Yannick Koffi, le mineur au talent en ré majeur
A 11 ans, il fait partie, depuis l’âge de 9 ans, du Top 5 des plus jeunes musiciens (sur)doués de la planète. En tout cas, son histoire est une belle histoire, genre conte de fées, mais avec une dose de réalisme. Apprenant à taper en rythme sur des pots et des casseroles en même temps qu’il faisait ses premiers pas et prononçait ses premières paroles, son père se rend, très vite compte que Yannick est capable de maitriser un instrument aussi vite qu’il pose ses mains sur lui.
Pour son cinquième anniversaire, son père qui, entre-temps avait émigré à Sydney en Australie, après avoir fait ses classes d’acteur en plus de connaître un succès relatif en tant que musicien en Afrique du Sud, dès son arrivée en 1998, lui offre un kit de batterie jazz. Il fait partie intégrante, dès lors, de Gervais Koffi & The African Diaspora, premier orchestre ouest-africain d’Australie, aux côtés de son frère aîné Jean-Eric et de son père. Son talent explose sur Myspace, YouTube et dans les médias traditionnels, surtout après son passage au Oprah Winfrey Show. «Jusqu’où ira celui qu’on appelle le «Mozart de Marickville?», du nom de la cité de résidence de la famille Koffi, s’était alors écriée l’animatrice américaine, la femme noire la plus influente au monde!
«Je suis un enfant» mais pas… ordinaire
A cette même interpellation, son père répond:«J’ai fait ce que j’ai à faire en tant qu’homme du showbiz pour ma carrière. Maintenant, il m’appartient de projeter Yannick, ainsi que son frère…». Ainsi dit, l’on comprend, aisément, pourquoi le géniteur du «Messie» fait des pieds et des mains pour assurer une éducation irréprochable à son rejeton. Dont il a pu obtenir l’inscription et l’acquisition d’une bourse au Mcdonald College of arts de Sydney, l’institution océanienne privée, la plus prestigieuse en matière d’éducation artistique intégrale, très sélective. Il y est en fin de cycle primaire, mais jouit d’une grande renommée, suivant et coachant, à l’occasion ses aînés des classes terminales. C’est la star de l’école. A preuve, toute la communauté McDonaldienne s’est mobilisée pour lui offrir sa tenue de scène, pour venir jouer à l’investiture d’Ado.
Le ménageant de tous les artifices du star-système, Gervais Koffi, le regard paternel, ô combien admiratif, porté sur Yannick, lâche: «Ce n’est qu’un enfant comme tous les autres». Non même si ce refrain sonne en écho à l’un des titres du prodige: «Je suis un enfant». Et ça,Yannick, toujours scotché, soit à un téléphone, un I-Pod ou une console de jeu vidéo, entre deux roulements de tambours ou quelques notes de solfège ou de vocalises est comme tous «les enfants» de cette époque des nouvelles technologies. Pour lui, jouer de la musique est un jeu. Et quand un enfant n’a pas envie de jouer, il ne joue pas. Lui demander d’aller à un concert, alors qu’il a sommeil, confie son père, c’est la croix et la bannière. D’où l’encadrement de rigueur, teinté d’une dose de flexibilité, «pour que Yannick réussisse dans sa vie, dans la vie».
En fait, au fil des ans, le jeune prodige intègre en lui la dimension professionnelle de son art. En effet, il sait désormais que «le talent seul ne suffit pas». «Papa me demande de répéter, répéter et encore répéter. Avant, ça me fatiguait ou m’énervait, car j’avais, soit envie de jouer à autre chose soit de bouffer une glace que de jouer la même chose. Maintenant, je sais que c’est pour que je ne joue pas faux devant le public ou mes amis».
«Quelque chose de très fort à partager avec le monde entier»
Mais ne nous faisons pas d’illusions, avec son look à la Bob Marley, le regard un brin malicieux. Yannick Koffi sait qu’il n’est pas un enfant ordinaire. «Il sait qu’il est super doué, mais qu’il lui faut aussi de l’exercice pour être constant, voire performant sur scène», soutient son père. Une attitude qui l’amène à afficher une humilité qui frise la maturité intellectuelle. Au point qu’il n’hésite pas à filer quelques «tuyaux» à son chef de groupe de père, son frère ou les autres membres de African Diaspora.
Toute chose qui fait dire à son père, le paraphrasant: «Yannick a quelque chose de très fort en lui à partager, avec le monde entier par et avec la musique qu’il a reçu en un don inouï».
Est-ce pour cette raison que «le petit génie», ainsi que lui a murmuré à l’oreille le Président Ouattara et dont il est très fier, a composé et joué «Que la paix revienne» à Yamoussoukro, le 21 mai? Ville symbole, message symbole par la voix ingénue d’un enfant.
Du jazz au reggae, en passant par la fusion, le funk, le classique, Yannick Koffi arpente les méandres de la planète musique avec une dextérité qui réconcilie les mélomanes avertis avec le bon tempo. Mais aussi aguiche les néophytes et séduit les décalés avec un jeu de scène aux confluents du Hendrix, Marley et Buttler.
De la quinzaine d’instruments qu’il tutoie avec une classe insolente «Nicky» y a ajouté, plus récemment, le saxophone, dont les premières notes sonnent comme l’étendard d’un talent… éternel. Vive le…«Messie de la mélodie».