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Un lundi au bord du Lac Victoria

Honore Essoh | | Mode

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Lorsqu’on est en vacances, même lorsqu’elles sont « volées » et très courtes, on perd la notion des jours. Mais aujourd’hui comme pour prendre une revanche sur ces lundis stressants et fous, ma mémoire me rappelle ce jour. Installé au bord du plus grand lac d’Afrique, je savoure par tous les sens, ce lundi que des travailleurs (comme moi) et des élèves redoutent tant. 

Eh oui, la beauté du Lac Victoria, n’émerveille pas que par les yeux. A peine descendu de la voiture de Walter, un sympathique chauffeur de taxi, la douce brise de Madame Victoria me caresse comme pour me dire Karibu (bienvenue dans le Kiswahili national).

J’entends à peine les commentaires enflammés de Walter sur l’hôtel Kiboko Bay (Baie des Hippopotames). Ce complexe adossé au lac m’a été recommandé par mon compagnon. Je suis pressé de voir, sentir, toucher, goûter à cette merveille qui fait la fierté et le bonheur du Kenya, de l’Ouganda et la Tanzanie.

Au fur et à mesure qu’on avance à l’intérieur de l’hôtel, traversant réception, salle à manger et petite terrasse, les frissons que me procure la délicieuse brise augmentent. Quelques petits mètres de plus et je l’aperçois. Elle est là, Lady Victoria, vêtue d’une majestueuse robe bleue. Sa respiration est paisible comme ses jolies petites vagues. Des oiseaux, au moins trois espèces différentes, sans doute à la recherche de poissons la chatouille par moments. Mais elle reste sereine. Sur sa rive kenyane, où je suis, s’étend la ville de Kisumu. C’est la capitale de l’Ouest du pays, la région qui a été le plus affectée par les récentes violences post électorales. Un coup dur pour le secteur touristique, l’un des piliers de l’économie du Kenya.

Je suis entre temps redescendu sur terre pour passer ma commande. J’avais presqu’oublié que j’étais aussi là pour déjeuner en attendant mon avion et d’autres réunions à Nairobi. Je cède sans grande résistance au « Tilapia fait maison venu fraîchement du lac » selon le serveur.

Il est vrai que du fait du documentaire sur le Lac Victoria Le Cauchemar de Darwin, de Hubert Sauper j’avais revu mes illusions à la baisse mais je ne suis nullement déçu d’être là. La clarté de l’eau n’est peut être pas celle qu’on a dans les guides touristiques et les oiseaux sont moins nombreux, mais l’atmosphère est extraordinairement apaisante. Mon tilapia est entre temps arrivé, assez frais et surtout délicieux. Je le déguste sous un arbre à quelques mètres d’une famille d’Européens qui s’installe. Nous sommes les seuls clients de l’hôtel, crise oblige.

Quelques minutes s’écoulent et Walter apparaît avec un large sourire, content d’être à l’heure et même en avance de 5 minutes. Mon avion pour Nairobi décolle sous peu et c’est déjà la fin de ce rêve. Je n’aurai pas l’occasion de visiter en bateau les îles du lac ou le sanctuaire des oiseaux que propose l’hôtel. Ou encore de voir les hippopotames venir se prélasser sur la rive en fin de journée. C’est dommage, mais ce lundi restera inoubliable et je ne peux que dire Webale (merci en Luo, la langue la plus parlée dans la région) à Madame Victoria.

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