Lorsqu’en 2018 Snoop Dogg surprend le monde du hip-hop en sortant Bible of Love, un album gospel de 32 titres, beaucoup y voient un tournant inattendu dans la carrière d’un artiste longtemps associé à l’excès, à la provocation et à la culture du cannabis. L’artiste californien affirme alors être un « chrétien né de nouveau » et dit vouloir partager un message d’amour, de grâce et de rédemption.
Mais une question revient avec insistance, notamment chez les croyants : Snoop Dogg a-t-il réellement rompu avec la drogue ?
Une image indissociable du cannabis
Pendant plus de trois décennies, Snoop Dogg a construit une part importante de son identité publique autour de la consommation de marijuana. Dans ses textes, ses interviews et même ses activités commerciales, le cannabis est omniprésent. Il a souvent revendiqué cette pratique sans détour, en faisant presque un symbole culturel.
Cette image rend d’autant plus difficile, pour une partie de l’opinion, l’acceptation de sa démarche spirituelle. Pour certains critiques, la foi chrétienne impliquerait une rupture nette avec ce mode de vie.
Aucune déclaration claire d’un arrêt total
À ce jour, Snoop Dogg n’a jamais affirmé publiquement avoir définitivement arrêté toute consommation de drogue, notamment le cannabis. En novembre 2023, il a annoncé sur les réseaux sociaux qu’il avait décidé « d’arrêter de fumer », après discussion avec sa famille. Toutefois, il n’a pas précisé s’il s’agissait uniquement du tabac, du cannabis ou des deux.
Cette annonce a d’ailleurs été accueillie avec scepticisme, certains médias révélant par la suite qu’elle pouvait être liée à une opération publicitaire, ce qui a entretenu le flou autour de sa sincérité et de sa portée réelle.
Une foi présentée comme un chemin, non une perfection
Face aux critiques, Snoop Dogg a toujours adopté un discours assumé. « Le diable est un menteur. L’église est censée accueillir les pécheurs », a-t-il déclaré, rappelant que la foi chrétienne repose sur la grâce et non sur le jugement. Il insiste sur le fait que Bible of Love n’est pas une démonstration de perfection morale, mais le témoignage d’un cheminement personnel.
L’artiste affirme que sa foi a changé sa manière de parler, de traiter les autres et de réagir à la haine. « Je répondais à la haine par la haine. Maintenant, je réponds à la haine par l’amour », a-t-il expliqué dans plusieurs interviews.
Entre sincérité spirituelle et ambiguïtés publiques
Le cas Snoop Dogg illustre une tension récurrente entre foi et image publique. Pour ses soutiens, son parcours rappelle que la transformation spirituelle est progressive et personnelle. Pour ses détracteurs, l’absence de rupture claire avec certaines pratiques jette le doute sur la profondeur de sa conversion.
Une chose demeure certaine : Snoop Dogg n’a jamais prétendu être un modèle moral irréprochable. Il se présente plutôt comme un homme en chemin, utilisant la musique gospel non pour prêcher la perfection, mais pour orienter vers Dieu et ouvrir le débat sur la foi dans des espaces inattendus.
Un débat toujours ouvert
En définitive, il n’existe aucune preuve publique que Snoop Dogg ait totalement arrêté la drogue, pas plus qu’il n’existe d’élément permettant de nier la sincérité de sa démarche spirituelle. Son parcours continue de susciter débats, critiques et interrogations, à la croisée de la musique, de la foi et de la culture populaire.
Et peut-être est-ce là l’essentiel de son message : rappeler que la foi, pour certains, n’est pas une rupture spectaculaire, mais un chemin semé de contradictions, de luttes et de progrès imparfaits.
Alexandre Martin