Rencontre avec Shelly Allone, vagabonde de l’art
QUAND LA MUSIQUE ET LE MOUVEMENT NE FONT PLUS QU’UN

Originaire de la Barbade, installée en Bretagne, Shelly Allone est une artiste polyvalente : danseuse, compositrice, auteure, interprète et musicienne. Elle est notamment connue pour sa musique aux influences afro-trans. En novembre 2024, elle sort l’album “A mal d’âme”, qui comprend des titres tels que “Mam”, “Afreeka”, “Diam” ou encore le célèbre “Ya ka danser”.
Pouvez-vous nous parler de vos premières influences musicales et de ce qui vous a poussé à vous
lancer dans la musique ?
La musique a toujours fait partie intégrante de ma vie, elle est l’essence du mouvement et fait chanter les mots. Mes influences sont multiples. J’écoute de la musique depuis mon plus jeune âge. Il n’y a que l’art qui embellissait mon existence, me donnait toutes sortes d’émotions. Ska, funk, soul music, chanson française, blues, salsa, musique africaine, jazz, reggae, gospel : tous ces styles sont passés dans mes oreilles. Ce ne sont pas ces influences musicales qui m’ont poussées à faire de la musique, mais plutôt les mots qui chantent en moi et se retrouvent en mélodies à clamer.
En dehors de la musique, quelles sont vos sources d’inspiration ?
La vie, les enfants, mon cerveau en perpétuelle ébullition !
Votre approche artistique mêle danse et musique. Comment ces deux disciplines se nourrissent-elles mutuellement dans votre processus créatif ?
La musique et la danse ne font qu’un. J’ai au fond de moi envie de faire danser le monde.
Quel rôle joue la danse dans la façon dont vous vous exprimez sur scène ?
La danse est pour moi un exutoire qui rend le corps et l’esprit libres de toute emprise. Elle
est dans mon corps. Mes proches me disent souvent que je danse, par exemple lorsque je m’ennuie
ou que j’attends quelque chose, mais moi je ne m’en rends pas compte. Cela les fait rire. Mes compositions ont des rythmes qui s’emboitent, s’entrelacent, se mêlent… c’est ce que
l’on appelle la polyrythmie. Cela crée un groove qui fait que lors de mes concerts, on se dandine sans
crier gare.
Pouvez-vous nous parler d’une expérience ou d’une performance qui vous a particulièrement marquée dans votre carrière ?
Pas vraiment, chaque nouvelle expérience est belle à vivre tant qu’il y a du partage.
En tant qu’artiste polyvalente, vous rencontrez de nombreux défis. Comment les surmontez-vous au quotidien ?
Je dirai que le défi le plus dur à surmonter, c’est de jouer seule : une femme, et métisse en
plus ! Ce n’est jamais facile de vendre un projet créatif. Le mien ne rentre pas dans les cases
habituelles.
Les défis les plus compliqués, ce sont la communication, proposer ses spectacles, négocier
son cachet. On sort du rôle d’artiste. Malheureusement, si on ne le fait pas, personne ne le fait à
notre place. C’est une étape à franchir. Ensuite, lorsque l’on commence à être connu et à gagner
plus d’argent, on peut payer des gens pour nous aider, c’est plus facile.

Votre album “A mal d’âmes” semble très personnel. Quels événements ou émotions vous ont
inspirée ?
Chaque morceau a son histoire cachée dans les dédales de ma vie. Le monde en déraison et
l’injustice pour Passes, Parole d’homme, enfant soldat, Ya ka danser, Afreeca. Les pervers
narcissiques pour Diam. Des réflexions, états d’âme, sentiments pour Rêves, Enfant soldat, Mam.
Comment avez-vous choisi les titres et quel est le message que vous souhaitez transmettre à
travers vos chansons ?
Les titres sont choisis par rapport aux thèmes et aux mots, idées, évoqués dans les chansons.
Mon message, sans grande originalité, sera toujours paix, amour et tolérance face à la différence …
et l’indifférence !
Quels sont les projets que vous avez en tête pour les mois à venir ?
J’ai créé un spectacle familial et participatif pour les enfants (que nous sommes toutes et
tous) et leurs parents. Je l’ai appelé « Au-delà des soi ». J’aimerais le faire tourner aussi. J’ai un
projet d’illustration pour des histoires que j’ai écrites pour les enfants. Je prépare un album sur un
autre thème. Je voudrais animer des ateliers de création dans le cadre de projets culturels avec les
écoles, les médiathèques, etc.
Quelles sont vos aspirations futures en tant qu’artiste ?
Etre simplement reconnue et appelée pour créer, jouer, partager. Continuer ma route de
vagabonde de l’art.
Christine Avignon
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