Dickael LIADE : LE VAVA S’EN VA!
Dans les années 90 apparaît dans le paysage musical ivoirien un rythme jusque là inconnu des mélomanes : Le Polihet. Venu du centre-ouest de la Côte d’Ivoire, le Polihet draine des foules partout dans le pays et spécialement au bar étoile de Yopougon situé dans le plus grand quartier populaire d’Abidjan et de Côte d’Ivoire. Le leader de ce rythme n’est autre que feu Gnahoré Djimi. Le développement du Polihet s’accompagne de révélation de nouveaux artistes parmi lesquels Nahounou Paulin et Dickaël Liadé faisaient figure de proue.
Mais, Dickaël Liadé de son nom à l’état civil Lago Ibo Justin se fait tout de suite remarquer par la profondeur de ses textes et la richesse des thèmes développés dans ses chansons. En témoigne sa discographie impressionnante « il faut des élections », « Démocratie n’est pas la guerre ». Sans doute parce que l’homme a un don particulier qu’il tient de son père lui même artiste chanteur de Tohourou rythme du riche terroir culturel bété.
Dickaël est né artiste. Il ne sera véritablement révélé au public qu’avec sa capacité rythmique et ses jeux de scènes enrobés de chorégraphies spectaculaires. De là naît le « Polihet spectacle » dans lequel il s’illustre à juste titre. Pour enrichir ce rythme, il apporte sa touche personnelle en ajoutant le refrain « vava ». Il est désormais connu et reconnu comme le créateur du « vava » dont il est difficile de définir le sens. Normal, c’est forcément le fruit d’une inspiration artistique insaisissable.
Dickaël Liadé, l’artiste aux parures dignes d’un chef traditionnel africain savait chanter, danser et faire du spectacle. Se débarrasser de ces attributs lors de ses prestations scéniques ne présentait aucune difficulté particulière tant il savait concilier cette allure majestueuse avec l’aisance du danseur. L’artiste aura marqué son temps. Son public revit encore ses pas de danse très rythmés et cette chaleur que dégageait chacune de ses prestations.
Le concepteur du « vava » s’en va avec son son talentueux « vava » dont lui seul détenait le secret. Il entre dans l’éternelle immortalité.
Et la Côte d’Ivoire se souvient d’un de ses ambassadeurs de son riche patrimoine musical traditionnel.
Badjo Dagbo