Découverte : Negus Rasta : ”La dictature finira un jour en Afrique”
Non, ils ne font pas partie de l’élite de la musique reggae qui donne des concert avec à la clé un gros cachet. Ils commencent juste et ont l’intention de se faire un nom en propageant « les liens du son. » De festivals à l’étranger en concerts dans les cafés et autres bars le Negus Rasta trace son sillon.
Ils n’appartiennent pas à l’élite des musiciens locaux qui font des concerts à Metz ou à Nancy avec de gros cachets et des salles qui refoulent du monde. Ils parlent difficilement de ce qu’ils font comme musique. Ils habitent une localité(Longwy) désolée de l’est de la France où il est difficile de trouver un bureau de poste et les seuls paysages à voir sont les hauts fourneaux de la sidérurgie qui ne fument plus depuis les années 80. C’est certainement ce qui m’a poussé à m’intéresser à eux, lorsqu’ils m’ont adressé la parole dans ce café de Metz où j’ai mes habitudes. Lui, Didier Hilt, 28ans, connu comme Disciple H.I.M. est un grand garçon à la barbe abondante et un bandana aux couleurs de la Jamaïque sur la tête. Elle, Stéphanie Liège, la trentaine, dite Empress Nayah , belle brune aux grands yeux à la chevelure florissante sont les membres du groupe Negus Rasta. Ils défendent une idée assez austère du reggae et font souvent preuve de jugement sans appel sur des questions comme la politique en Afrique. »Nous faisons du reggae par amour pour l’Afrique, nous voulons dénoncer la dette qui étrangle le continent, la mauvaise gouvernance, la corruption, la dictature.. et je suis végétarien »
Très déterminés, ils ont fait un album « Les liens du son » à petit budget pour dire ce qu’ils ressentent. Convaincus que la dictature finira un jour en Afrique. Ils font des mains et des pieds pour se faire connaître. En jouant sur des platines dans des bars et autres café de la région. Chez eux, pas question de suivre la tendance en collant aux attentes du marché. « Nous commençons seulement et nous voulons d’abord nous faire connaître. » Aussi participent-ils à des festivals comme se fut le cas à Dorsheim (Allemagne) au festival Bei bingen l’été dernier. Ils ont projet de jouer au cours d’un festival au Canada l’été prochain. Ils veulent aussi prendre faits et causes pour l’environnement en s’associant à d’autres musiciens, mieux ils joueront le 07 novembre prochain dans une la localité de Florange à un concert à but humanitaire pour le Sénégal.
Lorsqu’on leur demande d’où vient leur amour pour le reggae, pour l’Afrique. Ils se regardent avec un air complice, sourient et racontent qu’au départ « je faisais de la batterie dans un groupe de rock et puis j’ai commencé à écouter du reggae et puis c’est venu tout seul. Et puis l’Afrique c’est le continent du rastafarisme. » déclare Disciple HIM qui en fait est le parolier du groupe. Rien que ça ? « Nous abordons les thèmes classiques du reggae défense des plus faibles, amour du prochain en évitant de parler de sexe. » Pudibonderie ou puritanisme ? « Non, simple question de respect de la femme. » tranche –t-il.
« Sans doute cela est lié à mon enfance »(sic), vient à la rescousse Empress Nayah. De fait, elle a vécu au Zimbabwe toute jeune avec ses parents à l’âge de six ans. De son père qui travaillait dans le tourisme en Afrique australe, elle parle avec admiration, puis une teinte de tristesse assombrit ses grands yeux bruns, lorsqu’elle évoque ce Zimbabwe où des pressions politiques ont exproprié son père après l’indépendance. « C’est une époque terrible. Mon père a du fuir en prenant un billet aller-retour comme s’il venait en vacances pour la France et il n’est jamais retourné. Nous y sommes restés jusqu’en 1985. il y a vingt ans maintenant… » Après un silence et un grand soupire, « j’aurais aimé faire ma vie là-bas, mais le destin en a décidé autrement. » Remuant sa longue crinière brune, l’Impératrice poursuit : »le reggae a toujours été là et puis comme j’ai gardé des contacts aves des gens là-bas, cela m’a naturellement mené au reggae quand j’ai rencontré Didier. A la vérité ils sont partenaires à la ville comme ils le sont à la scène. Puis elle s’empresse de préciser qu’elle n’est pas assez pure comme son compagnon qui est voué corps et âme au Rastafarisme. Tandis qu’elle est plus branchée Afrique.
Et, en chœur, ils disent « Nous nous sommes rencontrés dans une boîte de nuit et depuis nousEt, en chœur, ils disent « Nous nous sommes rencontrés dans une boîte de nuit et depuis nous vivons ensemble. Il écrit les paroles, moi je fais les refrains et RAS Lucien Sélecta nous donne un coup de main. (NDRL : Ras Lucien, (48ans) est l’ingénieur du son et un vieux briscard du reggae dans la région. »
Après, cette digression nécessaire, elle revient au pays de son enfance, son paradis perdu : « Nous avions de très bonnes relations avec les employés de mon père. j’ai été traumatisée, choquée lorsque nous avions du fuir pour sauver notre vie ma famille et moi. » Un autre silence et elle repart ; « J’étais heureuse lorsque que le pays est devenu indépendant. Mais aujourd’hui j’ai le cœur en petits morceaux quand je vois ce qu’il fait dans son pays. (il) Robert Mugabé. Il y a un taux d’inflation démentiel, il fait la chasse aux fermiers blancs. Pfff … »
« Non », elle n’a aucune haine contre ceux qui lui ont volé son paradis d’enfance, elle est juste déçue du gâchis dans un beau pays. L’album est en écoute libre sur myspace. Il est bien rythmé, bien fait c’est prometteur.