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Le « Testament » de Dj Arafat selon Angelo Dogba

Innocent KONAN | | Musique

Le rappeur ivoirien Angelo Dogba de son vrai nom Ange Romain Akou a partagé une réflexion qu’il présente comme le « Testament » de Dj Arafat sur les réseaux sociaux. Suivons ensemble sa réflexion.

Le rappeur commence ses analyses sur « l’angle technique » dont faisait usage le roi du coupé décalé pour s’imposer dans le monde musical. Il met l’accent sur les clashs.

« Les clashs de Dj Arafat n’étaient pas un phénomène nouveau : les clashs en Côte d’Ivoire remontent à l’époque du Ziglibiti ou même avant, jusqu’à Douk Saga en passant par le Duel François Lougah – Bailly Spinto, le duel Flotte impériale – ministère authentique, les clashs du rap underground, sans oublier les facteurs extérieurs avec les clash Américains qui étaient même sanglants avec la mort de Biggie et 2Pac. Les clashs je les connais donc ! mais la particularité de Dj Arafat c’était la spontanéité, la légèreté, la fréquence, la réactivité et le contenu des clashs qui lui étaient soit imposés, soit initiés par lui-même et dans un contexte de conservatisme culturel Africain. Le tout aidé par sa maniabilité et sa maitrise du grand outil qu’est Internet ! Il se dégage de ses clash deux facteurs : le fond et la forme. Dans le fond, Dj Arafat nous présentait un contenu cru, direct, sincère et parsemé de légèreté ; un contenu qui dérangeait plus d’un et qui l’éloignait progressivement de certains acteurs, de certains parents et mélomanes, mais que ses fans adoraient ! Mais dans la forme, les clashs d’Arafat étaient un grand outil marketing performant et puissant, une technique de pénétration de marché qui tel un déluge, entraînait avec lui tous ceux qui étaient dans la même vague, le coupé décalé et toute la musique urbaine ivoirienne et africaine. » explique-t-il.

Pour lui, « L’autre aspect technique important qu’Arafat a engendré, c’est la restructuration de l’industrie musicale ivoirienne. » ce que d’ailleurs le monde musical reconnait aujourd’hui. « Arafat a été le premier en Côte d’Ivoire à créer ou travailler avec des plateformes musicales sur Facebook qui faisaient la promotion de son image et la promotion de sa musique, il a aussi été le premier à créer une véritable « banque » de fanatiques et de followers qu’il entretenait et aimait comme des membres d’une même famille et qui le lui rendaient bien ! Il a créé avec eux un rapport Artiste-Fans à caractère unique en Côte d’Ivoire et en Afrique. Ajoute-t-il.

Au plan spirituel, « Le plus grand “testament” que nous laisse la disparition d’Arafat est ceci: « Demain ne nous appartient pas , il appartient à DIEU …» L’élément le plus important dans l’accident d’Ange Didier, ce n’est pas la dame qui ne l’a peut-être pas vu et ne s’est pas arrêtée, ni Ange Didier qui était trop en vitesse, mais c’est le « timing » ( le temps). Si la dame avait retardé ou avancé d’une minute ou que Ange Didier avait décéléré ou accéléré d’une minute, l’accident ne serait pas arrivé, et ce temps appartient à DIEU ! » Explique-t-il.

Il termine sa réflexion en touchant au volet sociétal. « L’accident et la disparition de Dj Arafat si célèbre et si jeune, a un impact et des implications indéniables sur la société » fait-il remarquer. Avant d’affirmer qu’« Arafat n’était finalement rien d’autre qu’un jeune joyeux et talentueux qui vivait pleinement sa vie et son temps ! que sa vie et sa mort soient un « testament” pour tous. »

 

Innocent KONAN