avec des récits, des slogans et des photographies, pour les rendre accessibles au grand public. Ce sera un élément majeur de la programmation de la cinquième édition des Rencontres de la Photographie, avec une ouverture plus large aux artistes africains émergents.

Comment trouvez-vous l’équilibre entre vos projets personnels et votre rôle de promoteur culturel ?

C’est un équilibre délicat, mais mes projets personnels en photographie et en vidéo nourrissent ma réflexion et enrichissent mon travail de promoteur culturel. Je considère mes pratiques artistiques comme un laboratoire d’idées.

Quelles thématiques guident votre travail artistique ?

Je suis inspiré par les notions d’identité, de mémoire, et de connexion entre l’homme et son environnement. Ces thèmes se reflètent dans mes photographies et vidéos, souvent centrées sur les paysages et les interactions humaines.

Quel impact espérez-vous laisser ?

J’espère avoir contribué à la structuration d’une scène artistique durable au Maroc avec une politique culturelle digne de notre histoire et à la reconnaissance des talents marocains et africains sur la scène internationale. Mon objectif est de laisser des outils, des plateformes et des réseaux qui continuent à soutenir la création artistique.

Quel message souhaitez-vous transmettre ?

Soyez audacieux, persévérants et ouverts. La culture a le pouvoir de transformer les mentalités et de construire des ponts entre les peuples.

Quel serait l’événement culturel idéal ?

Un événement qui réunit des artistes multidisciplinaires, avec des créations en direct et une forte implication du public, reflétant les valeurs de partage, de diversité et d’innovation.

Comment voyez-vous évoluer les relations entre artistes, institutions et public ?

Je souhaite des relations plus collaboratives, où chaque partie joue un rôle actif. Les institutions doivent être des facilitateurs, les artistes des médiateurs, et le public un co-créateur.

Firmin Koto

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