Sortie du premier album de l’artiste rennaise Mary Shelly : Mes râles et dédales
Mary Shelly se passionne depuis plus de vingt ans pour ce qu’elle appelle « L’art afro ». Elle vagabonde à travers ses rythmes, ses formes, ses danses et ses couleurs.
La voix douce et apaisante de Mary Shelly laisse émaner sa joie de vivre intérieure. Son âme d’enfant l’empêche de se prendre au sérieux. L’art est son moyen d’expression. Elle pense qu’il ne s’apprend pas mais se vit : le monde est une scène géante où chacun joue son rôle.
On vous connaissait plutôt en tant que danseuse, d’où vous est venue l’envie d’enregistrer cet album ?
Cela fait quelques années que j’ai écrit et composé ces chansons, après les avoir jouées en duo, solo ou trio. J’ai enregistré cet album afin de pouvoir présenter mon travail, et surtout donner envie aux programmateurs de me faire jouer.
Pourquoi avoir fait le choix de l’enregistrer en live ?
A mon goût, les meilleurs albums que j’ai écoutés sont enregistrés en live : Alpha Blondy, Peter Tosh, Youssou N’Dour, Fela, Higelin à Mogador, Luky Dube, Toure Kunda… La liste est longue !
Aussi, je me dis que si un programmateur écoute l’album, s’il apprécie, il saura que je ne peux pas faire pire ! Il est impossible de trafiquer quoi que ce soit sur un enregistrement live. Tout y est, même mes imperfections !
Parlez-nous un peu des musiciens qui vous accompagnent. Est-ce que ce sont toujours les mêmes ?
J’ai rencontré Feli, le guitariste, sur une scène à Nantes. J’étais un peu désespérée. Il m’a dit qu’il aimait bien ce que je faisais, qu’il ne fallait pas que j’hésite à l’appeler si j’avais besoin. C’est donc ce que j’ai fait !
Il me fallait des arrangements sur mes morceaux. Je lui ai fait part de mon projet, il m’a présenté Munch, le bassiste. Kris, le batteur, m’accompagnait parfois sur les cours de danse que je donnais à Laval ; j’aimais le fait qu’il joue aussi du jazz. Tibou, le percussionniste et griot, je l’ai rencontré au Sénégal. Il y a enfin l’amie Charlène, qui aime faire mes chœurs. Tous se sont mis réellement à mon service, je ne les remercierai jamais assez. Après, les musiciens peuvent changer suivant leur disponibilité lors des tournées que j’ai envie de faire.
Avez-vous déjà des dates de prévues pour des concerts ?
Pas encore, j’attendais la sortie de mon album pour enfin pouvoir démarcher, mais je suis ouverte à toute proposition !
Vous êtes auteure et compositrice, est-ce important pour vous de tout maîtriser ?
Je ne pense pas maîtriser, je fais ce qui me passe par la tête. J’aime écrire, dessiner, danser, et je me réveille parfois avec des mélodies dans la tête, alors je mets le tout dans un ordre qui me fait vibrer, sans autres pensées.
Comment avez-vous choisi le titre de l’album, « Mes râles et dédales » ?
Un petit jeu de mots. Je n’ai pas pour habitude de râler, mais pour le coup, mes râles sont toutes ces blessures profondes qui sont là et qui tournent dans les dédales de mon cerveau en essayant de trouver une porte de sortie. Les dédales sont des labyrinthes, il y en a plusieurs, comme nos cerveaux paraît-il.
Cet album a vu le jour grâce au soutien de l’Association Mamakao, que vous avez créé il y a quelques années. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur cette association ?
L’association a pour but de promouvoir la culture africaine à travers différentes formes d’art, principalement depuis quelques années les arts du spectacle. J’ai écrit un jour la phrase qui la représente à mon avis le mieux : « Petit rêve utopique alliant l’art à notre vie, notre petit monde… »
Vous êtes également soutenue par le Mouvement de la Paix. On vous sent très impliquée dans le milieu associatif. Est-ce important pour vous ?
Depuis que je suis petite, je ne comprends pas pourquoi il y a toutes ces guerres dans le monde entier. Je ne comprends pas pourquoi ce sont des gens qui n’ont rien demandé qui meurent, des femmes, des enfants, des hommes. Pourquoi ceux qui sont aux manettes ne règlent-ils pas leurs problèmes entre eux ? C’est mon côté naïf !
Vous avez choisi la plateforme de financement collaboratif « Ulule » pour pouvoir sortir votre premier album. Pourquoi avoir fait ce choix ?
Pourquoi pas je dirais ! Non, en fait, je suis sans le sou, et sans le sou on ne va pas bien loin, même si on y met tout notre cœur. Alors j’ai fait appel aux personnes qui croient en moi via Ulule, et ça a marché, j’ai réussi à réunir les premiers fonds dont j’avais besoin pour enregistrer.
Tout le monde a donné du sien, et grâce aux soutiens de Copyroom, de Casa Breizh, du Mouvement de la paix et du Jardin moderne, ainsi qu’à celui de toutes les personnes qui ont participé financièrement ou humainement, j’ai pu réaliser mon rêve.
C’est votre ami le peintre burkinabé Pytha Nikiema qui a peint la toile qui illustre la couverture de votre album. Pouvez-vous nous dire ce qu’elle représente ?
Oui, je lui ai fait une commande car j’aime sa façon de s’exprimer sur la toile. On me dit toujours que je suis une guerrière. Comme par ailleurs j’aime les chevaux, j’ai demandé à ce qu’il me représente en amazone, celle-ci ayant pour seules armes des instruments de musique. Les poings sont levés avec une guitare dans la main droite et une lyre dans la main gauche. Je tenais à ce que la lyre soit représentée. Ce sont les bardes qui en jouaient en Bretagne, et elle a été interdite par les Chrétiens. Les bardes étaient des sortes de griots, qui chantaient les maux des populations, entre autre. Cette image représente mon côté breton.
« Abus de conscience », « A mal d’âme », « Rêves », « Enfant soldat »… A travers les textes de vos chansons, on sent chez vous une réelle volonté de rendre le monde meilleur. Qu’est-ce qui vous motive aujourd’hui ? Quels sont vos combats ?
Mon combat est celui de tous, VIVRE ! Vivre au mieux dans un monde où l’on puisse être en paix avec soi-même, avec l’autre, les autres.
Propos recueillis par Christine Vainqueur (Rennes, le 13 avril 2017)
CD en vente sur le site du Mouvement de la Paix : http://www.mvtpaix.org/wordpress
Site de l’association Mamakao : http://www.mamakao.org