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Abdou Day Nom : Rebelle Prénom : Révolté

Abissiri Fofana | | Musique

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Dans la cité presque délabrée à cinq minutes de Metz où il vit personne ne sait rien de lui. Personne ne sait où il habite. Tant sa discrétion est légendaire. Et pourtant, Abdou Day n’est pas du genre à passer inaperçu. Ses dreadlocks sont si fournis et longs que rien de sa profession ne saurait induire en erreur le plus bête des mélomanes.

« Cela est voulu. Je préfère que l’on me juge sur mon travail que sur mon physique. » dit –il. Figure du show-biz messin, Abdou Day est un artiste complet. Il gère tout. La production de ses albums, la distribution, la promotion et met un point d’honneur à être des festivals d’été ou des concerts reggae de la ville où de la région. « rien à Metz n’est fait pour faire la promotion de l’art en particulier, a fortiori de l’underground, tout ici est une affaire d’élites. » assène -t-il.
De fait, de Woippy où il vit à Metz, peu de personnes connaissent l’engagement d’Abdou Day pour la musique, et pour son prochain.

Cet engagement qu’il tient certainement de son père, ancien footballeur malgache qui après un séjour mitigé s’en retourna sur son île pour vaquer à d’autres préoccupations. Tellement deçu de la métropole. Rebelle, était le père, rebelle est devenu le fils. Rebelle, Abdou Day décline son identité : « Nom : Rebelle, Prénom : Rebelle. Statut : Artiste compositeur et révolté. Race : la race des tombés qui veulent se relever. Religion : aucune, a part celle de la fraternité et la liberté. »

« Liberté », le mot est lâché comme le titre de son album
« Libre » déjà vendu à quatre mille exemplaires, et cette volonté de ne jamais baisser les bras en dépit des difficultés du moment et des humeurs changeantes du show-biz messin inexistant. Volonté de fer et caractère trempé hérité d’un père qui de tout temps a été une espèce de porte flambeau de la lumière dont parle Platon dans le mythe de la caverne. N’avait-il pas en son temps déjà apporté « le miroir du foot » un magazine parlant de Platini et de Diego Maradona aux autres pour les tenir informer de l’actualité du sport ? A défaut de changer le monde, il voulait donner à ses concitoyens un peu de bonheur à travers le football. Lui qui a tant été déçu de la France Métropolitaine.

Son fils apparemment veut relever le défi de cet échec. C’est ainsi, qu’un jour de 1989, il vient en France. Le but avoué ? Faire des études. L’homme propose, Dieu dispose, et la musique impose. La musique donc, s’imposa à Abdou Day comme un appel à retourner à ses racines. N’avait-il pas l’habitude à l’âge de quatre ans et neuf ans de chanter pour imiter sa mère lors des « Tromba » musique traditionnelle malgache? N’avait-il pas déjà réalisé un clip sur sa première composition musicale au titre évocateur comme pour dire l’écartèlement dont il souffre en France ? « Who are you ? » Toujours cette démarche platonicienne du connais-toi, toi-même et tu connaîtras le reste de l’univers.

Depuis, de l’eau à couler sous les ponts et Abdou Day est devenu un homme. Il se connaît. Il veut juste parler au nom des autres. « Je crie au nom du chanteur, du poète, de l’artiste réduit au silence parce qu’un système injuste l’éloigne de la créativité et le réduit au chômage. » Scande-il en secouant ses dreadlocks. C’est bientôt l’été et un passage du côté de Metz ou de Nancy pour voir Abdou Day ne serait pas en pure perte.

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