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RAS KWACY, artiste musicien-auteur-compositeur-interprète : « pour moi, le blanc et le noir doivent vivre ensemble “Sans différences” »

Innocent KONAN | | Musique

Originaire de Dimbokro et Agboville, RAS KWACY de son vrai nom KOUACY PATRICE GERMAIN RAYMOND, est issu d’une grande famille dont les mutations administratives de son père dans plusieurs villes lui ont permis de connaître le pays profond durant son adolescence. En 1987 il démarre sa carrière musicale au sein de l’orchestre municipal à Yamoussoukro. Le début des années 90 s’annonce avec des prestations sur différentes scènes au carnaval de Bouaké jusqu’en 92. Aujourd’hui, il est l’auteur d’un album de 10 titres intitulé « Sans différences ». Dans ce nouveau numéro, votre Magazine préféré 100pour100culture est allé à la rencontre de ce génie du reggae afin de vous faire découvrir son univers musical.

Vous êtes l’un des leaders du mouvement rastafari en Côte d’Ivoire et aussi l’un des fondateurs du village rasta à Abidjan. Comment avez-vous fait vos premiers pas dans la musique ?

J’ai fait le premier pas dans la musique lorsque j’étais encore élève. Tout jeune déjà je m’intéressais à la musique. Et mon professeur d’anglais qui était quelqu’un de proche à moi m’expliquait un peu les chansons de Bob Marley. Et mes sœurs  à chaque fois qu’on se voyait revenaient avec des disques de Bob Marley. Voilà comment est né en moins l’envie de faire de la musique.

Pourquoi avoir choisi particulièrement la musique reggae ?

Oui à l’époque c’est Bob Marley qui dominait mon esprit et son message était très poignant. Aussi le style des artistes reggae me plaisait beaucoup, car déjà je n’aimais pas me faire couper les cheveux. Voilà comment je me suis retrouvé en plein milieu du mouvement rastafari…

La musique vous suit donc depuis votre tendre enfance. Qu’est-ce que vous écoutiez avant de devenir un artiste connu ? Est-ce uniquement les chansons de Bob Marley ?

J’aimais beaucoup écouter les chansons de Bob Marley, mais disons que j’écoutais aussi de la pop musique. Avec la pop c’était la mode ! on voyait nos grands frères dans le style avec des jeans serrés. La pop a beaucoup dominé ma jeunesse ensuite est le reggae…(Rire)

Votre album “sans différences” composé de 10 titres est un pur délice. Pouvez-vous nous en dire plus sur l’enregistrement du premier titre qui porte le nom de l’album ?

“Sans différence” pour moi, c’est un titre qui sort un peu de l’ordinaire. On voit beaucoup de jeunes africains qui cherchent à traverser la mer pour aller se chercher en Europe. Et je me suis dit, mais nous les Africains on cherche à traverser l’océan pour aller en Europe pour espérer avoir une belle vie malgré les conditions difficiles alors que les européens à leur tour essaient de venir en Afrique, s’installer et profiter aussi du bon temps librement sans condition. Cette situation m’a poussé à faire sortir le single “sans différences” qui est d’ailleurs le titre de l’album, car pour moi, le blanc et le noir doivent vivre ensemble “Sans différences”.

Et “sans différence”, c’est aussi un appel à la non-violence et surtout à la paix et à la cohésion sociale dans ces moments de crise postélectorale ?

Justement, car aujourd’hui en Côte d’Ivoire nous traversons une période assez difficile à cause de la situation politique. Aussi nous assistons à plusieurs crises en Afrique et partout dans le monde. “Sans différence”, c’est aussi un appel à l’unité et à la non-discrimination.

Comment se porte le reggae ivoirien selon vous vu que vous suivez son évolution depuis plusieurs années ?

Le reggae ivoirien se porte bien. Il y a eu quand même des avancées. Il faut qu’il y ait plus d’unité au sein des reggaeman. Il faut favoriser le vivre ensemble. Que les plus grands reggaeman viennent en aide à ceux qui n’arrivent pas à se relever ou à ceux qui viennent de commencer.

Vous êtes originaire de Dimbokro, ville située au centre de la Côte d’Ivoire. Quel regard vos proches portent-ils sur vous ?

J’ai eu la chance d’appartenir à deux régions de la Côte d’Ivoire. Mon père vient de Dimbokro et ma mère d’Agboville. Je suis donc baoulé et krobou. Je chante en français, en anglais et en baoulé. Le peuple baoulé comprend mieux mon message quand je m’exprime en baoulé.  Dans l’album “Sans différences”, j’ai fait 3 titres en baoulé : “GNENMIEN PKPLI” qui veut dire “Dieu”, “E TI KOUNGBA” qui signifie “Nous sommes UN” et “KAN KLE BE” un single sur lequel j’ai collaboré avec feu l’artiste Alla Thérèse. Ce titre signifie “Dis-leur”. Un titre pour sensibiliser sur l’éducation. Je fus l’un des derniers artistes à avoir travaillé avec elle.

Votre collaboration a-t-elle été difficile ? Vu que vous avez des styles de musique différents.

Pas du tout. Moi-même déjà je suis instrumentiste. Mon style le reggae c’est du reggae pur, mais avec des couleurs et des sonorités africaines. Du reggae pur et dur, mais pas forcément à la jamaïcaine, mais à l’africaine. Notre duo s’est très bien passé.

Lors de votre passage à l’émission Peopl’Emik sur la 3, vous avez affirmé que vous ne vous êtes pas coupé les cheveux depuis 40 ans. Est-ce dire  pour être un artiste reggae, doit-on forcément garder les cheveux ?

Non pas forcément. On peut être rasta sans avoir des dreadlocks. On a même des personnes qui ont des dreadlocks et qui ne sont pas rasta.

Un album ou un single en préparation ?

Oui j’ai des titres en préparation. Mais je me concentre en ce moment sur la promotion de l’album “Sans différences”.

Un mot de fin ?

J’invite tout un chacun à cultiver la paix. Il faut la paix pour bâtir un monde meilleur. Aussi, il faut toujours garder la foi dans tout ce que vous faites. Je vous remercie.

 

Innocent KONAN