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ALAIN SAWAYA : « Que se passe-t-il ? Où se cache-t-il ? »

Atse Ncho De Brignan | | Musique

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Producteur, Auteur, Compositeur, Arrangeur, Ingénieur du son, Interprète, Alain Sawaya a plusieurs cordes à son arc. Né à Bamako (Mali) en 1965, Il y a vécu 14 années avant de partir pour la Cote d’Ivoire avec sa famille. C’est dans ce pays qu’il se révèle au public ivoirien en tant qu’animateur sur Fréquence 2, la 2è chaine de radio. Aujourd’hui l’ancien propriétaire du Studio Séquence fait la navette entre Abidjan, Paris et Beyrouth. Votre magazine préféré 100pour100culture l’a rencontré pour vous. Entretien !

Comment doit-on vous présenter à nos internautes ? Alain Sawaya : Producteur, Auteur, Compositeur, Arrangeur, Ingénieur du son, Interprète ? Lequel préférez-vous ?
Je n’ai pas de préférence puisque je suis tout ça à la fois !

Qu’est devenu Studio Séquence que vous avez créé avec feu Marcellin Yacé ?
Petite précision : je n’ai pas créé le Studio Séquence avec Marcellin Yacé. Excusez-moi de ne pas dire « feu » mais je ne me résigne pas à accepter cette idée. Pour moi il est toujours vivant. Pour en revenir à votre question, j’ai créé « Séquence » seul mais j’ai eu à faire très vite de nombreuses productions avec Marcellin, d’où la confusion.
Le Studio n’existe malheureusement plus aujourd’hui car je l’ai fermé pour cause de mauvaise gestion. Je l’avais confié consécutivement à deux gérants car je commençais à voyager beaucoup pour des travaux en dehors d’Abidjan et je n’avais donc plus le temps d’y consacrer l’attention et le professionnalisme nécessaire. Mais aucun d’entre eux n’a été à la hauteur.

Que gardez-vous comme souvenir de votre passage à la radio « Fréquence 2 » de Côte d’Ivoire ?
Une des plus belles expériences de ma vie ! J’ai été comblé tant professionnellement qu’humainement ! Animer me manque d’ailleurs beaucoup et mon public encore plus. Je les salue d’ailleurs au passage s’ils lisent cet article.

Lors de votre passage à cette radio, certains artistes vous reprochaient de jouer uniquement les morceaux des artistes ayant enregistré dans votre studio et pas d’autres, que répondez-vous ?
Je n’avais jamais eu vent de cette rumeur ! Bien au contraire ! Le seul critère que j’appliquais pour diffuser tel ou tel Artiste était la qualité de son œuvre ! On venait d’ailleurs souvent me voir à l’antenne pour me proposer des « enveloppes » afin que je diffuse tel ou tel titre. Inutile de préciser que j’ai toujours refusé.
Pour moi le talent, la qualité d’un travail bien fait et surtout le respect de mes auditeurs ne s’achètent pas. Par contre il est vrai que certains Artistes craignaient de m’aborder en se disant « il ne va pas diffuser mon titre parce que je ne l’ai pas enregistré chez lui », mais c’était complètement faux ! La preuve : certains d’entre eux osaient le faire et on vu que je diffusais leur œuvre quand elles correspondaient aux critères que j’ai cité plus haut.

Vous n’êtes plus  très présent à Abidjan, ces derniers temps. Où résidez-vous et qu’est-ce que vous y faites ?
Depuis trois ans, je ne fais que passer brièvement par Abidjan (je ne peux pas m’en passer !). Je suis installé au Liban, mon pays d’origine, que je ne connaissais pas vraiment et je fais pas mal de va-et-vient entre l’Europe, les USA et bien sur l’Afrique en général.
Cela est dû au fait qu’il y a 3 ans, lors d’un bref passage au Liban pour des raisons familiales, j’ai été contacté par un artiste connu de la place qui m’a commandé une dizaine de chansons. J’ai donc dû prolonger mon séjour : j’avais prévu un séjour d’un mois, j’y suis resté plusieurs mois d’affilée !
Et, sur place, les choses se sont enchaînées : plusieurs Artistes m’ont contacté après écoute de mes réalisations, et ont souhaité collaborer avec moi. D’où mon échec de maintenir Séquence « en vie ».
Hormis mes diverses collaborations artistiques, j’en ai profité pour monter, avec trois amis, dont Stéphanie Farhat, une petite société spécialisée dans le « Contenu pour Mobile » et les créations de concepts divers ainsi qu’une boite de production musicale.

Vos va-et-vient, je dirai même vos balades dans de nombreux pays ressemblent à ceux de quelqu’un qui est en quête d’une stabilité ou bien de quelqu’un qui ressent un manque dans son pays. Qu’est-ce qui manque au pays que vous allez chercher chaque fois en Europe ou au Moyen Orient ?
Absolument rien, au contraire ! C’est que je viens de dire plus haut ! Je ne peux pas me passer de la Cote d’Ivoire, et je continue d’ailleurs à la défendre et à en parler plus que mon pays d’origine, et ce, à la moindre occasion, car elle m’a donné plus que quiconque m’a jamais donné de ma vie. Mon chemin actuel, (mes va-et-vient ou balades), comme vous dites est tracé par mes diverses rencontres, simplement. Aujourd’hui je suis au Liban, comme hier j’étais en Cote d’Ivoire, comme demain je serais peut-être en Chine ou en Russie, qui sait ?

Vous êtes maintenant basé au Liban, alors que faites vous concrètement dans ce pays ?
Je compose, j’arrange, on fait appel à moi en tant qu’ingénieur du son sur certains projets, en tant que conseiller artistique sur d’autres, j’ai monté mes boites (voir plus haut) qui s’appellent « ASWAT » (pour la création de concepts multimédias) et « BOOM PROD » pour la production d’artistes. Je crois que ça fait pas mal de choses concrètes non ?

Vous êtes né à Bamako, au Mali où vous avez vécu 14 ans et également passé plusieurs années en Côte d’Ivoire, vous avez des parents libanais, n’êtes vous pas à la recherche d’une identité ?
A l’ère de la mondialisation, du mélange des cultures tous azimuts et de mon parcours personnel, comment voudriez-vous que je me considère comme étant de telle ou telle nationalité uniquement ? Impossible ! Je suis Libanais d’origine, mais Malien de naissance et Ivoirien d’adoption. A vous de me catégoriser si vous le pouvez !

Donc, ce sont là les activités qui vous retiennent dans ces pays ?
Oui forcement ! Lorsque l’on s’engage à créer quelque chose que l’on veut solide et professionnel, il faut bien y consacrer toute son énergie. J’espère bientôt pouvoir me libérer un peu plus et revenir plus fréquemment à Abidjan.

Vous avez sorti « Virus », votre album solo, comment se comporte-t-il, vu le titre phare qu’est « Young Girl » ?
Il se comporte bien. J’en ai signé la distribution avec EMI. Il a longue vie semblerait-il, puisqu’il continue d’être acheté un peu partout à travers le monde. Je ne l’ai pas encore sorti en Cote d’Ivoire pour la simple et unique raison que j’ai envie d’y être pendant un bon bout de temps afin d’y assurer la promo. Cependant, pour ceux qui le souhaite, ils peuvent l’écouter sur : www.myspace.com/alainsawayamusic

À qui est dédié ce titre « Young Girl », à votre fille ?
Pas du tout ! Écoutez bien les paroles, elles sont assez « explicites » je dirais, et pas du tout adressées à ma fille !

Vous avez parlé tout à l’heure de Stéphanie Farhat. Qui est-elle pour vous pour qu’on la retrouve très souvent à vos côtés dans la collaboration de vos albums ?
Stéphanie est une amie très proche avec qui je collabore sur tous mes projets depuis quelques années. C’est mon auteur fétiche et en même temps ma muse. Nous nous complétons complètement artistiquement.
C’est aussi une artiste de talent, Auteur/Interprète. Je lui ai composé entièrement son premier album « Into the Circle »  qui a été également signé par EMI et que vous pouvez aussi découvrir sur : www.myspace.com/stephaniefarhatmusic
Elle a d’ailleurs écrit plusieurs des titres de mon album « VIRUS ».

Vous qui voyagez beaucoup et côtoyez de nombreux artistes à travers le monde, que faut-il aux artistes africains en général pour conquérir le monde avec leurs genres musicaux ?
Il y a un créneau pour tout genre musical à travers le monde et certains artistes africains tels que Alpha Blondy, Magic System ou encore Manu Dibango (pour ne citer qu’eux,) nous l’ont bien prouvé.
La question serait plutôt : que faut-ils aux artistes en général pour conquérir le monde ? Alors là, je répondrais : de la passion, du professionnalisme, du courage, de la chance et beaucoup de patience. Le talent étant bien sûr un des éléments fondamentaux.
Nous comptons d’ailleurs, dès que notre société (et je parle ici de BOOM PROD) sera bien implantée, contribuer à essayer de faire briller certains artistes Ivoiriens à l’international. Je vous en reparlerai en temps voulu. N’oublions pas que la musique africaine fait partie intégrante de moi, et on en retrouve d’ailleurs ses essences dans plusieurs des titres de mon album VIRUS. Le contraire ne pourrait être. La fusion que je cherche à créer dans ma musique est justement un mélange de tout ce que je suis et l’Afrique y a la part la plus importante. Ce mélange de cultures et les innovations artistiques que je développe, sont les raisons pour lesquelles de plus en plus d’artistes de tous horizons font appel à mes services.

Alors à quand le retour d’Alain Sawaya en Côte d’Ivoire et quels sont vos projets ?
Très bientôt je l’espère. Pour les projets : Et bien j’en ai déjà cité pas mal et comme on le sait, un artiste ne pouvant pas s’empêcher de créer, je suppose que beaucoup d’autres m’attendent déjà sur ma route

Votre mot de la fin !
Merci à vous De Brignan pour cette interview. Depuis la dernière interview que j’avais accordée à Thomas Makaya sur ONUCI. Fm, il y a un moment de cela, je reçois beaucoup de mails et de coups de fil me posant le même genre de questions. Elle tombe donc très bien car elle me permet de « centraliser » un peu les nouvelles me concernant et comme vous l’avez vous-même constaté au travers de mes réponses, je ne me cache pas, je travaille !
Je souhaite également, avant de vous rendre le clavier (!) saluer tous mes amis proches ainsi que mes collaborateurs d’Abidjan : je ne les oublie pas.
Les gars on se re-djo bientôt !