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IMANE AYISSI, PROMOTEUR DU TISSU AFRICAIN, SAUF DU WAX

Danielle YESSO | | Mode

Imane Ayissi, créateur d’origine camerounaise est le premier ressortissant sud saharien à présenter sa collection de haute couture à Paris. Il met en avant les tissus artisanaux purement africains, et refuse d’utiliser le wax.

« J’ouvre la voie pour l’Afrique (dans le luxe), c’est une page de la mode qui est en train de s’écrire autrement », déclare Imane Ayissi, 51 ans, ancien mannequin et danseur sélectionné pour rejoindre le cercle très fermé des grandes maisons du calendrier officiel de la haute couture parisienne. Lors de son défilé jeudi dernier, le styliste a fait découvrir des savoir-faire africains peu connus : des tie and dye teints au Cameroun ; des kente, tissages traditionnels de l’ethnie Akan, que l’on trouve au Ghana et en Côte d’Ivoire et portés à l’origine par la noblesse; de l’obom, une peau végétale produite à partir d’écorces d’arbres qui va décorer des tenues du soir.

La collection est baptisée « Akouma » ou « richesse » pour « célébrer ce qu’on peut avoir » dans la vie du point de vue aussi bien financier que culturel. Le styliste utilise une technique particulière qui consiste à « prendre des choses moins nobles et à les rendre nobles », comme transformer du raphia, une matière sauvage, en une cape rose chic qui se porte sur une longue robe en soie assortie. Son tabou, c’est le wax, ce tissu inspiré du batik indonésien, industrialisé en Europe et adopté par l’Afrique, continent auquel il est largement associé et qui passionne les stylistes jusque dans la haute couture. « De nos jours, dès qu’on parle de la mode africaine, c’est le wax qu’on met à l’avant, c’est dommage, cela tue le patrimoine africain », estime Imane Ayissi. « On a commencé à porter le wax à l’époque des colons. »

« L’Afrique a mieux à montrer et a ses propres tissus que le monde entier doit découvrir et connaître », martèle-t-il. Il privilégie les teintures naturelles et le coton bio. Le fil, acheté en France, est tissé en Afrique. « Si on les achète sur place, ils arrivent des pays d’Asie et ne sont pas forcément bio. C’est coûteux, mais c’est un choix ». Avec son atelier basé dans un appartement à Paris, Imane Ayissi ne se sent «ni créateur français ni africain », même si les deux cultures l’ont fortement « enrichi ».

 

Danielle YESSO