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« Mon Afrique » : un véritable retour aux sources de Mokobé

Atse Ncho De Brignan | | Musique

Le rappeur français d’origine malienne, Mokobé Traoré dit Mokobé du célèbre groupe 113 vient de mettre sur le marché du disque son premier album solo « Mon Afrique » sorti le 11 juin 2007 en France chez Sony Music BMG.

Mokobe

Co-fondateur du Groupe 113 avec l’Algérien Abdelkrim Brahmi-Benalla dit Rim’K et le Guadeloupéen Yohann Duport alias AP, Mokobé et les siens se sont fait remarquer sur la scène musicale en 1998 avec « Truc de fou » puis ont connu le succès avec la succession d’albums et de single comme « Les Princes de la Ville » (1999), « 113 fout la merde » (2002), « 113 Dans l’urgence » (2003) et enfin « 113 degrés » (2005).

Egalement, à travers ce groupe, l’on reconnaît les touches de Mokobé par sa collaboration avec le groupe Magic system dans « Un gaou à Oran » puis dans « Bouger Bouger ». Il flirt un moment donné avec le coupé-décalé sur le titre « On est ensemble » du jet-setteur Le Molare, en 2006.

Aujourd’hui, le rappeur franco-malien reste peu ou prou infidèle au 113 et décide de voler de ses propres ailes. Il sort donc « Mon Afrique » ; un album qui, estime-t-il, lui ressemble pour le simple fait de l’omniprésence de sa double culture [du Mali et de la France] aussi bien dans les sons que dans les textes. Il réconcilie de ce fait, non seulement les musiques africaines avec le rap, mais aussi l’expression populaire et la gestuelle du continent noir avec le hip-hop des banlieues françaises, dixit un connaisseur de la chose.

Pour ce qui est du titre « Mon Afrique », ce Berceau de l’humanité, le rappeur l’explique sans détours : « C’est un album-concept entre le rap et les autres rythmes africains avec plusieurs thèmes, entre autres : l’esclavage, l’Afrique, mes origines maliennes. Plusieurs facettes de l’Afrique sont touchées. Ce continent, pour moi, est très riche et a tout à donner. Je rêve qu’un jour, il se retrouve sur un trône ». En un mot, c’est tout un ensemble de titres musicaux aux styles différents et très engagés politiquement que renferme cet opus. Il s’inscrit dans une logique de retour aux sources avec une mosaïque culturelle et de sons.

Le rap est pour ce jeune de la banlieue parisienne un tremplin qui lui permet de mieux peindre la misère de son peuple afin de donner une autre image d’un continent qui regorge d’énorme patrimoine culturel. Très attaché à l’idée d’africanité, il chante dans un de ses titres « Paroles de Soninké » ; une chanson dédiée aux victimes maliennes et ivoiriennes des incendies de 2005 du Boulevard Vincent Auriol dans le 13è arrondissement de Paris. Dans un autre titre comme « Beyonce Coulibali », l’artiste, avec une manière qui lui est propre, se tourne en dérision et prend à partie les marabouts, la mode et l’occidentalisation à outrance. Rien à dire sur l’ambiance à gogo made in Africa avec les déhanchements côté rumba, coupé-décalé et toutes autres formules dansantes dans « C’est dans la joie » chanté avec le comique ivoirien Patson de Jamel Comedy Club.

Ce premier album plein de couleurs a sollicité les featurings d’artistes africains et des stars du Hip hop de renom tels que Youssou Ndour, Salif Keita, Big Daddy Kane, Amadou et Mariam, et aussi Diam’s, Sira, DJ Lewis, Sekouba Bambino, Diabaté, Seun Kuti, Booba, Patson (Jamel Comedy Club), Fally Ipupa, Tiken Jah Fakoly, Viviane Ndour, Gohou (les guignols d’Abidjan), Fou Malade, Popa et Manu.

En mélangeant le Rap à la musique traditionnelle africaine dans ce premier opus, Mokobé veut donner un nouvel air frais au rap et lui apporter un peu de culture, en allant chercher l’inspiration sur ses terres d’origine, ses racines. Pour son premier test solo réussi, cette personnalité respectée de la scène rap en France est rentré au bercail pour se ressourcer afin de faire passer un message d’espoir et surtout casser les préjugés.

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