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MOMO WANDEL : Un Immortel « doyen »

Zacharie Acafou | | Musique

Momo Wandel, roi du swing et de l’impro est né en Guinée (1926-2003). Il créait sa musique sans l’écrire en s’inspirant des chansons populaires. Paré de son saxo, Momo, c’était la bonne humeur incarnée dans un grand  »jazzman » inspiré.

momo wandel

Toujours prêt à souffler dans son vieux saxo desséché et à voyager sur les notes d’une musique qui remplit toute son existence, Momo wandel reste le grand maître des instruments traditionnels africains.

Cet artiste a été le témoin privilégié de l’histoire de l’Afrique contemporaine : il a vécu le temps colonial avec ses orchestres destinés aux bals de blancs jusqu’à l’arrivée de l’indépendance en 1958, où il restera durant 26 ans dans les orchestres nationaux de la révolution guinéenne du président Sékou Touré. Lorsqu’il intègre la troupe du Circus Baobab (premier cirque aérien d’Afrique noire), comme compositeur et musicien, sa renommée traverse enfin l’océan. Il se produira dans de nombreux pays, toujours enthousiaste et plus que jamais passionné.

La rencontre d’un grand réalisateur

C’est en 1992 que Laurent Chevalier, réalisateur et scénariste a rencontré Momo Wandel Soumah lorsqu’il préparait le film l’enfant noir. Ils ont ensuite travaillé régulièrement ensemble se liant d’amitié au fur et à mésure des productions.
Momo Wandel Soumah a l’habitude de la scène et donne à toute sa vie un entrain et une bonne humeur communicatives. Ses pitreries et son rire dénotent un optimisme que les obstacles de l’âge ne sont pas venus compromettre. C’est pourtant à ce moment délicat des dix dernières années de la vie de Wandel que Chevallier, en recherche de musiciens pour le Circus Baobab, le découvre, le soutient et l’accompagne jusqu’à lui faire soigner par des amis chirurgiens sa fracture du col du fémur pour lui permettre de remarcher.

Momo 2

Laurent Chevallier voulait rendre hommage à ce grand homme qu’il a si bien connu. « Cela faisait un moment que je pensais raconter mon doyen africain dans un documentaire. Sa mort, en juin 2003, est arrivée brutalement. Trop brutalement. Il me fallait digérer ça, sécher mes larmes, se souvient le réalisateur. J’étais trop proche de lui pour démarrer ce film tout de suite, j’avais été son complice durant 10 ans…» C’est donc en 2006 que Laurent Chevalier décide  »d’immortaliser » ce grand maître du jazz africain dans un documentaire de 86 minutes intitulé Momo le doyen. Ce documentaire est une mosaïque rassemblant les archives personnelles, moments d’intimité, des documents d’époque et une discussion d’aujourd’hui avec les musiciens. Une approche biographique bourrée d’empathie qui permet de revivre les grands instants de ce talentueux musicien qui n’hésitait pas à dire aux américains « Le jazz est né chez vous, mais moi, je l’ai ramené chez moi en Afrique, car c’est de là qu’a jailli sa source » .

Sorti depuis le 25 avril dans quelques salles parisiennes, Momo le doyen est un bel éloge funèbre, qui met en relief la voix rauque, les impros divines, le talent brute et l’histoire d’une Guinée comptemporaine inspirée d’une musique jazz sans précédent…

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