Halima Aden a quitté le mannequinat en novembre dernier : voici les vraies raisons
Halima Aden ( 23 ans), considérée comme le top model pionnière portant le hijab ou le premier mannequin hijabi à figurer en couverture du magazine Vogue, a mis un terme à sa carrière de mannequinat, il y a deux mois. Elle estime que le mannequinat est incompatible avec sa foi musulmane.
Halima Aden n’est plus mannequin. En novembre dernier, le premier top model à porter le hijab a pris la décision de quitter l’industrie de la mode. La jeune dame de 23 ans juge le mannequinat incompatible avec sa religion musulmane. Dans une longue interview accordée à BBC Global Religion, elle raconte l’histoire complète de son départ, comment elle est devenue mannequin et comment elle a pris la décision de partir.
En tant que mannequin portant le hijab, Halima était sélective dans ses vêtements. Au début de sa carrière, elle emportait une valise remplie de ses propres hijabs, robes longues et jupes à chaque séance de photos. Elle a porté son propre hijab noir uni pour sa première campagne pour la « Fenty Beauty » de Rihanna.
Cependant, elle était habillée, le fait de garder son hijab pour chaque tournage n’était pas négociable. C’était si important pour elle qu’en 2017, lorsqu’elle a signé avec IMG, l’une des plus grandes agences de mannequins du monde, elle a ajouté une clause à son contrat, stipulant qu’IMG s’engageait à ne jamais le retirer. Son hijab était très important pour elle.
« Il y a des filles qui voulaient mourir pour un contrat de mannequinat », dit-elle, « mais j’étais prête à partir si ce n’était pas accepté ». Et ce, malgré le fait qu’à ce stade, personne n’avait entendu parler d’elle – qu’elle était « une moins que rien. »
Mais au fil du temps, elle a eu moins de contrôle sur les vêtements qu’elle portait et a accepté des couvre-chefs qu’elle aurait exclus au départ.
« J’ai fini par m’éloigner et je me suis retrouvée dans la zone grise où l’équipe a laissé mon hijab sur le plateau. », confie l’ex top model Halima Aden, qui vit à St Cloud dans le Minnesota (Etats-Unis) , où elle a grandi entourée d’autres Somaliens.
Au cours de la dernière année de sa carrière, son hijab est devenu de plus en plus petit, accentuant parfois son cou et sa poitrine. Et parfois, au lieu du hijab, elle s’enveloppait de jeans, ou d’autres vêtements et tissus, autour de la tête.
Une autre clause du contrat d’Halima lui garantissait une loge individuelle, lui permettant de s’habiller dans l’intimité de son propre espace.
Mais, elle s’est vite rendue compte que les autres mannequins portant le hijab, qui l’avaient suivie dans l’industrie, n’étaient pas traités avec le même respect. Elle voyait qu’on leur disait de trouver une salle de bain pour se changer.
Elle s’attendait à ce que ses successeurs soient ses égaux, ce qui a intensifié ses sentiments protecteurs à leur égard.
« Beaucoup d’entre elles sont si jeunes que cela peut être une industrie effrayante. Même dans les fêtes auxquelles nous assistions, je me retrouvais toujours en mode « grande sœur », devant saisir un des modèles portant le hijab parce qu’elle était entourée d’un groupe d’hommes qui la suivaient et l’entouraient. Je me disais : « Ça n’a pas l’air bien, c’est une enfant. Je la sortais et je lui demandais avec qui elle était. »
Au nombre des raisons ayant précipité son départ de l’industrie de la mode, s’ajoute la désapprobation de sa mère pour le mannequinat. Très attachée aux principes islamiques, sa mère, dont elle est si fière, désapprouvait sa carrière de mannequin. Sa génitrice la jugeait en conflit avec ce qu’était Halima en tant que personne : noire, musulmane, réfugiée ayant marché 12 jours de la Somalie au Kenya pour une vie meilleure. Halima avance que sa mère l’a toujours encouragée à « trouver un vrai travail. » C’est l’aspect humanitaire de la carrière d’Halima qui a alors permis de convaincre sa mère que cela en valait la peine.
« Il n’y a pas moyen de faire du mannequinat si cela ne comporte pas un élément de restitution. Lors de ma première rencontre avec le DIM, je leur ai dit de m’emmener à l’Unicef », raconte Halima, qui a travaillé, à un moment donné, en tant qu’ambassadrice de l’Unicef en 2018.
Aussi, Halima Aden manifestait le besoin de consacrer plus de temps à sa famille. Comme la demande pour elle dans l’industrie de la mode augmentait, elle passait moins de temps avec sa famille et était loin de chez elle lors des fêtes religieuses musulmans. « Ma carrière était apparemment au top, mais je n’étais pas mentalement heureuse. »
« La première année de ma carrière, j’ai pu rentrer chez moi pour l’Aïd et le Ramadan, mais les trois dernières années, j’étais en voyage. Je prenais parfois six à sept vols par semaine. Ça ne s’arrêtait pas », dit-elle.
La pandémie de coronavirus a tout mis en perspective. Le Covid-19 ayant mis fin aux séances de photos de mode et aux défilés, elle est rentrée chez elle à St Cloud pour passer du temps avec sa mère, dont elle reste incroyablement proche.
« J’étais anxieuse à l’idée de 2021 car j’aimais rester à la maison avec ma famille et revoir des amis », dit-elle.
Arsène DOUBLE
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