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Kei José (manager et promoteur culturel résidant en Afrique du Sud) : « Comment j’ai vécu la mort de Zahara… »

Raymond Alex Loukou | | Musique
Kei Jose

Kei José fait partie des rares Ivoiriens à opérer dans la production musicale et le management culturel. Dans un pays où la langue anglaise semble être un obstacle, notre compatriote tient le haut du pavé dans le milieu du showbiz avec à la clé un contrat d’exclusivité avec l’artiste sud-africaine Zahara, très tôt disparue. Dans cet entretien exclusif, il nous donne des informations relatives au monde artistique sud-africain et livre des détails sur la mort de l’icône de la musique sud-africaine. Suivons-le…

Veuillez-vous présenter à nos lecteurs ?

Je m’appelle José Kei, Ivoirien. On m’appelle communément Farlex par mon pseudonyme. Je suis un promoteur africain des arts, de la culture et du sport en Afrique du Sud où je réside.

Depuis combien de temps êtes-vous dans le management culturel ?

Je peux dire que cela fait plus de 10 ans que je me suis lancé dans le monde du showbiz en terre zoulou, car j’ai moi-même été artiste chanteur en Côte d’Ivoire après mes études à l’Université de Cocody à Abidjan. En Afrique du Sud, j’ai été l’imprésario d’artistes congolais, ivoiriens, nigérians, camerounais, malawites, ougandais et sud-africains.

En matière de management culturel, quelles sont les opportunités qu’offre l’Afrique du Sud ?

Notons d’abord que l’intégration en Afrique du Sud n’est pas du tout facile bien que cette belle nation soit l’Occident en Afrique. Dans la nation de Nelson Mandela, le professionnalisme est considérable et les artistes vivent pleinement de leur art avec de bonnes structures occidentales mises en place pour mener à bien leur carrière artistique, culturelle et sportive; et cela profite à un grand nombre d’artistes nationaux (sud-africains).

Quant aux opportunités, elles sont suffisantes, mais il faudra que les promoteurs que nous sommes et notamment avec les autorités de nos différents pays africains, créent un pont culturel. L’avantage de la coopération renforcée dans le domaine artistique, culturel et sportif avec l’Afrique du Sud peut mener à bien notre noble mission de mécène et d’ambassadeur culturel.

La langue française ne constitue-t-elle pas une barrière dans le développement du management quand on sait que le français est la langue dominante dans l’espace Cedeao ?

Très bonne question. Ce n’est pas facile, mais les artistes et managers d’artistes d’Afrique francophone s’efforcent également de nos jours d’apprendre la langue de Shakespeare (l’anglais) pour mener avec succès les carrières internationales d’artistes dans divers domaines et vice-versa pour la partie anglophone qui apprend également la langue de Molière (le français).

Dieu merci, je n’ai aucun problème dans ce domaine. Il faut savoir que la technologie a aussi beaucoup évolué et qu’il existe de nombreux canaux de communication qui permettent de mieux comprendre les différents échanges dans différentes langues officielles.

Vous avez été manager de la célèbre chanteuse sud-africaine Zahara. Comment s’est faite votre rencontre ?

(Il fait une pause, la tête baissée). À noter que je travaille dans l’événementiel en Afrique du Sud depuis de nombreuses années où j’organise des spectacles et des dîners de gala. En 2015, nous avons invité la star mondiale Zahara à venir jouer en live lors de notre dîner de gala. Cette date tombait également sur le jour de l’anniversaire de l’ancien Président du Zimbabwe, Son Excellence Monsieur Robert Mugabe (paix à son âme) qui l’avait invitée.

Je lui ai donné mon OK. Depuis ce jour, nous sommes devenus de très bons amis même si je l’avais rencontrée les années précédentes. Je lui ai ensuite proposé des shows privés en Afrique francophone et ailleurs. En novembre 2022, lors de notre dîner de gala dans l’une des belles villes portuaires d’Afrique du Sud, Durban, mon patron Dosso m’a demandé d’inviter Zahara car elle était intime avec moi. Les autorités francophones et d’ailleurs l’ont réclamée à l’unanimité afin qu’elle vienne faire le show de Durban.

Après l’émission de Durban devant un public nombreux, la légende sud-africaine, satisfaite de mes prestations, a accepté que ma structure « Afrik’ES TV+ » fasse partie de son équipe de direction pour toute la zone francophone. Cela a abouti à un contrat en présence de mon avocat à son domicile où nous étions tous heureux. J’ai apporté ma contribution à l’organisation de ses derniers concerts live avant qu’elle ne quitte ce monde.

La star mondiale Zahara et moi préparions beaucoup de grands projets pour relancer sa carrière internationale avec un nouvel album inédit (dont j’ai certains bons titres en mémoire) en Afrique francophone et dans le reste du monde. Nous projetions qu’elle fasse des duos (featurings) avec Tracy Chapman, Adèle, Angélique Kidjo, Alpha Blondy, Patrick Bruel, Youssou N’Dour, Monique Seka, etc.

Hélas ! Tout ce que Dieu fait est bon. J’étais dans l’organisation de ces derniers spectacles. Que son âme repose en paix. Nous devons continuer de l’aimer et ses œuvres sont toujours disponibles sur différentes plateformes car un artiste ne meurt jamais.

Organiser un spectacle dans un pays qui n’est pas ton pays d’origine a-t-il été facile ?

Tout n’est pas facile ici ! Toutes les installations pour les activités culturelles et sportives sont là avec de grandes et belles salles, ainsi que de grands et beaux stades de sport. Je peux vous dire que ce n’est pas du tout facile. Nous travaillons sans relâche becs et ongles pour avoir des soutiens et des sponsors car ici, les nationaux passent avant tout, ce qui est largement normal pour le développement de leur pays. Mais je peux vous dire que nous faisons encore de bons progrès, ce que saluent les Sud-Africains et leurs autorités. Ils m’apprécient énormément grâce à mes projets et activités.

Il semble que la star était d’une simplicité légendaire. Vous qui l’avez côtoyée, qu’en est-il exactement ?

C’est exact ! La légende sud-africaine Zahara était très simple. Zahara m’appelait très souvent et cuisinait pour moi lorsque je lui rendais visite. Je peux vous dire que cela fait partie de la culture des anglophones, la disponibilité à écouter les autres et à leur accorder de la considération quand on a de bonnes choses à partager.

Rencontrer une autorité ou une star ici, ce n’est pas du tout difficile comme chez nous en Afrique francophone avec de nombreuses barrières inutiles. Une anecdote : J’ai contacté le staff d’un artiste de mon pays, la Côte d’Ivoire, pour un featuring avec Zahara. Il m’a signifié qu’il était occupé, pourtant en Afrique australe où Zahara est une légende, sincèrement, on ne le connaît même pas ici, en Afrique du Sud et en Afrique australe.

Zahara et les autres artistes sud-africains sont tous simples dans l’ensemble et disponibles quand vous apportez des choses utiles. Nous devons tous grandir sans mettre la politique partout, surtout dans les activités des arts, la culture et le sport.

Beaucoup de rumeurs ont circulé sur son décès. De quoi est-elle morte exactement ?

Laissez les ragots car j’ai entendu beaucoup de mensonges sur la vie et la mort de la grande artiste Zahara. L’auteure du hit « Loliwe » Zahara est décédée dans un hôpital de Johannesburg, en Afrique du Sud, où elle est restée deux semaines pour des complications hépatiques.

À cette époque, j’essayais de la joindre par téléphone mais c’était impossible à cause des restrictions familiales et de l’hôpital. Sa mort laisse un grand vide dans le milieu du showbiz africain et dans le reste du monde. J’en ai pris un grand coup dans mes activités en terre zoulou après l’éternel départ de la légende Zahara.

Êtes-vous à la recherche d’un autre oiseau rare ?

Oui, j’en recherche car il y a beaucoup de talents partout en Afrique. Les nouveaux jeunes artistes qui arrivent vont devoir se mettre au travail comme Josey, Samy Succès, Roseline Layo, Didi B, KS Bloom, Adyssa, etc. Ils doivent composer des textes compréhensibles et de sensibilisation et avoir en eux une envie de vouloir embrasser la carrière d’artiste comme un métier. Ici, avec les structures qui les accompagnent, les artistes vivent de leur art.

Que pouvez-vous dire à ceux qui voudraient explorer le showbiz sud-africain ?

Précisons tout d’abord que le showbiz sud-africain n’est pas facile à percer, mais que lorsque votre musique est acceptée, vous pouvez faire de nombreuses tournées en Afrique australe. La porte est ouverte à tous ceux qui souhaiteraient également mener une carrière internationale en Afrique du Sud.

Ces artistes doivent commencer à jouer dans des festivals pour se faire connaître et faire des duos avec des artistes renommés ici. Il est également important d’avoir aussi un relais au niveau managérial en Afrique du Sud pour poursuivre leur carrière internationale dans le pays de Mandela.

Votre mot de fin.

Je salue tous les Africains en général et en particulier ceux de mon pays, la Côte d’Ivoire. Notons également que  j’ai de bonnes propositions pour le Burida et les autorités du Ministère de la Culture et de la Francophonie de mon pays, la Côte d’Ivoire. Je remercie tout le personnel de votre organe qui m’a accordé cet entretien.

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