ESPOIR 2000 : « Il n’y a aucune appartenance politique dans ce que nous avons fait »
Le ton unique de leur voix magistral a bouleversé et éclairé une jeunesse…Il ont toujours chanté les maux de la société ivoirienne, la souffrance, la paix, la guerre, la politique…le tout enrobé d’un brin d’humour et d’une musique délicieuse excellemment concocté dans leurs albums. S’il est aujourd’hui assez difficile de trouver des chanteurs dont la musique soit toujours plus étentue, plus constamment surprenante et plus heureuse dans la trouvaille, le Groupe ivoirien ESPOIR 2000 a bien trouvé le sécret de son succès. On ne les écoute pas sans passion car il ont su, prodige plus rare, nous donner leur musique à respirer. « Regret »en passant par « Awaléssé » ou encore « Maman », ces chefs d’oeuvre musicaux atemporels qui nous font vite oublier ces nouveaux « concepteurs » qui, sans talent, camouflent par du bruit une musique sensée procurer de la joie aux mélomanes. Présent depuis quelques semaines à Paris pour une série de concerts, Pat Sacko et Valérie( les deux membres du groupe Espoir 2000) ont bien voulu se prêter à nos questions…
Comment va Espoir 2000?
Ca va nous nous portons très bien grâce à DIEU.
Quelles sont les raisons de votre présence dans l’Hexagone?
Pat sacko: A l’initiative de LEADER TEAM à Abidjan qui est une structure de communication qui a pris en charge la célèbre soirée qui est la nuit du Zouglou organisé le 30 Avril dernier à Abidjan et qui a vu la prestation de plusieurs groupe Zouglou ivoirien. Il y’a aussi la structure CBS Production qui a voulu reprendre cette même soirée ici à Paris, nous sommes donc venus ici pour participer à ce festival du Zouglou qui a lieu le 09 Mai dernier à l’espace Chevreuil à Nanterre.
C’est un grand retour du Zouglou dans son ensemble à voir tous ces spectacles organisés tant à Paris qu’Abidjan.
Valérie: Tu sais par rapport à la crise qu’on a connu au pays, les chanteurs zouglou ont préféré mettre les pas un peu en arrière pour voir et comprendre ce qui se passe devant avant de pouvoir sortir sur le marché.
Pat Sacko: On a même eu à faire des chansons patriotiques pendant cette crise car le marché n’était pas propice à la sortie d’un album. Il y’avait aussi la piraterie qui sévissait dans le domaine des artistes. On a donc mis volontairement un temps mort histoire de voir un peu clair dans toutes ces choses. Bon maintenant que tout semble s’éclairer, on a donc décidé de revenir.
A cette même période, « le coupé décalé » avait aussi pris de l’ampleur. Est ce à dire que ces chanteurs là n’avaient pas peur de la piraterie?
Non mais ça peut paraître frustrant ce que je vais dire mais ils ont quelque part encouragé la piraterie sans le savoir. Ils faisaient que des singles alors qu’en Côte d’Ivoire acheter un single est chose rare. Les gens préféraient donc avoir une compile de plusieurs dj au lieu d’acheter le single original d’un artiste. De compile en compile, la piraterie s’est developpée de cette manière en Côte d’Ivoire. Nous, nous ne venons pas faire un single mais un album complet.
On ne peut pas parler d’un manque d’inspiration donc…
Valerie: C’est ce que j’ai dis tout à l’heure ce n’est pas un manque d’inspiration. Tous les artsites zouglous peuvent te le confirmer on est toujours inspirés. Si tu veux même je peux t’improviser quelque chose de propre tout de suite (l’air sérieux, ndlr). Non mais pour être sérieux on a sorti des albums pour parler de la crise, pour défendre notre pays, pour parler paix entre les différentes populations. C’était notre devoir de le faire pendant cette période de la Côte d’Ivoire.
Avec la sortie de votre dernier album, est ce qu’on peut dire que la piraterie s’est aujourd’hui enrayée en Côte d’Ivoire?
Tu sais aujourd’hui plusieurs mésures sont en train d’être prises. Plusieurs pirates ont été mis en prison sur la base de certaines loi anti-piraterie. Ce phénomène n’a plus une grande ampleur comme à ses débuts.
Ok revenons un peu sur votre dernier album. Dieu y est fort présent…
Nous sommes d’abord croyants à la base. Nous avons sortis cinq album qui ont tous connu un succès. Si ce n’est pas l’oeuvre de Dieu…Il faut vraiment lui dire merci pour tous ses bienfaits raison pour laquelle dans notre dernier album nous l’avons beaucoup évoqué. Et comme le talent est présent, quand nous chantons son nom, nous sommes sûrs que le message passera.
Sortons un peu du cadre religieux et abordons si vous le voulez vos différents scandales dans le milieu du showbiz à savoir le non respect de vos contrats de concert au Cameroun et dans plusieurs autres pays d’Afrique…
C’est une question que j’adore parce que ça me donne l’occasion d’éclaircir beaucoup de choses. Tu sais il est dit dans la bible que « partout où y’a le bonheur, il y’a le diable.Nous n’avons de problèmes avec personnes et depuis plusieurs années que nous sommes dans la musique, nous n’avons jamais eu affaire à la justice. Il y’a des personnes qui veulent profiter de notre succès pour se faire de l’argent et c’est ce que nous vivons hélas avec certains promoteurs pas du tout sérieux. Ce qui s’est passé au Cameroun, il s’agissait d’un jeune promoteur vivant en Suisse où nous étions en 2008 en décembre dernier. Ce Monsieur nous a approché nous faisant croire qu’il est promoteur alors que c’était faux. Il a voulu juste profité du fait que nous étions très connu au Cameroun pour se faire de l’argent sur notre dos. Il nous a dit qu’il nous invitait au Cameroun pour un spectacle, qu’il était propriétaire d’un orchestre et qu’il voulait qu’on joue juste deux chansons en live. Nous avons donc discuté avec Désiré Kouadio qui est notre tourneur, nous lui avons expliqué les faits comme il se doit étant donné que c’est lui qui nous représente ici à Paris. Mais, il se trouve que le Monsieur en question par rapport à son concert au Cameroun a reversé notre cachet à Désiré Kouadio qui lui, ne nous a rien reversé comme argent. Nous lui avons dit clairement que s’il ne nous payait pas, nous ne bougerons pas. Il ne nous a rien payé donc nous ne nous sommes pas rendu au Cameroun. Voilà comment ce promoteur, n’ayant pas compris le problème s’est étalé dans tous les journaux affirmant que ESPOIR 2000 l’avait escroqué. En fait c’est Désiré Kouadio le malhonnête qui l’a escroqué et pas nous. Nous lui avons dit de contacter Désiré Kouadio pour le remboursement de son argent. Tu sais, quand c’est l’artiste qui a raison on en parle pas; mais quand il a tord on en parle et ça fait plus marcher les journaux.
Bon tournons un peu la page des scandales. Si je dis Espoir 2000 et la politique?
Il faut dire que j’ai été un peu déçu de voir certains ivoiriens nous reprocher les chansons qu’on faisait durant la crise. Quand nous chantons, nous apportons un message. La Côte d’Ivoire a été attaquée. Nous avons pris les micros pour dire non à la guerre. Mais « non à la guerre » ne veut pas dire « oui à Gbagbo ». Les gens nous ont collé des étiquettes politiques du parti au pouvoir. Nous ne rentrons pas dans cette logique. Un artiste c’est fait pour dénoncer les maux de la société. Il n’existe pas de pays dans lesquels on loue une rebélion, où on l’apprécie. Nous avons juste pris des micros pour dire non à la guerre et c’est tout. Il n’y avait aucune appartenance politique dans ce que avons fait.
Les rapports entre les femmes et Espoir 2000?
Tu sais, on dit qui aime bien châtie bien. Certains pensent qu’on adore s’attaquer gratuitement aux femmes pour le plaisir. Non! nous donnons des conseils à nos soeurs histoire qu’elles se rangent un peu. Sinon je pense que quand tu n’aimes pas une personne tu ne parles pas d’elle. Nous les aimons c’est pourquoi nous parlons d’elle. Nous ne leur demandons pas d’avoir le comportement de nos mamans mais d’avoir au moins des comportements un peu décents.
Que voulez vous que l’on retienne de vous?
Que nous nous sommes toujours battus pour la promotion de la musique ivoirienne. Tu sais, le Zouglou n’est plus une musique à présenter aujourd’hui. Nous ce que nous recherchons aujourd’hui ,c’est de nous imposer de façon internationale. Nous prenons des contacts, nous frappons à des portes et on se bat pour avoir une Major en France pour nous imposer une bonne fois pour toute.
Coll: Atsé Ncho Debrignan et Niangoran Boni