Richard Bona : L’enfant prodige du jazz
Issu d’une famille de musiciens, Richard Bona naît à Minta, dans l’Est du Cameroun, en 1967. Fasciné par le balafon, sa carrière de musicien débutera intimement à l’âge de 14 ans à la chorale de l’Eglise de son village natal avec sa mère et ses quatre sœurs. Très vite, il se taille une solide réputation et ses prestations lors des baptêmes, mariages et autres cérémonies sont appréciées par le public. Comme bon nombre de musiciens africains, Richard doit faire preuve d’imagination pour fabriquer ses instruments. Ingénieux bricoleur, il conçoit sa propre guitare à 12 cordes avec des câbles de freins de vélo.
Surnommé « Fantômas » par ses camarades de classe pour son absentéisme aux cours, l’apprenti musicien préférait plutôt s’entrainer des heures entières sur ces instruments de fortune que de les passer sur des bancs de classe. La patience et le courage aidant, Richard Bona arrive à s’acheter une vraie guitare grâce à ses premiers contrats.
En 1980, l’artiste rencontre un Français expatrié au Cameroun qui tient un club de jazz. Ce monsieur lui propose de créer un orchestre de jazz en quelques semaines. Alors le gamin de Minta passe donc ses jours et ses nuits à explorer cette musique, jusqu’à la révélation lorsqu’il écoute un disque de Jaco Pastorius. Enthousiasmé par la vélocité du jeu du bassiste de Weather Report, il se convertit aussitôt à ce nouvel instrument, laquelle conversion qui marquera pour sûr le début d’une carrière internationale…
L’aventure européenne
Passage quasi-obligé pour la majorité des artistes africains, Richard Bona débarque en Europe à l’âge de 22 ans. D’abord en Allemagne puis en France afin d’y entreprendre des études de musique.
En 1995, il est finaliste du concours « Découvertes » de Radio France Internationale, avec « Eyala » ; une ballade acoustique inspirée de la tragédie de la guerre en ex-Yougoslavie qui séduit le jury. Mais cette année-là, la France ne lui reconduit pas son titre de séjour, les autorités prétextant que plusieurs bassistes français sont au chômage. Déçu, Richard ne compte plus que sur son talent et s’envole pour les Etats-Unis où il réside désormais. New York, ville cosmopolite et reconnaissante envers les talents d’exception, semblait attendre le prodige bassiste camerounais. A New York, ce mélodiste écumait les boîtes de jazz. Jake Holmes, auteur de nombreux succès pour Harry Belafonte le remarque et l’engage comme Directeur musical sur les spectacles du fameux crooner américain. La liste de ses collaborations avec les plus grandes stars américaines est longue et Richard se glisse dans l’univers de chacun d’eux avec une étonnante facilité. De Paul Simon à George Benson en passant par Queen Latifah, Herbie Handcock ou encore Bobby Mc Ferrin, il travaille avec des musiciens de tous horizons, toujours en quête de nouvelles sensations musicales, dans le jazz, la salsa et même dans la country.
Au fil de ses prestations fort appréciées, Richard Bona est remarqué par Bradford Marsalis, célèbre saxophoniste qui décide de lui faire signer son premier album chez Colombia jazz. « Scene of my life », sorti en 1999, révèle Richard et le propulse sur la scène internationale. Entre jazz, pop et musique africaine, le »gamin de Minta » ne tardera guère à faire l’unanimité…
Aujourd’hui, avec près de cinq albums à son actif, Richard Bona continue sans cesse et sans s’épuiser son tour du monde. De concert en concert, sa voix mélodieuse et son habileté à jouer transpercent les cœurs et font rêver tous les incontournables du jazz.
Le 07 Mai 2004, Richard recevait aux victoires du jazz, le prix du meilleur artiste international de l’année 2003, une vraie reconnaissance pour cet artiste qui fait désormais partie des figures incontournables du jazz… Richard Bona, l’enfant prodige n’a pas fini de surprendre…